L’endométriose sera enfin enseignée aux futurs médecins. Si la maladie touche une Française sur dix, son diagnostic est pourtant posé sept ans en moyenne après les premiers symptômes. Un spécialiste liste les signes qui doivent alerter.
Sous-estimée, mal diagnostiquée, l’endométriose reste une maladie taboue. Pourtant, elle touche des millions de femmes en âge de procréer. Elle se caractérise par la présence de l’endomètre, normalement situé à l’intérieur de l’utérus, en dehors de la cavité utérine. Selon EndoFrance, l’association française de lutte contre l’endométriose, le diagnostic arrive souvent sept ans après les premiers symptômes. Quels sont-ils ? Quand faut-il consulter ? Nous avons interrogé un radiologue spécialiste de la maladie.
Des douleurs anormales lors des règles
«Le signe qui ne trompe pas est la douleur intense ressentie lors des règles. Si vous avez mal au point de devoir rester allongée chez vous, de faire des malaises ou de vous absenter de votre travail ou de votre école, il y a de fortes probabilités pour qu’il s’agisse d’endométriose», annonce Erick Petit, radiologue spécialisé et fondateur du Centre de l’endométriose du Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (Paris XIVe).
Selon ce spécialiste, les douleurs menstruelles ne doivent jamais être banalisées. Si elles ne sont pas soulagées avec la prise de paracétamol ou qu’elles sont handicapantes depuis les premières règles, il faut impérativement consulter. «Lors d’un premier entretien nous demandons l’intensité des douleurs à nos patientes, si elles l’évaluent au-delà de 6 sur une échelle de 10, il s’agit d’endométriose», assure le radiologue.
Des rapports sexuels douloureux
«Après chaque orgasme, je sentais comme une crampe sur tout mon utérus, semblable à un coup de poignard, ça m’obligeait à me tordre pendant dix minutes», nous témoignait une jeune femme de 29 ans lors d’un précédent article publié en mars 2016 sur les façons de vivre au quotidien avec l’endométriose. «Si la patiente ressent des douleurs dans le bas ventre lors des rapports sexuels ou juste après, il s’agit d’un signe très fiable d’endométriose», souligne Erick Petit.
Appelée «dyspareunie profonde», cette douleur est parfois sous-estimée car considérée comme normale lors d’une pénétration, alors qu’il n’en est rien. En cas d’endométriose, ces douleurs peuvent aussi être plus aiguës au moment de l’ovulation ou des règles.
L’endométriose, plus en détails
L’endomètre est la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus. À la fin du cycle menstruel, s’il n’y a pas eu fécondation, une partie de l’endomètre (qui se renouvelle constamment) est évacuée avec les menstruations.
L’endométriose se caractérise par la formation, en dehors de l’utérus, de tissus formés de cellules endométriales.
Une infertilité ou des difficultés à procréer
L’endométriose est la première cause d’infertilité chez les femmes. C’est souvent lorsque les couples consultent pour des difficultés de procréation que le diagnostic de la maladie est établi. «Si malgré trois rapports sexuels hebdomadaires, on n’arrive pas à procréer au bout d’une année, il faut regarder du côté de l’endomètre», affirme Erick Petit.
Il existe également d’autres manifestations de cette pathologie, telles que des douleurs ressenties en urinant, comme lorsque l’on souffre d’une cystite, une difficulté à uriner ou à déféquer. «Tous ces symptômes ne sont pas forcément réunis. Cette maladie est polymorphe, c’est-à-dire que chaque malade est différent et que la maladie peut évoluer», souligne le professionnel.
Qui consulter ?
Comment faire alors lorsque l’on présente ces symptômes ? Erick Petit conseille de consulter un gynécologue ou un radiologue spécialisé dans l’endométriose. «Il faut impérativement faire une échographie endovaginale (technique d’imagerie médicale qui consiste à explorer l’utérus et les ovaires à l’aide d’une sonde, NDLR) pour dépister la maladie, mais il faut que le professionel soit formé pour la détecter sur les imageries», rappelle-t-il.
En vidéo, la campagne d’Info-Endométriose avec Julie Gayet
Malheureusement, les centres spécialisés sont encore peu nombreux en France. «2 millions de femmes sont touchées, mais le nombre de médecins formés est insuffisant», se désole le spécialiste. L’association Resendo fournit une liste de professionnels de santé en France pour une meilleure prise en charge des femmes atteintes. La liste n’est pas très longue et les délais d’attente sont plutôt de deux à quatre mois en ville, contre un an dans certains centres spécialisés dans les hôpitaux. La situation pourrait s’améliorer dans les prochaines années, l’enseignement de l’endométriose ayant été ajouté au programme d’enseignement de la médecine depuis cette rentrée.
Pour plus d’informations : www.endofrance.org, www.info-endometriose.fr, www.hpsj.fr, notamment.
*Initialement publié en mars 2018, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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