Affaire Jeffrey Epstein : Ghislaine Maxwell débusquée et arrêtée par le FBI

Personnage central du trafic sexuel de mineures mis en place par le milliardaire Jeffrey Epstein et dans lequel est impliqué le prince Andrew, Ghislaine Maxwell a fait tout son possible pour éviter de se soumettre aux sollicitations de la justice. Le jeu du chat et de la souris a pris fin avec son arrestation aux Etats-Unis, dans le New Hampshire, et son inculpation.

Bientôt un an après le suicide en prison de Jeffrey Epstein, qui s’est soustrait par la mort à son procès, la cavale de Ghislaine Maxwell a pris fin : amie intime et bras droit supposé du financier américain dans l’organisation d’un véritable trafic sexuel de mineures, la fille du magnat britannique des médias Robert Maxwell a été arrêtée jeudi 2 juillet 2020 aux Etats-Unis dans l’Etat du New Hampshire, a révélé une porte-parole du FBI, Adrienne Senatore.

Accusée depuis des années par de multiples victimes, elle devait par suite être déférée le jour même devant un juge fédéral, tandis que le procureur du sud de New York se préparait à communiquer les chefs d’inculpation retenus contre elle au regard de « son rôle dans l’exploitation sexuelle et les abus sur de multiples jeunes femmes mineures par Jeffrey Epstein« , auxquels elle aurait aussi occasionnellement pris part. Ils incluent notamment « corruption de mineur en vue d’actes sexuels illégaux », « incitation de mineur à voyager pour commettre des actes sexuels illégaux », « corruption de mineur et conspiration de corruption de mineur avec l’intention de commettre des actes sexuels criminels », ainsi que deux chefs d’accusation de parjure.

Arrestation de Ghislaine Maxwell : la fin de onze mois de cavale

Depuis la mort d’Epstein, Ghislaine Maxwell faisait profil bas pour échapper aux sollicitations de la justice. Le jeu de cache-cache avec les enquêteurs a pris fin à 8h30 heure locale à une centaine de kilomètres au nord de Boston, à Bedford. Ciblée dans le cadre de l’instruction sur les agissements du milliardaire pédophile, elle avait jusqu’alors réussi à déjouer les tentatives de la faire comparaître en n’échangeant avec le système judiciaire que par le biais de ses avocats, lesquels refusaient d’accepter en son nom les poursuites la visant. En mars dernier, c’est même elle qui se pourvoyait en justice, devant un tribunal des Iles Vierges, pour obtenir une compensation financière de ses frais de justice sur l’héritage d’Epstein. En août 2019, il avait été dit qu’elle vivait à Manchester by the Sea, dans l’Etat du Massachusetts, chez Scott Borgerson, un homme d’affaires avec lequel elle aurait vécu une romance de plusieurs années. Des locaux certifiaient l’avoir vue en train de promener son chien sur la plage ou de faire son jogging et une querelle de voisinage portée devant la justice semblait attester que les deux vivaient bien ensemble, mais Borgerson avait démenti et affirmé ne pas savoir où elle se trouvait.

Amante, amie et maquerelle : près de vingt années au côté de Jeffrey Epstein…

Décrite en 2003 par Jeffrey Epstein, au cours d’un entretien qu’il avait accordé à la revue Vanity Fair, comme sa « meilleure amie » (elle fut même, un temps, un peu plus que cela…), Ghislaine Maxwell, née en France (d’une mère française) à Maisons-Laffitte (Yvelines) et élevée dans l’opulence à Oxford en Angleterre, avait fait la connaissance de celui-ci après être partie s’installer aux Etats-Unis en 1991, à la mort de son père, bien aidée par une rente mensuelle de 80 000 livres provenant d’un trust au Liechtenstein. Rapidement devenue une socialite en vue à New York, frayant avec les Ivana Trump et consorts, elle n’avait pas tardé à faire la connaissance de Jeffrey Epstein lors d’une soirée, alors qu’elle venait de se séparer du comte Gianfranco Cicogna, d’une riche famille du monde de l’hôtellerie. En couple pendant quelques années, ils allaient rester liés à vie, Ghislaine étant tantôt décrite comme sa « petite amie principale« , tantôt comme son « exécrable assistante« . Dans les faits, elle était celle qui organisait la majeure partie de la vie d’Epstein, y compris sa fréquentation abusive de très jeune filles.

A la lumière des témoignages de victimes surgis en masse après l’arrestation de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell aurait en effet joué un rôle central dans le processus de « recrutement » des jeunes femmes abusées sexuellement par le milliardaire, se chargeant de les repérer, de les embrigader et de les former pour les mettre à sa disposition… et celle de certains de ses amis. Le prince Andrew, ami de longue date de la socialite, ferait partie de ceux-là, même s’il continue, aujourd’hui encore, à s’en défendre en dépit de sa dernière tentative de dénégation lamentable (une interview télévisée « vérité » qui s’est avérée être un désastre) : c’est elle, en effet, qui a présenté les deux hommes, et le trio a par la suite entretenu une amitié durable (le duc d’York avait été jusqu’à inviter le duo à Sandringham, fief de la reine, pour les 39 ans de Ghislaine, en 2000). Amitié qui a même résisté à la peine de prison purgée à la fin des années 2000 par l’Américain pour prostitution de mineure.

Le témoignage de Virginia Giuffre, l’esclave sexuelle chargée de « divertir » le prince Andrew

La première à avoir brisé publiquement le silence sur Jeffrey Epstein après avoir été son « esclave sexuelle » pendant plusieurs années alors qu’elle était mineure, Virginia Giuffre (à l’époque, Roberts) avait dès les années 2000 témoigné en détail, révélant comment elle avait été recrutée à 15 ans, en 1998, par Ghislaine Maxwell pour être la « masseuse personnelle » du magnat et comment elle avait en réalité formée à lui prodiguer des services sexuels puis mise à la disposition du prince Andrew lors de trois entrevues, dont une organisée en 2001 au domicile londonien de la même Ghislaine Maxwell. « J’avais l’impression, relata-t-elle, que Ghislaine et lui se souciaient réellement de moi, on faisait des trucs de famille, comme regarder Sex and the City en mangeant du popcorn. Mais c’était une famille de cinglés. J’étais la favorite d’un pédophile, qu’il entraînait pour un prince britannique. Il m’a appris à faire tout ce qu’un homme désire. J’étais inquiète, mais prête à faire n’importe quoi pour qu’il soit content et pour rester sa fille numéro un. »

A propos de son premier rendez-vous arrangé avec le fils de la reine Elizabeth II, elle raconta : « Ghislaine a fait entrer Andrew et nous nous sommes fait la bise, comme il est d’usage. Ghislaine a servi le thé. Elle connaissait Fergie – j’ai déduit que c’était la femme du prince [ex-femme, pour être exact, NDLR] – et ils se sont mis à parler très affectueusement, avec Andrew, de ses filles. Ghislaine a alors fait une de ses devinettes préférées et a demandé à Andrew de deviner mon âge : il a deviné que j’avais 17 ans, et ils ont tous ri, Ghislaine plaisantant sur le fait que je devenais trop vieille pour Jeffrey. « Il va bientôt devoir l’échanger », a-t-elle dit. Son goût pour les jeunes filles était notoire ». » Suite à la révélation en janvier 2015 de ces éléments issue d’une plainte au civil déposée par Virginia, Ghislaine Maxwell avait opposé un démenti formel, niant avoir joué les entremetteuses pour son ami Epstein et avoir facilité des abus sexuels par le prince Andrew.

Depuis, de nombreuses autres plaignantes se sont manifestées, dénonçant de manière crue son rôle, dont elle va désormais devoir répondre.

Source: Lire L’Article Complet