- Dans « Les Misérables », trois flics passent une bien mauvaise journée au cœur d’une cité de Seine Saint-Denis.
- Inspirée d’une bavure policière dont il a lui-même été le témoin, Ladj Ly signe un premier film qui fait penser à « La Haine » de Mathieu Kassovitz, vingt-quatre ans après.
- Comme « La Haine », « Les Misérables » a été récompensé à Cannes, mais aussi à Deauville.
Pour son premier long-métrage, Ladj Ly a réussi un coup de maître. Les Misérables a reçu le Prix du jury du
Festival de Cannes et le
Prix d’Ornano-Valenti du Festival de Deauville. « Je ne m’attendais pas à ça, confie le réalisateur à 20 Minutes. Il y a encore un an, on n’était pas sûrs de faire le film. »
Ladj Ly ne s’offusque pas quand on évoque au sujet de son film, La Haine de Mathieu Kassovitz récompensé à Cannes en 1995. « La référence est évidente, d’autant que Les Misérables est coproduit par le collectif
Kourtrajmé, soutenu par Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz, dit-il. Je montre que les choses n’ont pas beaucoup changé depuis La Haine. » Son film plonge dans la cité d’une banlieue de Seine-Saint-Denis où une bavure policière met le feu aux poudres.
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Ancré en 2019
« J’ai vu ce que je décris dans mon film, insiste Ladj Ly. J’ai essayé de filmer les choses comme je les ai vécues. » Il suit trois policiers de la BAC (Brigade anticriminalité) tandis que ces derniers tentent de désamorcer la situation explosive qu’ils ont déclenchée. Entre caméra à l’épaule et séquences filmées au drone, l’œuvre est résolument estampillée en 2019. « Les moyens technologiques, tels que téléphones portables ou mini-caméras, ont changé la donne en permettant une captation et une diffusion immédiates des images », précise-t-il. Les policiers tentent de saisir celles qui les incriminent.
Un combat commun avec le Joker
« C’est amusant de constater que deux films en 2019 s’inspirent librement de Victor Hugo pour décrire l’état du monde et la révolte du peuple », commente le réalisateur. Entre
Joker où Todd Phillips reconnaît avoir pensé à L’homme qui rit pour son héros et Les Misérables, l’écrivain est à l’honneur. « Ce n’est pas demain, hélas, que la pauvreté que décrivait Hugo ne sera plus d’actualité », soupire Ladj Ly. Son film met l’accent sur la colère des opprimés, prêts à se révolter, sans pour autant être foncièrement « anti-flics ».
Un désir de mise en scène
« J’ai essayé de faire découvrir la réalité de la banlieue, de balancer les images en pleine face de ceux qui ne connaissent pas la vie de la cité », martèle Ladj Ly. Son état des lieux n’est pas qu’un film militant. Il y a du cinéma dans Les Misérables qui révèle un cinéaste talentueux. « Il n’y a pas que de la rage dans mon film, il y a aussi un désir de mise en scène. » Comme La Haine en son temps, ce brûlot passionnant pourrait servir de témoignage de notre époque troublée.
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