- Après l’annulation de son édition 2020, le Festival de Cannes et la mairie de la ville ont organisé un « événement spécial » ouvert au public.
- Prévu jusqu’à jeudi soir, il va proposer quatre films en avant-première, qui font partie de la Sélection officielle de la manifestation.
Joseph Morpelli n’a pas fait le déplacement de Saint-Raphaël. Comme la plupart de ses acolytes, le chef du « gang des escabeaux », ces photographes amateurs qui s’agglutinent d’habitude au pied des marches à chaque festival du film, a séché l’ouverture du « Spécial Cannes », ce mardi soir. « Covid oblige, on nous avait repoussés pendant Canneseries. On s’est bien douté que ça allait être pareil pour cet événement. On n’était de toute façon pas dans l’ambiance », souffle-t-il.
Le cœur n’y était vraiment pas. Le climat actuel est moins à la fête. Pourtant, les organisateurs du Festival de Cannes et la mairie de la ville se sont démenés pour pouvoir proposer cette manifestation « symbolique » organisée pour le public (des invitations sont disponibles en ligne), sur trois journées, après l’annulation de l’édition 2020, en mai, pour cause
de pandémie mondiale.
« Beaucoup plus calme que d’habitude »
Ce « Spécial Cannes » a même tenu bon face au couvre-feu décrété la semaine dernière dans le département des Alpes-Maritimes. Il s’est adapté. Les trois avant-premières programmées en soirée (en plus d’autres séances en journées) ont été avancées d’une heure pour permettre aux spectateurs de regagner leur domicile sans être inquiétés.
Alors ce mardi soir, oui, le tapis rouge était bien là pour accueillir 1.000 personnes (au lieu de plus de 2.300 d’habitude) à la projection d’Un triomphe d’Emmanuel Courcol. Mais il n’y avait pas de nuées de photographes en bas des marches malgré la présence de l’équipe du film. Une poignée d’entre eux attendait les stars à l’affiche, sans Kad Merad, absent ce mardi soir, à l’intérieur du centre de congrès. « Au moins, c’est beaucoup plus calme que d’habitude », ironisait l’un d’eux.
A l’intérieur du Grand auditorium, Pierre Lescure et Thierry Frémaux, qui ont fait ces derniers mois la tournée d’autres festivals où les films de la Sélection ont été présentés, ont levé le rideau. En compagnie du maire de la ville, David Lisnard. « Il était impensable d’avoir une année blanche pour les écrans noirs », lâche l’élu LR.
« On est en train de mourir »
Dehors, autre ambiance. La police municipale positionnée aux intersections des rues et la police nationale qui est en faction au pied des marches avaient la charge d’empêcher les éventuels rassemblements de plus de six personnes. Ils ont été servis. Une manifestation « spontanée », non déclarée en préfecture, s’est formée juste en face du palais peu avant 18 heures.
Une centaine de personnes « des restaurateurs, des gens du spectacle, de l’hôtellerie, des extras » sont venus dire qu’ils étaient « est en train de mourir ». « Plutôt que l’aide de 1.500 euros, on aurait plutôt préféré que le gouvernement donne de l’argent aux hôpitaux pour éviter de nous empêcher encore de travailler le temps de cette deuxième vague », expliquait Arnaud, « sinistré » de l’événementiel, en tête du cortège.
A Cannes et sur toute la Côte d’Azur, le tourisme et surtout celui lié à l’événementiel, qui fait vivre bon nombre d’entreprises, à plonger avec la crise sanitaire. Comme le festival des séries avant lui, il y a quelques jours, ce « mini » festival de Cannes remet un peu de baume au cœur aux professionnels touchés. Même s’il n’arrangera pas vraiment leurs affaires.
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