Tout savoir sur les gants

L’accessoire a su s’imposer auprès des élégants du monde entier.

L’homme préhistorique se protégeait sans doute déjà les mains du froid. Après lui, les peuples méditerranéens, les Grecs et les Egyptiens surtout, se les couvraient pour travailler et prendre leurs repas, et les Perses, pour parader. Les Gaulois se sont approprié ce qu’ils ont appelé « moufle », « mitaine » ou « doigtier ». Au Moyen Age, ils se transforment en « gants » et changent de statut. L’accessoire se fait plus élégant et résolument symbolique. Jeté au visage, il provoque en combat singulier et, teinté en violet, il est l’emblème des évêques. Il apparaît même dans la cérémonie d’investiture des chevaliers. Mieux : posé sur un contrat, le gant d’un absent vaut signature. En chamois, en chevrotin, en renard, en cerf, en lièvre, en chien ou en chat, les paires, simples dans un premier temps, se mettent peu à peu à leur avantage, doublées en satin ou hautes jusqu’aux poignets. Certaines se boutonnent ou se lacent avec des aiguillettes, d’autres sont à manchette large et évasée.

Le comble du raffinement

A la Renaissance, les pièces se font une beauté grâce aux gantiers lombards, florentins et vénitiens montés à Paris. Dans leurs bagages, des collections en soie, rehaussées de jolies broderies. Les Espagnols s’en mêlent également, mais en les parfumant. Une mode fatale à Jeanne d’Albret, la mère du futur Henri IV, découverte morte en 1572, sans doute empoisonnée par une paire de ces « gants de senteur ». Les mignons d’Henri III les portent plutôt la nuit. Imbibés de malvoisie, d’ambre et de musc, ils leur garantissent des mains très douces au réveil. C’est aussi l’époque des « crevés » : les modèles sont tailladés pour mieux exhiber les bagues de leur propriétaire. Le XVIIe siècle les pare de bijoux, broderies, rubans… Sous Louis XIV, la tendance est à l’ostentation, et le port des gants se codifie. Les nobles n’en exhibent qu’un, à la main gauche, et les femmes les montrent en toutes circonstances – sauf à table. La qualité devient une affaire sérieuse. Selon un dicton d’alors, pour qu’un gant soit parfait, il faut que sa peau ait été préparée en Espagne, taillée en France et cousue en Angleterre…

Chahutés par la Révolution

Au XVIIIe siècle, Louis XV, puis la Révolution imposent davantage de simplicité, voire passent purement et simplement l’objet à la trappe. Les Français apprennent à sortir dégantés. Pas pour longtemps, car la cour impériale, puis les dandys du XIXe siècle s’enthousiasment pour ces « enveloppes à doigts ». Plus question de dévoiler ces derniers, bienséance oblige ! Les produits de confection font alors les beaux jours de Millau. En peaux nobles ou en tissus délicats, ils sont façonnés dans les matières des toilettes apprêtées. Mais ce chic n’est pas éternel, et les paires disparaissent peu à peu des garde-robes dans les années 1960. De nos jours, sous le règne du tactile, les artisans refont parler d’eux grâce à des modèles conducteurs, qui permettent de manipuler téléphones et tablettes en plein hiver, la main bien emmitouflée !

Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Voyages n°15 décembre-janvier 2016

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