Juan Carlos : Corinna, son ex-maîtresse, sort les griffes

A l’heure où la justice espagnole cherche à l’entendre, l’ancienne maîtresse du roi déchu nous a reçus à Londres. Révélations exclusives.

« Corinna est sans pitié et elle sauvera sa peau. Elle est très maligne, elle a des preuves sur tout. Si elle tombe, elle ne tombera pas seule », nous assurait, en mars, une spécialiste de la maison royale. Au cœur de l’affaire, 100 millions d’euros déposés en 2008 sur le compte genevois de la fondation Lucum, au bénéfice de Juan Carlos. Un cadeau de feu le souverain d’Arabie saoudite Abdallah, a expliqué le roi qui, en juin 2012, via un acte de donation, faisait verser 65 millions d’euros provenant de ce compte à Corinna zu Sayn-Wittgenstein. Le procureur suisse chargé de l’affaire, Yves Bertossa, soupçonne que cet argent proviendrait de commissions illégales payées en marge du contrat de construction du train à grande vitesse Médine-La Mecque, remporté, en 2011, par un consortium de douze entreprises espagnoles. En Suisse, une enquête a été ouverte contre Lucum et contre Corinna pour «soupçons de blanchiment d’argent aggravé ». Cette action pénale pourrait rejoindre celle menée par le parquet anticorruption espagnol pour découvrir la répartition des commissions. Corinna zu Sayn-Wittgenstein dément ces accusations. Il est loin le temps où, pour préserver la couronne, elle s’imposait le silence.

Cet entretien, qui s’est déroulé à l’hôtel Claridge de Londres, elle l’avait soigneusement préparé. Perfectionniste, Corinna zu Sayn-Wittgenstein tient à tout contrôler. Surtout son image, qu’elle souhaite lisse, irréprochable, et dont prend soin une nuée d’assistantes. Celle qui disait souffrir d’être « utilisée pour ternir la réputation de la famille royale» se défend.

Paris Match. Vous avez eu une relation avec Juan Carlos de 2004 à 2009. Pouvez-vous nous en parler ?

Corinna zu Sayn-Wittgenstein. C’était une relation très romantique, qui s’est transformée en profonde amitié.

Arrivait-il au roi d’évoquer son mariage avec la reine Sofia ?

Leur mariage avait été arrangé par Franco, alors que, à l’époque, lui était très amoureux d’une autre femme, considérée trop libérale. Dès la naissance des enfants, il y a eu des problèmes. Toutes ces relations extraconjugales en témoignent. Il en parlait ouvertement et allait droit au but quand je l’interrogeais : la reine Sofia et lui avaient un accord pour représenter la Couronne, mais chacun avait sa vie privée. Il m’a confié qu’ils n’avaient pas partagé la même chambre depuis plus de trente ans. Il avait eu une longue relation avec Marta Gaya, dont il est resté proche.

Vous vous êtes donc installée auprès de lui, en Espagne ?

Des centaines d’articles mensongers prétendant que je vivais en Espagne sont parus. Or je n’y ai jamais vécu. On m’a accusée au départ de résider dans un vieux refuge de chasse ayant appartenu autrefois à Franco : pure invention ! On a également menti en affirmant que les contribuables espagnols avaient financé de somptueux travaux de rénovation à mon profit. Le second palais que j’étais censée posséder à Madrid était tout aussi fictif. La maison en question appartenait à un ami très proche de Juan Carlos.

A l’époque, on vous a vue participer à certains voyages officiels. Pouvez-vous nous dire à quel titre ?

J’en ai fait très peu. Le seul voyage officiel auquel j’ai participé était en Arabie saoudite, et je ne voyageais pas dans un but commercial. J’essayais de faire profil bas.

Quelles sont vos activités professionnelles ? Avez-vous bénéficié des relations de Juan Carlos dans votre travail ?

J’ai créé ma société de consulting, Appolonia Associates, en 2004, et elle a commencé ses activités en 2005. J’avais des clients avant même de la monter et ils n’avaient rien à voir avec Juan Carlos.

Avez-vous jamais rencontré ses enfants. Semblaient-ils au courant de votre relation ?

Les enfants savaient certainement que leurs parents vivaient séparés, chacun dans une aile différente du palais, et qu’ils ne se rencontraient que pour des événements officiels. La reine Sofia passait beaucoup de temps en Grande-Bretagne. J’ai notamment rencontré Felipe et Letizia d’Espagne en 2007, lors de la remise des prix Laureus, fondation dans laquelle j’étais engagée. Felipe semblait embarrassé mais Letizia a été absolument charmante. J’étais avec mon fils, qui avait alors 5 ans, et, à son arrivée, le roi l’a serré dans ses bras! Il n’essayait pas de cacher quoi que ce soit. J’ai également rencontré l’infante Cristina et son mari, Inaki Urdangarin, car il avait émis le souhait de travailler pour la fondation Laureus avant d’y renoncer ; ainsi que l’infante Elena, très brièvement, au Portugal. Je n’ai jamais vraiment cherché à les côtoyer, cela me mettait mal à l’aise. J’évitais, autant que possible, d’avoir trop de contacts avec eux.

Confirmez-vous que Juan Carlos d’Espagne a demandé votre main à votre père ?

Fin 2008, il est en effet allé le voir à Berlin avant de m’offrir, début 2009, une magnifique bague de fiançailles. Je l’ai pris comme un gage du sérieux de notre relation, mais je savais que cet engagement ne pourrait pas se concrétiser. J’ai conscience que l’Espagne est un pays très catholique, où l’institution monarchique repose en partie sur l’image qu’elle renvoie. Je n’ambitionnais pas de l’épouser. Je suis une femme moderne, réaliste, qui tient à son indépendance.

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Le roi était comme un père pour mon fils

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La même année, vous perdez votre père et Juan Carlos vous avoue qu’il entretient une autre relation extraconjugale. Quelle a été votre réaction ?

Il était resté très lié avec mon père et l’appelait plusieurs fois par semaine, jusqu’à la fin. Donc, je ne m’attendais pas à cette révélation. J’étais sous le choc. Je suis restée dans cet état pendant des mois. Même si je ne suis pas allée consulter, je pense, avec le recul, que j’ai fait une dépression. La mort de mon père et cette confession m’ont anéantie.

Pour autant, vous êtes restée proche de lui, jusqu’à maintenir ce que vous décrivez comme une “profonde amitié”…

Juan Carlos était comme un second père pour mon fils. Quand les enfants sont impliqués, vous ne rompez pas de façon légère, superficielle.

Début 2010, on lui diagnostique un nodule au poumon et il craint un cancer. Pouvez-vous nous raconter cette période ?

Il était terrifié et je ne voulais pas l’abandonner ainsi. La maladie a renforcé nos liens. Pour la première fois de sa vie, il se sentait vulnérable. Il avait besoin de soutien et se sentait en sécurité avec moi. Il m’a beaucoup parlé de son enfance, raconté combien cela avait été difficile d’être séparé de ses parents pour être élevé par Franco. Il évoquait un sentiment d’abandon. Il se sentait coupable d’avoir trahi son père. Il a aussi évoqué la mort de son frère, qu’il avait tué accidentellement d’un coup de fusil, ce dont sa mère ne s’est jamais remise. Ses filles l’entouraient, mais la communication avec son épouse était très difficile. Elle savait que j’étais là, que je dormais sur un canapé à son chevet. Quand le nodule s’est révélé bénin, j’ai reçu un appel d’un employé du roi me prévenant : “La reine arrive, il est temps de partir.”

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La famille fomentait un coup d’Etat. Ils avaient besoin d’une étrangère pour leur servir de bouc émissaire

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Après cette opération, le roi vous confie ses craintes quant à ce que vous qualifiez de “coup d’Etat interne”. Ce sont des propos lourds de sens… Pouvez-vous les expliquer ?

Il appréhendait ce qui pouvait se tramer dans son dos. Il pensait que certaines forces, au sein de sa famille et dans l’institution, voulaient s’appuyer sur ses récents problèmes de santé pour le pousser à abdiquer. Il a été très explicite en me confiant : “J’ai deux fronts face à moi. Le premier est constitué par ma femme et ses lieutenants : elle est pressée de mettre son fils sur le trône, parce qu’elle a beaucoup plus d’influence sur lui que sur moi. Le second est incarné par Mariano Rajoy [Premier ministre de 2011 à 2018], qui a pour but de me castrer et d’affaiblir la monarchie.” Il était si préoccupé par les complots ourdis contre lui qu’il m’a demandé de trouver un grand médecin, à l’étranger, pouvant confirmer son diagnostic médical et s’assurer que son traitement était approprié. J’ai réussi à trou-ver un ponte de la médecine française et j’ai organisé sa venue à Madrid, en prétendant qu’il était un ami à moi. Ce médecin l’a suivi jusqu’à la fin 2011. Je ne réalisais pas, alors, à quel point les forces en coulisses étaient sombres, puissantes. Mois après mois, la situation familiale se détériorait. La famille fomentait un coup d’Etat et ils avaient besoin d’une étrangère pour leur servir de bouc émissaire. Ils ne pouvaient pas faire cela ouvertement, alors ils se sont servis de moi.

Votre existence a été révélée au grand public en avril 2012, alors que vous accompagniez le roi à cette chasse à l’éléphant, au Botswana, lors de laquelle il s’est brisé la hanche. Parlez-nous de ce voyage qui, en pleine crise économique, a fait scandale…

Le récit de ce voyage a fait l’objet d’une manipulation délibérée. Cette année-là, j’avais beaucoup voyagé et peu vu le roi. Pour célébrer l’anniversaire de mon fils, le 18 février 2012, nous nous sommes réunis à Villars autour d’Alexander en présence de mes deux premiers maris ainsi que de Juan Carlos. Lors d’un déjeuner, ce dernier a évoqué ce safari organisé au Botswana avec son ami Eyad Kayali, Espagnol d’origine syrienne, qui était l’un des principaux conseillers de l’actuel roi d’Arabie Saoudite, le roi Salman, à l’époque prince héritier. Comme cadeau d’anniversaire, le roi a proposé à Alexander de participer à ce voyage. J’étais réticente mais j’ai cédé à la pression. Pendant ce séjour, le roi et Eyad Kayali discutaient des relations hispano-saoudiennes. Alors que nous étions là-bas, le fils de l’infante Elena s’est accidentellement tiré un coup de fusil dans le pied et la reine Sofia s’est rendue à l’hôpital pour le voir. Juan Carlos était furieux, persuadé qu’elle avait organisé cette visite pour que tout le monde remarque son absence. Après son rapatriement, j’ai compris : même s’il ne s’était pas cassé la hanche, les informations sur ce voyage auraient fuité quand même. Le chef des services secrets espagnols, le général Felix Sanz Roldan, me l’a d’ailleurs confirmé : “Nous avons délibérément organisé les fuites sur ce voyage et sur votre présence.” Je ne sais pas à qui ce “nous” faisait référence…

Quelles ont été les conséquences pour vous ?

Cette campagne de fuites méticuleusement organisée, de désinformation, était un cauchemar. Ma réputation s’est effondrée du jour au lendemain, les médias me vilipendaient. Ma famille, mes amis recevaient des appels incessants. J’avais été instrumentalisée et je pense maintenant que le récit de ce voyage était écrit avant même que nous atterrissions à Madrid. Mais, prise dans la tempête, je ne voyais pas tout cela. La première chose que j’ai entreprise alors a été d’assurer au roi et à la Casa Real que je ne ferais rien pour leur nuire. Je me suis engagée, comme ils le souhaitaient, à ne pas contredire publiquement cette fable qui, on le sait maintenant, marquait le début du processus d’abdication de Juan Carlos. Leur plan a marché, je suis devenue leur Wallis Simpson, celle qui a déstabilisé la monarchie et le roi, alors que le véritable mal venait de son premier cercle.

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Les services secrets espagnols m’ont harcelée. Une nuit, un inconnu m’a surpris dans mon sommeil

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Vous dénoncez avoir été surveillée par les services secrets espagnols… Vous fréquentiez un chef d’Etat, n’était-il pas légitime qu’ils s’intéressent à vous ?

Ce n’était pas un intérêt passager. Les mesures de surveillance extrêmes qu’ils ont mises en places ont duré neuf ans. Cela ne me paraît pas conforme aux valeurs d’un Etat démocratique respectueux des droits de l’homme. J’ai rencontré le général Sanz Roldan peu de temps avant le voyage au Botswana, et ce n’était pas une coïncidence. Cette entrevue était étrange. Si j’avais fait fuiter des indiscrétions au sujet du safari, ou menacé de le faire, j’aurais compris ce niveau de surveillance. Je n’ai rien fait de tel. Au contraire, j’ai toujours communiqué les détails de mes déplacements afin qu’ils puissent toujours me trouver, et mes avocats ont été constamment en lien avec eux pour les rassurer.

Vous les accusez de harcèlement. Comment cela se manifestait-il ?

Après ce voyage, j’ai déposé mon fils en Suisse, où il était scolarisé, avant de rentrer chez moi, à Monaco. Mais à cause de la frénésie médiatique, j’ai dû me réfugier chez un ami à Saint- Tropez. Le 23 avril 2012, j’ai pris un vol de Nice à Londres. La Casa Real connaissait mon itinéraire. A l’arrivée, j’ai reçu un message m’informant que des agents de sécurité s’étaient introduits dans mon appartement monégasque. Il s’agissait d’abord de membres d’une société monégasque mandatés par l’Espagne, ensuite d’agents espagnols. Officiellement, leur mission était de me protéger des paparazzis, une version également défendue par le roi auquel j’ai, bien sûr, demandé des explications. C’était d’autant plus absurde que je n’étais pas sur place et que deux consulats sont hébergés dans ce même immeuble à la sécurité renforcée, ce qui rend impossible toute effraction. Ces agents de sécurité se sont installés dans mon appartement et mon bureau. Même mon équipe n’avait pas le droit d’y entrer ! Cette opération a duré environ six semaines. Le but était d’abord de sécuriser les lieux pour les agents espagnols, qui ont ensuite hacké mon ordinateur et ont pu accéder à mes papiers d’identité, mon certificat de naissance, mon permis de conduite, mon passeport… Je garde la conviction que le prince Albert, avec lequel je suis amie depuis que j’ai 17 ans, n’a rien su de la nature de cette opération illégale, perpétrée par des agents étrangers dans son Etat souverain, contre une personne privée résidente de cet Etat. Cela va à l’encontre des droits les plus fondamentaux ainsi que des conventions qui régissent les rapports entre Etats. Dès lors, où que j’aille, ils étaient là. Le 25 avril, en pleine nuit, au Connaught Hotel à Londres, j’ai été réveillée en sursaut : un homme se trouvait au pied de mon lit. Il m’a dit qu’il était là pour m’aider à faire mes bagages : je repartais effectivement à Rio de Janeiro ce même jour. Les agents du CNI [les services de renseignement espagnols] m’ont poursuivie au Brésil. Comment ont-ils su que j’avais emprunté la file diplomatique lors de l’embarquement ? Il fallait être avec moi dans l’avion pour le savoir. Alors que je leur communiquais toutes les informations concernant mes déplacements, ces hommes me suivaient partout de manière agressive. Mes collègues avaient très peur pour moi. C’était horrible.

Avez-vous revu le général Sanz Roldan ?

Oui, à mon retour à Londres et à la demande expresse du roi. Je n’avais pas le choix, j’étais terrifiée. Pouvez-vous imagi- ner ? Voilà un roi qui demande à son meilleur ami, chef des ser- vices secrets, de s’occuper de son ex-petite amie, et il s’exécute ! De telles choses se passent dans les régimes totalitaires, pas dans une démocratie européenne moderne. Donc, j’étais obligée de recevoir le général dans ma chambre d’hôtel. Il m’a confirmé avoir fait fuiter le voyage du Botswana. Certains de ses propos étaient profondément misogynes. Il m’a ensuite demandé de l’écouter attentivement parce que, disait-il, la vie de 45 millions d’Espagnols en dépendait. Il m’a répété que je ne devais, sous aucun prétexte, parler à la presse. Son autre requête : je devais pousser le roi à garder sa fonction. Même si je n’étais pas en Espagne, je devais l’appeler, rester présente, cela faisait partie du plan. Il a affirmé que si je ne satisfaisais pas ces demandes, il ne pourrait garantir ni ma sécurité ni celle de mes enfants.

Avez-vous été menacée ?

Le soir même, à mon retour en Suisse, à Villars-sur-Ollon, j’ai vu que mon appartement avait été visité. Certains objets avaient été déplacés et j’y ai trouvé un livre en lien avec la princesse Diana. Puis j’ai reçu cet appel anonyme en espagnol, où l’on me disait : “Il y a beaucoup de tunnels entre Monaco et Nice.”

Aujourd’hui, vous vous sentez encore en danger ?

Le risque est omniprésent. Pendant le confinement, on a lancé des projectiles sur notre caméra de sécurité et dans les vitres de notre propriété, et plusieurs tentatives de hacking dans nos systèmes de sécurité ont été constatées. [Lors d’une audition devant le Congrès des députés, le général Sanz Roldan a nié avoir jamais menacé Corinna zu Sayn-Wittgenstein, NDLR.]

Concernant ces 100 millions d’euros versés en 2008 par les Saoudiens à Juan Carlos, sur le compte de la fondation Lucum, pensez-vous qu’il s’agissait d’une commission en vue de décrocher le contrat du train entre Médine et La Mecque, qui sera signé trois ans plus tard, en 2011 ?

Ces millions ne sont pas liés au contrat du train, un projet pour lequel je n’ai jamais servi d’intermédiaire et avec lequel je n’ai rien à voir, contrairement à ce qui a été affirmé dans la presse. L’amitié entre les monarchies saoudienne et espagnole remonte aux années 1970. En 1977, Juan Carlos avait déjà reçu 100 millions de dollars du futur roi Fahd. Concernant le train, en 2008, il n’y a avait eu aucun appel d’offres public et le consortium espagnol n’existait pas encore. Il est donc chronologiquement impossible de lier les deux dossiers. L’enquête en Espagne montre clairement que le groupe d’entreprises espagnoles a sollicité deux intermédiaires: l’un en octobre 2010 pour 120 millions de dollars, l’autre en 2011 pour un total de 97 millions de dollars. Nous parlons donc de presque 220 millions de dollars versés par les Espagnols aux Saoudiens pour obtenir ce marché au bon moment. Ces informations ont été transmises au procureur suisse, Yves Bertossa.

Concernant les 65 millions d’euros, issus de ce même compte, que vous a versés le roi, le contrat de donation stipule que l’acte est “irrévocable”. Comment avez-vous interprété ce geste ?

J’ai été très surprise. J’ai trouvé cela extrêmement généreux et suis allée en Espagne pour le remercier. Je voulais m’assurer qu’il n’avait aucune attente, il m’a assuré que non. Il m’a dit que c’était bien le moins qu’il pouvait faire pour moi, pour mon fils, et que nous restions très importants dans sa vie. Je pense qu’il se sentait coupable de ce que j’avais subi. Juan Carlos avait commencé à me parler de sa succession dès 2011. Il voulait mettre en œuvre son testament de son vivant, convaincu que si quelque chose lui arrivait, compte tenu du climat familial, ses dernières volontés ne seraient pas respectées. Il a fait en sorte que sa famille ne puisse pas contester ce contrat de donation. Il l’a également fait certifier par un notaire espagnol pour que cela n’affecte pas les droits de succession de ses enfants.

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Le don avait une valeur sentimentale pour Juan Carlos. Il souhaitait que je m’en serve pour mon fils

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Vous êtes-vous interrogée sur la provenance de ces fonds ?

Je n’avais aucune raison de questionner un chef d’Etat. Les révélations qui ont suivi ont été manipulées, utilisées de manière sensationnaliste, pour créer une gigantesque controverse. Tout cela est motivé par un agenda politique.

Qu’avez-vous fait de cette somme?

Il souhaitait que je m’en serve pour Alexander. Donc je lui ai acheté un manoir en Grande-Bretagne. Mais ça n’a rien changé à ma façon de vivre. Ce don avait une valeur sentimentale pour lui, il n’était pas seulement question d’argent.

Sur des enregistrements de l’ancien commissaire Villarejo, réalisés en 2015 à votre insu et divulgués sur des sites espagnols en 2018, une voix féminine, supposée être la vôtre, assure n’avoir été qu’un prête-nom pour permettre à Juan Carlos de percevoir des commissions sur le TGV du désert. Il aurait mis cette femme sous pression pour qu’elle lui “rende des choses”, lui “envoie de l’argent”, mette à son nom des biens lui appartenant. Reconnaissez-vous ces dires ?

Non, je ne peux pas les reconnaître car, même si M.Villarejo et moi-même avons eu une conversation qui aurait pu être enregistrée sans mon consentement, nous n’avons pas accès aux originaux des enregistrements qui, seuls, permettraient d’en établir l’authenticité. Les copies qui circulent dans les médias auraient facilement pu être tronquées, ce qui ferait partie d’une vaste campagne d’intimidation et de diffamation contre moi, mise en place depuis 2012.

Comment interprétez-vous la lettre adressée par le roi le 12 août 2018 à son avocat genevois, dans laquelle il affirme n’avoir jamais reçu de votre part une quelconque somme en retour et ne vous avoir jamais sollicitée à ce sujet ?

Je n’en ai aucune idée. Cela ne confirme rien. Je pense qu’il n’est pas approprié de décrire le geste généreux du roi Abdallah, comme de la corruption. La famille royale saoudienne est connue pour être généreuse. Quand ils font des cadeaux, ce sont de vrais cadeaux. Cela n’a rien à voir avec une transaction commerciale.

Lire aussi.Quand le jeune Don Juan Carlos faisait rêver les princesses…

Avez-vous demandé à Villarejo de surveiller une de vos collaboratrices que vous soupçonniez de vous espionner, comme l’affirme un témoin ?

Mon assistante, malheureusement, a souvent été la cible de ce type de manipulations grossières. Je n’ai donné aucune instruction. Je n’ai rien fait.

Vous accusez Juan Carlos d’avoir des comptes bancaires partout dans le monde. Avez-vous des preuves ?

J’ai tout simplement entendu parler d’autres comptes dans le monde.

Avez-vous l’intention de porter plainte contre Juan Carlos et l’ex- directeur des services secrets espagnols, Felix Sanz Roldan ?

Nous ferons traduire en justice ceux qui ont commis ces abus. Mes avocats vont utiliser tous les moyens pour protéger mes intérêts légitimes.

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Envoyer l’ex-roi, à la santé fragile, en exil, et cela en pleine période de Covid, est irresponsable

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Que pensez-vous du choix de l’exil, aux Emirats arabes unis, par Juan Carlos ?

Pendant une crise de cette envergure, la famille royale aurait dû rester unie. Envoyer l’ex-roi, à la santé fragile, en exil, et cela en pleine période de Covid, est irresponsable. Ce train de vie, assuré par Juan Carlos, toute la famille royale en a bénéficié, l’argent des seuls contribuables n’y aurait pas suffi. Désavouer ainsi Juan Carlos est peu loyal et me semble manquer de dignité. Ce qu’ils devraient faire, c’est réformer les institutions, en les rendant plus transparentes.

Où en est la justice et qu’en attendez-vous ?

Nous nous préparons. Le Covid ne nous a pas aidés. Avec le confinement et tous nos appareils de communication sous surveillance, il m’était impossible de parler à mon avocat, qui se trouve à New York, et d’avancer.

Lire aussi.Juan Carlos et Corinna, la « double vie »

A quand remonte votre dernière rencontre, ou dernier contact, avec Juan Carlos ?

Il m’a téléphoné en mars 2019, après que j’ai écrit au roi Felipe pour lui dire que je souhaitais établir un dialogue en toute bonne foi pour mettre fin à la campagne de harcèlement contre moi et mes enfants. Il est venu à Londres la semaine suivante. Mon fils a demandé à être présent. Juan Carlos était accompagné d’un membre des services secrets déguisé en secrétaire particulier. Nous avons remarqué qu’il avait une sorte d’épingle au revers de sa veste, probablement un enregistreur. J’ai demandé à Juan Carlos si cette entrevue avait été planifiée en collaboration avec le général Sanz Roldan. Il m’a juste répondu que c’était son grand protecteur. Tout ce qui semblait le préoccuper était que je ne parle pas aux médias. Il n’arrêtait pas de demander ce que je voulais. Quand mon fils lui a expliqué combien il avait souffert des mensonges et des histoires horribles fabriquées contre moi, il n’a pas réagi, pas nié, et ne s’est pas excusé. Puis, quand à mon tour je lui ai demandé pourquoi il m’avait fait inscrire sur une liste noire en Arabie saoudite, en prétendant que j’avais volé cet argent par pure vengeance, là non plus, il n’a pas nié. C’était un moment douloureux.

Pourquoi vous battez-vous ?

Pour ma famille, pour ma fille et mon fils, pour ma sécurité, ma réputation, et aussi pour les femmes, parce que je suis sûre que je ne suis pas la seule à qui une telle chose arrive. Ils ont voulu détruire notre famille, mon entreprise, ma vie sociale… Mon existence tout court. Je vais laver ma réputation.

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