Il y a deux ans Tracee Ellis Ross publiait une photo de la parade de Noël organisé par les grands magasins Macy’s où elle, et le reste de la famille Ross, avaient leur propre char. Et, pour saluer une foule heureuse de célébrer les fêtes de fin d’année, l’actrice de Black-ish, Diana Ross et Evan Ross (frère et fils de) ont opté pour un total-look blanc. De quoi me faire penser à Noël et ses jolis flocons de neige, mais aussi à l’attrait esthétique provoqué par la vue de personnes tout de blanc vêtues.
De la pureté religieuse à la pop culture
Dans l’imaginaire collectif récent, le total look blanc remonte principalement aux années 90 et notamment aux boys bands. Des Backstreet Boys aux Boyzone en passant par Boys II Men, les groupes de pop et RN’B les plus écoutés de l’époque sont tout au moins une fois apparu dans un clip avec une chemise blanche entrouverte laissant voir un marcel blanc porté sur un pantalon… On vous le donne en mille : blanc.
Le blanc est la couleur, dans la gamme chromatique, dont le sens est sans doute le plus répandu. Sans doute parce qu’il trouve une place symbolique dans la majorité des arts et des religions à travers le monde. En occident, le blanc est souvent associé à la pureté, raison pour laquelle on le retrouve lors des mariages et baptêmes. Pas étonnant donc que la couleur se soit glissée aussi facilement et amplement sur les boys bands, leur donnant une aura d’anges ou tout du moins d’hommes inoffensifs. Écouté majoritairement par des adolescentes, il était important que leurs parents valident cette nouvelle génération d’artistes dont les chansons prônaient l’amour et, parfois, la sexualité.
Pourtant, on a tort d’associer le total look blanc aux boys bands seuls. Parce qu’avant que les Backstreet Boys ne descendent d’un avion pour nous chanter I want it that way, une chanson dont, à l’instar de Chrissy Teigen, on n’est pas sûre d’avoir compris le sens, les Suffragettes portaient déjà le blanc pour exprimer leur mécontentement.
Le style ou la tâche
Premiers groupes féministes ayant pris la rue pour demander plus de droits pour les femmes, ces dernières n’ont pas eu peur de manifester vêtues de blanc. Ce mouvement, né en Angleterre, a utilisé le vêtement, et notamment la couleur, pour faire passer ses messages. Les membres étaient donc toutes invitées à porter du blanc lors des manifestations et réunions du groupe. « L’association traditionnelle du blanc avec les jeunes filles, des mariages, de la jeunesse et de la « pureté » doit avoir joué dans l’utilisation de cette couleur – elle a peut-être eu pour but de suggérer la pureté et la haute conscience de leurs objectifs », expliquait d’ailleurs la commissaire d’exposition du DAR [Daughters of the American Revolution], musée patriotique américain.
Pour ma part, j’ai toujours eu énormément de respect pour les gens qui peuvent vivre habillés de blanc pour plus de temps qu’un clip vidéo. Sans se soucier jamais d’une tâche ou même de s’asseoir au mauvais endroit. Hier encore, j’ai dû mettre mon pull col roulé blanc dans le sens inverse pour dissimuler la tâche laissée par un jaune d’œuf (pas douée, mais pleine de ressources). Alors le blanc en tenue intégrale ? Wow.
Vivre comme Eddie Barclay
Si je devais vous convaincre de porter du blanc, je vous dirais que la mode nous sort la tendance du total look blanc en hiver comme en été, depuis la nuit des temps. Que c’est donc une valeur sûre. Tout ceci est vrai, mais, ne nous mentons pas : ma seule envie de porter le total look blanc, c’est Eddie Barclay.
J’en vois déjà avec les yeux ronds. C’est sans doute la première fois qu’Eddie Barclay est porté au rang d’icône mode. J’assume. Et ce, malgré la phrase désopilante de la tante de l’écrivain Charles Dantzig pour qui : « À moins d’être proxénète ou acteur à Hollywood, c’est-à-dire employé de proxénète, jamais de blanc ! »
D’aussi loin que je me souvienne, Eddie Barclay passait sa vie au bord d’une piscine ou d’une plage de St Tropez, entouré de célébrités et de belles filles. Imaginez-vous, Saint-Tropez au mois d’août. Plein soleil. Pas une tâche de sudation. Un cocktail dans les mains pendant que vous parlez avec Jack Nicholson.
Sous son égide, le total look blanc ne représentait plus la pureté, mais le luxe, la jet-set. L’envie de vivre selon ses propres codes. Une décadence assumée, voire revendiquée. Et quelle meilleure période que les fêtes de fin d’année pour se vautrer dans l’opulence ?
Source: Lire L’Article Complet