Assez déçus par cette sombre année 2020 ? AC/DC revient pour allumer le feu ! Et illuminer nos ténèbres? Aucune annonce officielle pour le moment de la part du groupe ni de sa maison de disques, Sony, dont la filiale française est restée sourde à nos sollicitations. Mais, pour Philippe Lageat et Francis Zégut, deux des plus éminents spécialistes hexagonaux du légendaire groupe de hard rock australien, celui-ci a incontestablement rebranché les guitares et va enfin sortir, avant les fêtes, un nouvel album studio. Le premier depuis Rock or Bust en 2014 (six ans déjà?) et le dix-septième depuis les débuts de la bande des frères Young, en 1973.
Pour des centaines de millions de fans, qui guettent religieusement chaque aventure inédite de ces idoles toujours plus rares avec l’âge, cette rumeur est en tout cas un petit Noël avant l’heure. Jugée extrêmement crédible par nos deux experts, elle est partie de la publication sur le site officiel d’AC/DC, vendredi 18 septembre, de trois mystérieuses photos finalement retirées au bout de quelques heures (mais très vite reprises par le site français Highwaytoacdc.com). Deux d’entre elles montraient le groupe en train de jouer sur une scène, toujours mené par le rocailleux hurleur Brian Johnson, flanqué du guitariste de poche Angus Young, devant le massif, mythique et luminescent logo rouge vif du quintette. La troisième, prise au même endroit, se concentrait sur le logo cadré au fond de la scène vide.
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Au même moment, plusieurs forums de fans relayaient l’échéance surprise du 27 novembre pour un éventuel nouvel album, au lancement fomenté dans le plus grand secret par les rockeurs et Sony. Même s’il ignore l’origine exacte de cette date ainsi que sa véracité, pour le journaliste Philippe Lageat, rédacteur en chef du magazine Rock Hard et auteur des ouvrages AC/DC : Tours de France (2014, Point Barre) et sa suite Les Bonus (2017, Point Barre), le doute n’est plus permis : il y aura bien un nouvel album d’AC/DC pour Noël. « Sur l’une des photos montrant le groupe sur scène, on reconnaît Brian Johnson, Angus Young, le batteur Phil Rudd, le bassiste Cliff Williams? et le guitariste rythmique Stevie Young, neveu d’Angus appelé à la rescousse pour remplacer le regretté Malcolm, frère d’Angus décédé en 2017. On sait que ce cliché est récent et totalement inédit puisque Stevie Young n’a jamais joué avec Phil Rudd sur scène. Et la photo laisse penser qu’il s’agit du tournage d’un clip », commente le spécialiste.
Un buzz parfaitement orchestré pour préparer la sortie d’un nouvel album (Francis Zégut)
Pour Lageat, ledit clip, forcément annonciateur d’un nouvel album, a probablement été filmé en février 2020 : « Le 25 février dernier, un contact belge m’a envoyé la photo d’un fan néerlandais prise à Amsterdam, qui montrait cette même scène, avec le même logo, prise depuis une table de mixage au milieu de la salle, mais sans le groupe. En l’absence de certitude ou d’infos, j’ai rangé cette photo dans un coin, mais, en voyant les photos de ce week-end sur le site du groupe, j’ai compris que celle du 25 février était tirée du même décor. Pour moi, ça ne fait aucun doute, AC/DC a bien enregistré un nouveau clip, fin février aux Pays-Bas [pays de résidence d’Angus Young, cofondateur et leader de la bande, NDLR]. » Pour Philippe Lageat, cette hypothèse accrédite une récente « indiscrétion de la maison de disques », selon laquelle, initialement, Sony avait envisagé la sortie d’un nouvel album d’AC/DC en avril, mais que la crise sanitaire a pulvérisé tout le planning du groupe.
Autre indice concordant, selon le rédacteur en chef de Rock Hard : en août 2018, un internaute de Vancouver a posté une photo volée de Brian Johnson, Stevie Young, Angus Young et Phil Rudd en pleine pause cigarette non loin de studios d’enregistrement où le groupe a pris ses habitudes. AC/DC, dont les membres vivent disséminés aux quatre coins du globe, « n’est pas du genre à faire un tour en studio quand il n’a rien à y faire », assène Lageat, persuadé que ce 17e disque des rockeurs est bel et bien en boîte depuis deux ans. Sa sortie tardive, selon lui, serait imputable aux méandres d’une épineuse renégociation de contrat entre Sony et AC/DC. Le vénérable Francis Zégut, animateur sur RTL2 qui, en 1980, fit découvrir à la France le mythique album Back in Black des Australiens (deuxième album le plus vendu de tous les temps derrière Thriller de Michael Jackson, avec plus de 50 millions de copies écoulées depuis sa sortie !), à l’antenne de RTL dans son émission Wango Tango, veut lui aussi y croire : « À l’évidence, les photos de ce week-end sont tout sauf des fuites involontaires. Elles ont été postées sur le site officiel d’AC/DC pour créer un buzz, et la période est particulièrement bien choisie, tout cela est parfaitement orchestré pour préparer l’annonce officielle du nouvel album », analyse l’expert, également créateur du site byzegut.com. « Et Sony doit certainement être très impatient de sortir l’affaire avant la fin de l’année, mais, en termes de communication, ils sont pieds et poings liés par le contrat signé avec le groupe. » Avec un total de 11 millions de copies écoulées pour leurs deux dernières galettes, Rock or Bust et Black Ice (2008), plus un fonds de catalogue toujours très juteux, AC/DC reste, malgré son grand âge, un gâteau royal pour l’industrie du disque.
Un groupe sonné après la mort du guitariste Malcolm Young en 2017
Le timing de l’éventuelle sortie d’un nouveau 33 tours va lui aussi dans le sens d’une accréditation de la rumeur : depuis The Razors Edge en 1990 (et son single dévastateur « Thunderstruck »), tous les albums d’AC/DC déboulent à l’automne – excepté Stiff Upper Lip, arrivé dans les bacs en février 2000. Et pour Philippe Lageat, le contexte d’incertitudes sanitaire et économique serait particulièrement propice à un retour d’AC/DC, dont le style musical quasiment inchangé depuis plus de 40 ans leur procure un statut de valeur refuge ? comme l’or en temps de crise. Enfin, autre bonne nouvelle pour les amateurs : sur les clichés en question, les présences du batteur Phil Rudd et du bassiste Cliff Williams confirment qu’AC/DC a retrouvé sa formation historique des grandes heures de Back in Black ? excepté la cruelle absence de Malcolm Young, emporté en 2017 par une forme d’Alzheimer. Cette réunion surprise indiquerait la volonté d’Angus Young, désormais seul à diriger la destinée du groupe depuis la mort de son frère aîné, d’offrir au public un ultime album à la hauteur des attentes, avant un au revoir définitif. Avec une moyenne d’âge de plus de 67 ans (73 pour le doyen Brian Johnson !), les vétérans du volt ne font pas mystère de leur réticence à trop tirer sur la corde (de guitare), même si, selon Philippe Lageat, Brian Johnson affichait plutôt une belle forme sur la tournée Rock or Bust ? dont il fut pourtant écarté en 2016 en raison de sérieux problèmes de surdité. Nouvel album ou pas, le monde post-Covid 19 rendra de toute façon périlleux tout projet de tournée mondiale en 2021.
Le retour en force d’AC/DC serait malgré tout un cadeau de Noël inespéré pour la planète rock et un beau come-back des anciens, que l’on disait au bord du gouffre à l’automne 2017 à la suite d’une incroyable succession d’épreuves : morts rapprochées de George Young (membre aîné de la fratrie, ex-producteur du groupe) et de Malcolm, départ en retraite de Cliff Williams, graves ennuis judiciaires en Australie pour Phil Rudd et renvoi temporaire de Brian Johnson. Des avanies qui, en plus d’une ambiance délétère, ont bien failli sonner le glas de la bande, mais la traumatisante disparition de Malcolm Young a visiblement fait office d’électrochoc : « Je pense que c’est aux obsèques de Malcolm, à Sydney en novembre 2017, que le groupe s’est dit qu’il ne pouvait pas se quitter sur une note aussi tragique », commente Philippe Lageat. Un moment de vérité en somme, comme lorsque, en février 1980, AC/DC avait dû affronter le décès de son mythique chanteur Bon Scott, étouffé dans son vomi après un coma éthylique à Londres. Le deuil et la douleur du groupe avaient alors abouti à ce sacré Back in Black, indépassable chef-d’?uvre du hard rock et succès mondial transgénérationnel. Quarante ans plus tard, l’histoire pourrait-elle se répéter ? « Je trouverais tellement classe qu’ils nous quittent sur un ultime et beau dernier album », conclut prudemment Francis Zégut « Je serai très curieux de l’écouter, et s’ils repartent en concert, j’irai les applaudir évidemment. » Alors, en attendant une confirmation officielle de Sony ou des intéressés et un miracle pour Noël, on se prend forcément à rêver que les cloches de l’enfer résonnent une dernière fois sur nos platines. Et que le phénix AC/DC, doigts dans la prise, renaisse de ses cendres électriques.
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