Jean-Pascal Zadi (“Tout simplement noir”) : “En maternelle, on ne me donnait pas la main parce que j'étais noir"

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Avec son film Tout simplement noir, au cinéma mercredi 8 juin 2020, Jean-Pascal Zadi évoque les sujets brûlants de l’identité, du racisme ou encore du communautarisme… le tout avec humour. Le réalisateur a détaillé ses intentions et évoqué son parcours personnel lors d’une interview accordée à SIMONE.

C’est une sortie qui tombe à pic. Initialement prévu dans les salles obscures pour le mois d’avril, le nouveau film de Jean-Pascal Zadi, Tout simplement noir, a été décalé à cause du confinement lié à la crise du coronavirus. Résultat : il trouvera son public à partir du mercredi 8 juin 2020, un peu plus d’un mois après la mort de George Floyd, homme noir tué par un policier aux Etats-Unis. Un peu plus d’un mois après les manifestations antiracistes qui ont eu lieu après ce tragique événement outre-Atlantique mais aussi dans l’Hexagone et dans plusieurs autres pays. Un peu plus d’un mois après les manifestations, en France, menées par Assa Traoré pour son frère, Adama, mort en 2016, peu de temps après son interpellation par des policiers. Une sortie qui trouve sa place au coeur d’une actualité brûlante, donc, et qui évoque avec humour et dérision les questions d’identité, de racisme et de communautarisme à travers le sujet d’une marche des noirs. Dans une interview accordée à nos confrères de SIMONE, le réalisateur détaille ses intentions et revient sur sa construction en tant qu’homme noir Français. “Qu’on doive faire des marches pour réclamer l’égalité, c’est un peu… Cela fait un peu de peine”, confesse Jean-Pascal Zadi. “Mais au moins, moi, je vois toujours les choses de manière positive. Et je me dis que c’est positif qu’au moins, il y ait une prise de conscience de la société française. Cela ne devrait même pas être une revendication mais dans la vraie vie, j’aimerais juste être considéré comme un Français à part entière et avoir les mêmes droits que tout le monde, les mêmes opportunités que tout le monde.”

« Quand je suis né, je n’avais pas l’impression d’être noir »

Jean-Pascal Zadi s’est notamment confié sur les problèmes rencontrés dans son enfance. “En tant que gosse français, les seuls modèles que j’avais, c’était les footballeurs et les rappeurs. Je n’ai pas pu m’identifier à des hommes politiques, à des acteurs, des journalistes, des architectes… Même des boulangers ! Ce n’est pas normal”, lâche le cinéaste. “Quand je suis né, je n’avais pas l’impression d’être noir. C’est quand je suis arrivé à l’école que j’ai compris que j’étais noir. En maternelle, on devait se donner la main avant de rentrer dans la classe et moi, pendant toute l’année, il n’y avait personne qui voulait me donner la main parce que j’étais noir. Un jour, j’en ai eu marre et j’ai dit à la petite fille qui était devant moi : ‘Mais pourquoi tu ne me donnes pas la main ?’, elle m’a dit ‘Parce que t’es noir.’” Plus qu’un plaidoyer pour l’égalité, Tout simplement noir est aussi (et surtout) un divertissement. “Je ne voyais pas comment parler autrement de l’identité noire française, et questionner aussi le communautarisme”, avoue-t-il. Lors d’un entretien accordé au Monde, publié mardi 7 juillet, il précise que ses références culturelles sont “à 200% françaises” et cite Louis de Funès, Jean-Paul Belmondo ou encore Jean Gabin, “complètement [son] ADN.” Aujourd’hui, Jean-Pascal Zadi garde espoir. Il conclut : “Mes enfants grandissent dans une France où il y a Christiane Taubira au gouvernement, Harry Roselmack à la télévision, Omar Sy et Ladj Ly au cinéma, et même leur papa est cinéaste… Bon, les gens vont devoir se faire à l’idée qu’il y a des Noirs dans ce pays. Qu’on fait partie de son histoire et de son paysage. Les choses évoluent, ça avance, j’ai espoir. Je suis un vrai républicain.”

https://youtube.com/watch?v=f30SDEpozYQ%3Frel%3D0%26showinfo%3D1

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