Jugé ce vendredi à Créteil pour « outrage » et « rébellion » envers un policier alors qu’il couvrait une manifestation de sans-papiers en juin 2019 à Alfortville (Val-de-Marne),
le journaliste Taha Bouhafs a dévoilé la vidéo qu’il avait filmée de son interpellation et que l’AFP a pu consulter.
Ce 11 juin 2019, devant la société Chronopost, Taha Bouhafs filme avec son téléphone portable une manifestation de travailleurs sans-papiers pour le média en ligne Là-bas si j’y suis.
Un échange vif de quelques dizaines de seconde
Cette vidéo d’à peine trois minutes s’ouvre sur une poignée de manifestants rassemblés devant les portes de l’entreprise avec musique et banderoles aux couleurs des différentes organisations syndicales représentées sur place. L’ambiance est bon enfant. Mais alors que le journaliste tente de se rapprocher des grilles, survient le premier incident avec un policier en uniforme, qui demande à Taha Bouhafs de ne pas empiéter sur son « espace vital ».
Apparaît à l’écran un autre homme, en civil, capuche sur la tête : c’est lui qui accuse Taha Bouhafs d’outrage et rébellion et qui est accusé par le journaliste de violences. «- Il est où votre matricule ? », l’interpelle Taha Bouhafs. «- J’ai pas de matricule (…). Attention à ce que tu dis », rétorque immédiatement le policier.
L’échange, vif, dure quelques dizaines de secondes. Taha Bouhafs donne sa qualité de journaliste et accuse à plusieurs reprises le policier d’« avancer vers (lui) », de le « toucher », de le « frapper » ou de lui « mettre des coups ». Le policier conteste.
– « Vous mettez des coups (…), vous vous prenez pour un cow-boy ? ! (…) Vous vous croyez au-dessus de la loi ? ! », enchaîne le journaliste, avant de poursuivre : « Vous jouez les racailles hein ».
– « C’est ça ce que tu dis, que je suis une racaille ? (…) Fais attention à ce que tu fais », le met en garde une nouvelle fois le policier.
– « Vous m’avez mis un coup de poing », accuse encore Taha Bouhafs. – « Je t’ai repoussé, c’est tout », répond ce policier en civil.
Dans la foulée de cette mise en garde, il est interpellé par un autre policier en uniforme.
Un procès en correctionnelle
Entendu sur procès-verbal le jour même, le policier a déclaré, selon des éléments dont a eu connaissance l’AFP, que Taha Bouhafs a dit avant son interpellation : « T’es une racaille de flic » et qu’invité à réitérer les propos, le journaliste a répété : « T’es une racaille de flic ». Cette phrase précise, qui lui vaut le procès en correctionnelle, n’est pas audible dans la vidéo filmée par Taha Bouhafs.
Le procès doit s’ouvrir à 13H30.
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