Que celui qui n’a jamais erré sur la toile (au bureau) jette la première pierre. D’ailleurs, c’est même peut-être le cas en ce moment même où vous lisez ces lignes…
Réseaux sociaux, réservation de billets de train, chat avec ses proches : sur une journée de boulot, rare sont ceux qui ne cèdent à aucune de ces tentations. Mais est-il seulement problématique de se détourner de son travail… Au travail ?
Que dit la loi ?
S’aérer l’esprit est complètement normal, et même légal. On appelle communément cette pratique : la pause. « Dès que le temps de travail quotidien atteint six heures, le salarié bénéficie d’un temps de pause d’une durée minimale de vingt minutes », peut-on lire dans le code du travail*.
Seulement parfois, cette fameuse pause n’est pas d’une évidence limpide. On se plait de plus en plus à surfer sur le web, à répondre à quelques messages sur Facebook, à regarder son flux Instagram et ses notifications sur Twitter. Le tout entre deux mails de boulot. « En principe, la connexion internet mise à la disposition du salarié par l’employeur, est un outil de travail dont l’utilisation doit être purement professionnelle », explique le site Juritravail. Une utilisation « pro » de la toile se traduit par exemple par l’accès aux services de documents partagés via Google ou encore au chat professionnel.
Son usage étant dédié au travail, l’employeur est de ce fait en droit de consulter les connexions de son salarié. Cependant, ce dernier peut tolérer une utilisation personnelle du web. « Il fixe les règles d’utilisation et les conditions de contrôle dans la charte internet ou dans le règlement intérieur (…) Il doit faire un usage personnel d’internet mesuré et sans risque. Cette tolérance lui permet par exemple de pouvoir accomplir certaines formalités administratives en ligne », informe Juritravail. L’utilisation dite « personnelle » de la toile va cependant plus loin qu’une obligation de paperasse 2.0. Internet est un puit sans fond de distractions et son accessibilité rend son utilisation très facile au bureau.
Pause et productivité
Si notre vie personnelle empiète sur notre vie pro, c’est aussi parce que le travail s’empare de plus en plus d’elle. « Aujourd’hui, il n’est pas rare que les gens ramènent du boulot à la maison. Et parfois ils sont dans l’obligation de prendre du temps pour leur vie personnelle sur leur temps de travail. C’est un peu le serpent qui se mort la queue », explique le psychologue du travail Sébastien Hof. « Il y beaucoup de travailleurs consciencieux, et même si de temps en temps ils s’écartent de leur tâche, ils vont faire en sorte que le job soit fait », poursuit le spécialiste.
Du côté de la productivité, s’éloigner d’un dossier pendant quelques minutes n’entrave pas notre efficacité, bien au contraire. Sur une heure de travail, nous avons forcément des instants où nous ne sommes pas concentrés. « Ce n’est pas possible d’être concentré à 100% sur une tâche dans un temps déterminé. Les micro pauses pourraient permettre au cerveau de se concentrer à nouveau », ajoute le psychologue. Pour Laetitia, coordinatrice de projet dans l’industrie automobile, les interruptions de travail sont salvatrices. « Au bout d’un certain temps je décroche. Je crois qu’au début je faisais ces coupures par plaisir mais avec le temps j’ai l’impression que c’est devenu une nécessité. A rester concentrée trop longtemps, j’en perds ma productivité », analyse la trentenaire. Sa hiérarchie ne lui a d’ailleurs jamais rien reproché concernant la gestion de son travail.
L’aménagement du temps de travail est en mutation et ses pauses aussi. La pause de 20 minutes à la cafétéria n’est plus réellement d’actualité pour la génération Y. Cette vingtaine s’est fractionnée tout au long de la journée pour mieux se muer en « micro pause ».
Les « micro pauses », la nouvelle tendance
La jeune génération ne s’est pas construite avec les mêmes codes que l’ancienne. « Avant c’était la pause clope, maintenant cette pause se transforme avec Internet. Cela ne met pas en péril la productivité des gens à partir du moment où l’on fait son travail », affirme Sébastien Hof.
Ceux de l’ancienne école prennent généralement de longues pauses ponctuelles contrairement à la génération Y, qui penche pour des micro pauses à répétition. « En moyenne sur une journée de 8 heures de travail, mes ‘activités personnelles’ dépassent nettement les une fois par heure. Mais mes écarts sont furtifs », confirme Laetitia.
Sébastien Hof note tout de même un aspect néfaste à ce nouveau mode de fonctionnement, celui de l’individualisme. Rester derrière son ordinateur ou devant son écran de téléphone limite les rapports avec ses collègues, et donc la création de lien.
*Article L3121-33
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