Le blues des princesses – 2. Meghan Markle, la grande déception

« Libres », un livre événement, révèle les coulisses et les secrets de cette ascension ratée.

La star est triste. Au palais de Buckingham, dans la « salle de 1844 », où les lampes illuminent des toiles de paysages bucoliques, elle dit adieu à ses employés, mais aussi à son mode de vie. Emue, fébrile, Meghan Markle pleure. En mars 2020, la duchesse de Sussex et le prince Harry quittent le Royaume-Uni pour d’autres cieux. En embrassant le journaliste Omid Scobie, elle lui glisse à l’oreille : « Les choses auraient pu se passer autrement. »

C’est cet impossible ancrage d’une actrice américaine au cœur de la famille royale la plus célèbre du monde qu’Omid Scobie et une de ses consœurs britanniques, Carolyn Durand, content dans « Libres ». Ils ont suivi le couple en déplacement, parlant aux deux époux, à leurs amis, à leurs serviteurs afin de comprendre la mécanique de cet échec, les ressorts d’une décision irrévocable. Harry et Meghan visent une réhabilitation, même s’ils jurent ne pas avoir collaboré à l’ouvrage, qui laisse voir des scènes inédites, intimes.

Chacun sait comment la romance s’est nouée entre le trentenaire roux de sang bleu et la comédienne californienne métisse et divorcée. Présente à Londres pour ses obligations professionnelles, la célibataire Meghan a été conviée en juin 2016 à une soirée en compagnie du prince, « rencard » concocté par deux amis à elle, une styliste mariée à un proche de Harry et le propriétaire d’une chaîne d’hôtellerie de luxe. Harry et Meghan s’étaient auparavant « googlés » l’un l’autre. Et la lumière fut.

Elle sirotait un Martini ; lui, une bière. Trois heures plus tard, chacun s’est éclipsé, émoustillé, sans un baiser ni une promesse, tout juste un SMS. « Il avait l’habitude d’écrire des messages brefs et pleins d’émoticônes, en particulier celui représentant un fantôme, qu’il utilisait en lieu et place du smiley. Pour quelle raison ? Personne ne le sait. Mais Meghan trouvait son style drôle et adorable, comme lui. »

Ils décident de dîner en tête à tête le lendemain, avant que Meghan ne file tourner sa série à Toronto. Harry le moderne ne calligraphie pas des lettres à Meghan mais s’abonne à ses « posts » sur les réseaux sociaux depuis son adresse privée cryptée, « spikeymau5 ». L’amour avec un prince, c’est simple. Meghan et lui étant passionnés par l’Afrique, Harry organise, après six semaines de séparation, un séjour au Botswana dans un lodge sublime. Cinq jours à « camper » près du delta de l’Okavango, à fréquenter la noblesse locale : les éléphants, les rhinocéros. Elle et lui se connaissent à peine. « S’il s’était inquiété de faire un safari avec une actrice hollywoodienne aux goûts de luxe, Harry a été agréablement surpris de découvrir qu’elle avait les pieds sur terre. En camping, elle se nettoyait le visage avec des lingettes pour bébé et s’éloignait dans les bois, sans hésiter, quand elle avait besoin d’une pause pipi. »

Harry lit toute la presse ; il hait le « Sun », le « Daily Mail » et le « Daily Mirror », traitant ses journalistes de « trolls »

Harry émerge alors d’une période sombre. Le prince réputé fêtard vient de lâcher le cadre protecteur et réconfortant de l’armée. Sa solitude lui pèse ; il envie son frère William, si épanoui. Meghan lui plaît, il fonce. « C’est Harry qui a, le premier, prononcé les trois petits mots chargés de sens. Meghan a aussitôt répondu : “Je t’aime aussi.” De là, ils ont très vite évoqué leur avenir, sans détour. » Lorsque la relation s’ébruite, certains tabloïds déterrent le passé de miss Markle. Des allusions racistes fleurissent, rendant Harry dingue.

Le jeune homme lit toute la presse ; il hait le « Sun », le « Daily Mail » et le « Daily Mirror », traitant ses journalistes de « trolls ». Meghan blessée ; sa mère, Doria, harcelée à Los Angeles : comment les protéger ? Harry va prendre conseil auprès de son frère, accompagné de Meghan. « Dès que William a ouvert la porte noire à deux battants pour accueillir Meghan chez lui, il a déclaré : “J’étais impatient de rencontrer la femme qui fait sourire mon frère si bêtement !” Meghan admire sur les consoles du vestibule les photos des frères avec Diana, des moments en famille avec la Reine et d’adorables clichés de George et Charlotte. Bien qu’elle n’ait jamais rencontré les personnes figurant sur ces images, Harry lui en a beaucoup parlé. Tous trois passent ensuite par le salon, aux couleurs neutres rehaussées de précieux tableaux et d’antiquités, pour se rendre directement dans ce qui constitue le cœur de la maison Cambridge : la cuisine. Sans cérémonie, sans serviteurs, rien d’autre que les trois jeunes gens et le thé qu’ils s’apprêtaient à boire. »

Kate est absente. William se montre compréhensif avec son cadet. Mais pas forcément d’accord avec sa méthode : publier un communiqué incendiaire pour attaquer la presse. Personne n’agit ainsi. On se tait et on endure. « Ne vaut-il pas mieux les ignorer ? » lui a suggéré Meghan. Harry a le sang chaud. Instinctif, émotif, il s’emballe. Les fissures entre les fils de Diana naissent à ce moment-là. Que vaut cette Meghan Markle ? Est-elle une arriviste sournoise ou une douce brebis sacrifiée sur l’autel frelaté de la liberté d’informer ? Les doutes gangrènent les conseillers des différentes maisons, Kensington Palace, Clarence House, Buckingham Palace, ces employés qui, plus conservateurs que la Reine, font tourner la machine et fuiter des détails, orientent des anecdotes…

Meghan, elle, apprend à écouter les experts en communication de son prince, qui tergiversent avant chaque décision. Ça l’agace… Vient enfin la rencontre, brève, avec Kate, sa future belle-sœur, un après-midi de janvier 2017. Meghan l’espère chaleureuse… C’est aussi glacial que la température de la semaine précédente, passée avec Harry en Arctique. « Kate n’a pas vraiment cherché à savoir qui était cette femme qui rendait son beau-frère si heureux. Mais ce n’était pas Meghan en elle-même qui suscitait une telle indifférence. “La duchesse est une femme extrêmement circonspecte, a expliqué une amie. Après avoir épousé William, elle n’a laissé de nouvelles personnes intégrer son entourage qu’avec la plus grande prudence.” » Toutefois, si Meghan a besoin d’aide, elle peut l’appeler…

Harry est d’autant plus déconcerté que les siens, à part sa cousine préférée, Beatrice d’York, ne débordent pas d’enthousiasme à l’égard de Meghan

Le couple mène une existence bourgeoise bohème dans la garçonnière de Harry, à Kensington : cinéma, pubs, balades à la campagne, lecture de livres peu intellectuels de développement personnel… Elle se nourrit de gruau d’avoine, lui arrête les pizzas. Ils se mettent à méditer ensemble. Le mariage se profile trop rapidement aux yeux de William. Le soporifique grand frère et héritier du trône, qui patienta dix ans avant de convoler, décide de freiner les ardeurs du petit. « Tu n’es pas obligé d’aller trop vite, a-t-il suggéré à Harry. Prends tout ton temps pour apprendre à connaître cette fille. » « Dans ces deux mots, “cette fille”, Harry percevait le snobisme qui lui répugnait tant, et qui était à l’opposé de sa façon de voir le monde […]. Harry en avait assez de la dynamique qui s’était établie entre son frère aîné et lui. Il ne pensait plus désormais avoir encore besoin de sa protection. »

Harry est d’autant plus déconcerté que les siens, à part sa cousine préférée, Beatrice d’York, ne débordent pas d’enthousiasme à l’égard de Meghan. « Elle faisait l’objet de conversations et de ragots entre au moins deux membres éminents de la famille royale qui s’inquiétaient de la vitesse à laquelle évoluait cette histoire d’amour. Quand elle a commencé à fréquenter le prince, l’un d’eux l’a appelée “la showgirl de Harry” ; un autre a dit à son employé : “Elle en traîne, des casseroles !” » Tous ces « royals » pincés, élevés dans la soie et les dorures, que savent-ils de l’ambition, de la force d’un désir ? Meghan Markle aurait sans doute abandonné les castings, avec ou sans prince. Elle s’imaginait gourou du bien-être. Harry a accéléré le mouvement, mais cette féministe n’entend pas s’effacer derrière un homme et inaugurer des plaques commémoratives. Harry souhaite également une dynamique moins « plan-plan ». Elle et lui rêvent de former une équipe. A peine les fiançailles annoncées, Meghan cherche des associations philanthropiques à soutenir : pourquoi attendre le mariage ? Les « Fab Four » font fantasmer les journaux. Les trentenaires William, Kate, Harry et Meghan assurent l’avenir de la monarchie. Ils incarnent la modernité, ce concept vieux comme le monde. Mais une autre partition se joue en privé.

Les frères autrefois unis se parlent moins, les vieux copains s’éloignent

Les deux couples se toisent. Le mariage spectaculaire à Windsor, en mai 2018, n’y a rien changé. « Les deux duchesses n’étaient pas les meilleures amies du monde, mais elles n’étaient pas non plus en guerre. Oui, il y avait eu des malaises, comme le jour où elles s’étaient croisées dans Kensington Palace alors que chacune s’apprêtait à aller faire des courses dans la même rue ; Kate était partie dans sa Range Rover personnelle sans proposer à Meghan de monter. La vérité, c’est qu’elles se connaissaient peu. […] Les frictions avec son frère étaient une des raisons pour lesquelles Harry préférait s’installer à Windsor. Il voulait s’éloigner du marigot de Kensington, confirmera une source. »

Les frères autrefois unis se parlent moins, les vieux copains s’éloignent. « Libres » souligne combien les Sussex se sont enfermés dans une bulle victimaire, presque paranoïaque. Un duo assiégé par la presse, la déplorable famille paternelle de Meghan, des courtisans malveillants. A aucun moment ils ne semblent capables de prendre du recul, même si les attaques sont indignes, souvent violentes. Harry enrage en permanence des exigences du protocole, du traitement qu’il estime injuste envers Meghan. Même le choix de la tiare qu’elle devait porter le jour du mariage avait été gâché par l’attitude pleine de morgue d’Angela Kelly, l’habilleuse de la Reine : attachée au service de Sa Majesté, elle ne répondait plus aux sollicitations pour le deuxième essayage. « Harry était persuadé qu’elle snobait Meghan. Suivit alors un échange houleux qui contrevenait aux règles de bienséance. Harry n’avait aucun problème à passer à l’attaque, témoigne une source. Il n’en pouvait plus. »

Dans le cerveau des Sussex, une idée germe : disposer d’une maison indépendante, d’un bureau à part, ne plus patienter avant d’obtenir l’aval de la Reine ou de Charles, ne plus passer après William pour agir. Option rejetée. Beaucoup de conseillers flairent en Meghan une potentielle Diana, le cauchemar. Harry sait que la monarchie va se recentrer sur le noyau dur, Charles, William, puis George, et qu’ils deviendront secondaires. Il faut donc profiter de ces années pour engranger la lumière…

Ces hérauts de l’écologie se déplacent en jet privé !

Voilà le paradoxe Sussex : Meghan et Harry se battent pour figurer en première ligne, Harry se plaint de ne pas être prioritaire aux yeux de son père, qui le finance, alors que lui et Meghan sont populaires, volontaires, utiles. Dans le même temps, ils proclament leur droit à la vie privée. Ils ne dévoilent pas les noms des parrains et marraines de leur fils, Archie. Pire, ces hérauts de l’écologie se déplacent en jet privé ! Les tabloïds les laminent, moquent une certaine hypocrisie. Meghan est mortifiée, Harry à fleur de peau, accablé qu’aucun membre de son clan ne lui apporte son soutien. Meghan entend parler en son nom, s’adresser au public. Quel drôle de dessein, pour une femme qui doit être muette et révérencieuse ! Naïfs ou prétentieux, ces nouveaux amis de George Clooney ne comprennent pas pourquoi la mer ne s’ouvre pas devant eux, pourquoi les « vipères » du palais entravent leurs actes. Ils intentent des procès à plusieurs quotidiens pour non-respect de la vie privée, sans prévenir le palais. « Charles respectait parfaitement le choix de son fils, mais le prince de Galles dépendait beaucoup de la presse, car le jour où il serait roi, il aurait besoin qu’elle le soutienne. »

William trouve pathétiques leurs atermoiements publics. Le séjour au Canada, à l’hiver 2019, est une respiration. Le magnifique domaine Mille Fleurs, loué à moindre coût sur l’île de Vancouver, sera celui des mille conjectures. Ni l’un ni l’autre n’envisagent un départ définitif de la « Firme », « Meghan avait consenti trop de concessions ». Par e-mail, ils préviennent la Reine et Charles de leurs intentions : résider longtemps à l’étranger, en continuant à représenter la souveraine, et subvenir eux-mêmes à leurs besoins… Un projet volontairement flou pour éviter les fuites, qui, pourtant, vont bientôt se multiplier. Harry panique, veut converser de vive voix avec sa grand-mère. Elizabeth II n’étant pas disponible avant plusieurs semaines, Harry et Meghan pensent débarquer à Buckingham sans rendez-vous, dès leur atterrissage à Londres, avant de se raviser.

La redoutable Elizabeth II, encensée dans l’ouvrage, tranche. Harry perd ses titres militaires et ne peut plus se prévaloir de celui d’altesse royale…

Un casse-tête, ces Sussex : qui paiera pour leur sécurité ? Où vivront-ils ? Quels seront leurs droits et devoirs ? La Reine, face à ce grabuge médiatique, convoque les siens à Sandringham. Le 13 janvier 2020, elle, Charles, William, Harry et leurs conseillers se réunissent dans la bibliothèque du château. Ambiance studieuse. Personne ne se fait de cadeau, Charles redit son amour pour ses enfants et la primauté de William. Un accord doit émerger. « Meghan était en stand-by à Vancouver, prête à se joindre à eux en visioconférence. Harry a proposé de l’appeler, mais on lui a répondu que c’était inutile. »

La redoutable Elizabeth II, encensée dans l’ouvrage, tranche. Comme souvent, elle préserve l’institution et rejette l’idée d’une royauté à temps partiel. Harry perd ses titres militaires et ne peut plus se prévaloir de celui d’altesse royale… « L’argent a été le pire sujet d’empoignade, comme toujours, dira une personne habituée aux négociations. Au passage, un conseiller a proposé, en riant, que Meghan lance une ligne de produits de beauté. » Plusieurs Windsor éminents tiennent Meghan pour responsable de la débâcle. « Libres » ne les nomme pas, mais Camilla n’a jamais montré une grande compassion à l’égard de sa belle-fille, le prince Andrew non plus. C’est oublier que Harry est la force motrice du schisme. La duchesse s’épanche auprès d’une amie : « J’ai tout abandonné pour cette famille, j’étais prête à faire ce qu’il fallait. » Quel gâchis ! Impatiente, directive, ambitieuse, certes. Mais Meghan aurait pu coller aux aspirations de l’époque, rajeunir la communication, les causes à défendre.

Le couple rebelle a posé ses valises à Los Angeles, dans une villa grandiose de laideur

La dernière apparition du couple au sein de la famille royale vire à la farce mesquine. Pour la messe en l’honneur du Commonwealth, le 8 mars 2020, les Sussex sont exclus du cortège qui pénètre dans l’abbaye de Westminster au côté de la Reine. Leur nom a disparu des cartons sans qu’ils en soient informés. Harry maugrée, Meghan sourit sans conviction. Autour d’eux, des statues de marbre. Une fois à l’intérieur, William et Kate ne leur adressent pas la parole. « “Salut, Harry”, a murmuré William en hochant la tête, sans un mot pour Meghan. Une longue minute a suivi avant que la Reine arrive. William et Kate étaient installés un rang devant eux, et ne se retournaient que pour bavarder avec Edward et Sophie, assis à côté des Sussex. Meghan a essayé de croiser le regard de Kate, mais celle-ci l’ignorait. Meghan est rentrée au Canada juste après. Elle s’est juré de ne plus remettre les pieds à une cérémonie royale. »

Depuis, le couple rebelle a posé ses valises à Los Angeles, dans une villa grandiose de laideur, 12 salles de bains et autant de chambres, appartenant à l’acteur Tyler Perry. Malgré la pandémie, les Sussex tentent d’exister ; mais, pour l’essentiel, ça cafouille. Leur fondation Archewell, mal ficelée juridiquement, ne sera opérationnelle que l’an prochain. Meghan pourrait rédiger un livre pour enfants, produire un film inspiré d’un roman politique ; elle a participé avec Michelle Obama à une discussion virtuelle pour une association de défense des droits des femmes. Harry et elle sont représentés par la même agence que Bill Clinton et Oprah Winfrey pour donner des conférences. Leur cachet pourrait s’élever à 1 million de dollars par apparition, de quoi financer leur quotidien et quelques dépenses de sécurité. Changer le monde coûte cher.

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