Bain chaud, tisane, objet connecté, ils sont souvent considérés comme de bons alliés pour trouver le sommeil. Et pourtant, ils peuvent troubler nos nuits. Petit tour d’horizon des faux amis, avec le Dr Philippe Beaulieu, médecin du sommeil.
Le verre de vin au dîner
Après une journée difficile, un verre de vin le soir, c’est la solution à la fois conviviale et à portée de main pour décompresser et s’endormir plus facilement. Mais attention, c’est un faux ami car il détériore la qualité du sommeil. Il augmente les éveils nocturnes et le sommeil est moins réparateur. En outre, l’alcool peut aggraver un symptôme d’apnée du sommeil, cette pathologie due à l’obstruction partielle du pharynx provoquant des réductions du débit respiratoire responsables de micro-éveils. L’alcool peut également augmenter le syndrome des jambes sans repos, des sensations de picotements dans les jambes qui obligent à se relever la nuit.
Le bain chaud
«La baisse de la température centrale du corps est un élément indispensable à l’endormissement» remarque le Dr Philippe Beaulieu, médecin spécialiste des pathologies du sommeil dans le centre de diagnostic et de traitement des maladies du sommeil du CHU Henri Mondor. Or, si vous prenez un bon bain chaud juste avant de vous coucher, la température du corps va augmenter. Il faudra alors attendre que le corps entame un processus de refroidissement, environ 2 heures plus tard. Mieux vaut donc prendre une douche tiède avant d’aller au lit ou opter pour un bain chaud à distance du coucher.
La tisane avant d’aller au lit
Comme le bain chaud, elle augmente la température centrale du corps. Ce qui peut nuire à l’endormissement. Mieux vaut la prendre juste après le dîner ou plutôt tiède avant d’aller se coucher. Si certains actifs contenus dans les tisanes peuvent avoir des effets bénéfiques sur le sommeil, préférez-les en gélules (par exemple la mélisse en cas de problèmes de digestion associés aux troubles du sommeil ou la valériane pour son effet apaisant). Sans oublier que boire une trop grande quantité de liquide juste avant d’aller se coucher peut obliger à se lever la nuit.
Les somnifères
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La prescription d’hypnotiques peut être recommandée par un médecin à court terme face à une insomnie transitoire. Mais leur utilisation prolongée est déconseillée. Somnolence, trouble de la mémoire, modification de l’humeur, les somnifères présentent de nombreux effets secondaires. On sait aussi que le sommeil qu’ils induisent est altéré. Il est moins récupérateur en raison d’une diminution du sommeil paradoxal et du sommeil lent profond. Au bout de quelques semaines, leur efficacité s’amenuise. Ce que l’on sait peu, c’est que le sevrage de somnifères entraîne un rebond d’insomnie. On imagine donc à tort que l’on en a encore besoin pour dormir, alors qu’ils ne sont plus efficaces. Mieux vaut donc consulter dans un centre du sommeil pour étudier avec des spécialistes quelles peuvent être les alternatives à ces molécules en n’oubliant pas les solutions non médicamenteuses.
Les objets connectés
Bracelets, montres ou tout simplement applications gratuites proposent de calculer notre temps de sommeil. « Certes, cet outil peut être une première indication quand on consulte son médecin pour des troubles du sommeil. Mais les données ne sont pas aussi fiables que les enregistrements pratiqués lors d’une polysomnographie, seule véritable « photographie » de notre sommeil« , précise le Dr Philippe Beaulieu.
Ces objets connectés peuvent même quelquefois gêner le sommeil. « A trop le surveiller, on peut créer une réelle pression qui risque de l’abîmer. Si une personne s’aperçoit au réveil qu’elle a dormi 10 minutes de moins que la nuit précédente, elle risque de stresser toute la journée en se disant qu’il faut qu’elle récupère la nuit suivante« , explique le Dr Beaulieu. « Cela va augmenter son anxiété de performance vis-à-vis du sommeil et potentiellement renforcer une éventuelle insomnie. Les bons dormeurs sont justement ceux qui ne se posent pas de question sur leur sommeil. » Car pour sombrer dans les bras de Morphée, il est essentiel de lâcher-prise, tout le contraire de l’utilisation que l’on fait des objets connectés. D’ailleurs, ce sommeil soi-disant perdu est-il du sommeil léger ? profond, paradoxal ? Impossible de le déterminer précisément avec ces dispositifs. Alors attention à cette quête un peu trop obsessionnelle du sommeil parfait grâce aux objets connectés… Elle a même un nom : l’orthosomnie. Mieux vaut utiliser les trackers pour checker et augmenter son temps d’activité physique que de faire une fixette permanente sur son temps de sommeil.
A lire : Dormir sans médocs ni tisanes, des Dr Philippe Beaulieu et Dr Olivier Pallanca, ed. Marabout.
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