Comme la série « De Gaulle, l’éclat et le secret » sur France 2, ces fictions ont évoqué la vie et le mandat des présidents de la Vème République.
Autrefois tabou, la fiction politique s’est peu à peu installée dans le paysage audiovisuel français. Au cinéma comme à la télévision, les parcours des présidents de la Ve République ont ainsi inspiré aux scénaristes de passionnants récits biographiques, mais aussi des brûlots politiques, et parfois même des farces à cheval sur la vérité historique. Retour sur ces fictions françaises qui ont mis en images la vie de nos présidents.
Charles de Gaulle (1958-1969)
Longtemps, la fiction française n’a pas osé s’attaquer au mythe de Gaulle. A cela plusieurs raisons : la difficulté de trouver un acteur crédible pour incarner le Général, mais également celle de s’attaquer au prestige d’un homme considéré aujourd’hui encore comme une figure majeure de notre Histoire, mais à l’action politique contestée.
Ces dernières années, la vie de Charles de Gaulle a pourtant fait l’objet de plusieurs projets biographiques. Tout d’abord à la télévision avec deux unitaires aux ambitions radicalement différentes : Le Grand Charles tout d’abord, porté par Bernard Farcy qui évoque la période d’après-guerre qui précède le retour au pouvoir de De Gaulle ; puis Adieu de Gaulle, adieu, téléfilm plus léger qui dresse le portrait d’un Général vieillissant, en marge des événements de mai 1968.
Cette année, qui marque le cinquantième anniversaire de sa disparition, deux nouveaux projets ont porté à l’écran la vie de Charles de Gaulle : le long métrage De Gaulle avec Lambert Wilson qui retrace les combats menés par le chef de la France Libre pour combattre l’occupation allemande ; et plus dernièrement la mini-série De Gaulle, l’éclat et le secret, récit sur plusieurs décennies de la vie intime et politique de De Gaulle incarné par Samuel Labarthe.
Georges Pompidou (1969-1974)
Seul président de la Ve République décédé dans l’exercice de ses fonctions, Georges Pompidou n’a pas eu l’occasion de terminer son septennat. Est-ce pour cette raison que ce dernier n’est essentiellement apparu qu’en tant que personnage secondaire dans des oeuvres consacrées à son prédécesseur, De Gaulle, l’éclat et le secret et Adieu de Gaulle, adieu notamment ?
Un téléfilm s’est pourtant intéressé à Georges Pompidou et son combat contre la maladie ; intitulé Mort d’un président, cet unitaire met en scène Jean-François Balmer dans le rôle du président mourrant, tandis que son conseiller de l’époque – un certain Jacques Chirac – est, quant à lui, incarné par Samuel Labarthe, décidément spécialisé dans les rôles d’hommes d’État français.
Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)
Le documentaire 1974, une partie de campagne avait dévoilé les coulisses de son accession au pouvoir. Néanmoins le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, premier président de la Ve République défait par les urnes, n’a pas donné lieu à un grand nombre de fictions. « VGE » a néanmoins été incarné par Hippolyte Girardot dans le téléfilm La Rupture, qui revenait en largeur sur les conflits politiques qui ont opposé le président et son Premier ministre Jacques Chirac, incarné à cette occasion par Grégori Derangère.
Bien qu’il n’apparaisse pas dans ce téléfilm, nous serions tentés de citer également l’unitaire La Loi, le combat d’une femme pour toutes les femmes, qui revient sur le combat mené par Simone Veil (Emmanuelle Devos) pour faire voter la loi pour le recours à l’IVG, l’une des réformes phares du mandat de Valéry Giscard d’Estaing.
François Mitterrand (1981-1995)
Élu pour deux septennats, son mandat a été le plus long de la Ve République. En toute logique, François Mitterrand a donc inspiré bon nombre de fictions, tant pour son action politique que pour sa vie personnelle romanesque. Au cinéma tout d’abord avec L’Affaire Farewell, libre adaptation de la vie de Vladimir Vetrov, agent double soviétique pour le compte de la DST ; dans ce film signé Christian Carion, François Mitterrand était incarné par Philippe Magnan.
Deux téléfilms ont également été consacrés à sa présidence : L’Affaire Gordji : Histoire d’une cohabitation, unitaire de Guillaume Nicloux qui évoque les tensions entre le président Mitterrand (Michel Duchaussoy) et son Premier ministre Jacques Chirac (Thierry Lhermitte) ; puis Un homme d’honneur, fiction dans laquelle n’apparaît pas Mitterrand, bien que consacrée à son fidèle conseiller et ancien ministre Pierre Bérégovoy, poussé au suicide après le déclenchement de plusieurs affaires.
Le film Le Promeneur du Champ-de-Mars de Robert Guédiguian dressait le portrait crépusculaire d’un François Mitterrand affaibli la maladie dans les toutes dernières semaines de sa vie ; pour son interprétation saisissante de l’ancien président, Michel Bouquet a reçu le César du Meilleur acteur en 2006.
Enfin, deux autres longs métrages pourraient également figurer dans cette liste, bien que le président Mitterrand n’y apparaîsse pas sous son vrai nom : Les Saveurs du Palais, comédie portée par l’académicien Jean d’Ormesson et consacrée aux relations du président avec la cheffe de l’Elysée Danièle Mazet-Delpeuch (Catherine Frot) ; puis Le Bon plaisir, adaptation du roman éponyme de Françoise Giroud, dans lequel la journaliste revenait par le biais de la fiction sur son aventure avec le président socialiste.
Jacques Chirac (1995-2007)
Il a été interprété à nombreuses reprises et pourtant, ce ne sont pas ses deux mandats qui ont le plus intéressé les scénaristes français, mais les années qui ont précédé son ascension au pouvoir. Qu’il s’agisse de ses débuts en politique comme ministre de Georges Pompidou (Mort d’un président) ou de ses deux passages à Matignon (La Rupture et L’Affaire Gordji : Histoire d’une cohabitation).
Ironiquement, le président Jacques Chirac est essentiellement apparu dans des productions étrangères, qu’il s’agisse du téléfilm The Special Relationship sur l’entente américo-britannique entre Bill Clinton et Tony Blair, ou du long métrage W. : L’Improbable Président consacré à George W. Bush. Sa seule apparition en tant que président dans une fiction française est dans le film La Conquête, qui retrace la campagne menée par son successeur Nicolas Sarkozy (voir ci-dessous) ; Chirac y est incarné à cette occasion par Bernard Le Coq.
Nicolas Sarkozy (2007-2012)
On évitera de relever son « apparition » dans le nanar japonais Guilala’s Counterattack pour mieux se concentrer sur La Conquête ; sorti en 2011, le long métrage de Xavier Durringer revient en largeur sur la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, sa victoire bien entendu, mais également sur sa rupture avec Cécilia et sa rivalité avec le Premier ministre Dominique de Villepin. C’est Denis Podalydès qui prête ses traits au président dans ce film sorti alors que Nicolas Sarkozy était encore au pouvoir, une première pour une fiction politique française !
Un téléfilm l’avait auparavant mis en scène ; intitulé H.B. Human Bomb, cet unitaire diffusé en 2007 sur France 2 revenait sur la prise d’otages intervenue dans une école maternelle en 1993 avec Frédéric Quiring dans le rôle de Nicolas Sarkozy. Bien entendu à l’époque, ce dernier n’était pas président de la République ni même ministre, mais maire de la ville de Neuilly-sur-Seine ; son intervention auprès du ravisseur avait à l’époque grandement contribué à faire s’élever sa popularité auprès du public et des médias.
François Hollande (2012-2017)
Second président socialiste de la Vème république, François Hollande a été élu en 2012 face au candidat sortant Nicolas Sarkozy. Malgré un mandat riche en rebondissements et drames humains, le quinquennat de François Hollande n’a pour l’heure pas inspiré bon nombre de fictions ; citons néanmoins La Dernière campagne, unitaire France 2 prenant la forme d’une pastiche voyant le futur président (incarné par Patrick Braoudé) être coaché par Jacques Chirac (Bernard Le Coq de nouveau) pour déloger Nicolas Sarkozy de l’Elysée (Thierry Frémont).
Notons tout de même le tournage d’un film particulièrement attendu ; intitulé Présidents, ce film d’Anne Fontaine verra deux anciens présidents autrefois ennemis faire équipe pour reconquérir le coeur des français. Jean Dujardin y incarne Nicolas Sarkozy, ou tout du moins un ersatz de l’ancien président, tandis que François Hollande sera campé par Grégory Gadebois.
…et Emmanuel Macron ? (2017- )
Son accession au pouvoir et les premières années de son mandat ont donné lieu à de nombreux documentaires, mais pour l’heure actuellement, aucune œuvre de fiction, au cinéma comme à la télévision, n’a été consacrée au président Emmanuel Macron.
Source: Lire L’Article Complet