80 % des adolescents sont touchés par l’acné. Qu’elle soit à peine visible ou au contraire sévère, une absence de prise en charge peut avoir des répercussions sur la vie sociale et sur l’estime de soi. Des cicatrices parfois irréversibles qu’il est pourtant possible d’éviter. Conseils.
Quand on pense à l’acné, on pense à la puberté, aux cheveux gras, aux points noirs… Bref, à une période de la vie où l’image de soi et l’image du corps sont le plus souvent mises à mal. L’acné, cette affection dermatologique qui touche environ 80 % des adolescents n’est donc jamais bien vécue. Elle se manifeste par l’apparition de boutons généralement localisés sur le visage et dans le haut du dos. A cette atteinte physique violente du visage et du haut du corps, peut s’ajouter un retentissement psychologique violent, et ce même s’il n’y a que deux ou trois boutons.
L’acné est plus ou moins sévère selon l’étendue et le type de lésions qu’elle provoque. – L’acné mineure : quelques boutons et points noirs apparaissent sur le visage. – L’acné moyenne : des boutons rouges infectés ou pas apparaissent également et peuvent gagner les épaules et le dos. – L’acné sévère : des petites bosses douloureuses incolores (nodules) et remplies de liquide (kystes) sont présentes et laissent des cicatrices. |
Acné à l’adolescence : un lien avec l’alimentation ?
Le lien se confirme. Si de plus en plus d’adolescents souffrent d’acné, il semble que nos habitudes alimentaires et en particulier les aliments sucrés jouent un rôle. « Nous avons le sentiment, car ce n’est pas fondé sur des données scientifiques, qu’il existe un lien direct entre notre mode de vie occidental et l’acné, explique le Pr Wolkenstein, Professeur de dermatologie à l’Université Paris-Est Créteil. Par exemple, on a remarqué que les populations exclues de sucres raffinés n’ont pas d’acné. Ainsi, le jour où le mode de vie occidental a été importé en Asie, avec notamment l’arrivée des glaces, des sodas et autres produits sucrés, les populations ont commencé à avoir de l’acné. »
Acné et estime de soi à l’adolescence
L’acné est une pathologie qui se voit. Inesthétique, elle contraint les jeunes qui en sont affectés à mettre en place des stratégies d’évitement : votre adolescent se cache ou tente de camoufler ses lésions, par exemple en utilisant un maquillage parfois inadapté quitte à aggraver l’acné. Et lorsque l’entourage minimise la situation, les ados trinquent. « On ne va pas prendre rendez-vous pour ça », « ça guérira tout seul » ou encore « moi aussi j’en ai eu à ton âge« … Résultat : l’adolescent acnéique peut parfois se sentir impuissant et isolé pour réagir. « On assiste à un combat complexe entre parents et enfants : les premiers relativisent, les seconds veulent à tout prix un traitement », analyse la dermatologue et psychanalyste Sylvie Consoli. Les parents d’adolescents acnéiques peuvent alors passer à côté d’une réelle souffrance engendrée par l’acné. Ainsi, par méconnaissance ou par crainte, par peur aussi de ne pas trouver les bons mots pour aborder un sujet qui touche à l’image de soi, ce sont des mois de prise en charge qui sont perdus.
En outre, l’acné sévère peut être vécue comme un handicap. En effet, les boutons d’acné affectent leur vie quotidienne, leurs soirées, ou leurs relations avec leur ami(e). A cet âge, les jeunes vivent mal cette période de l’adolescence. Certains évitent même les vestiaires publics ou le port de maillot de bain et se renferment sur eux-mêmes. Il est donc essentiel que les proches des acnéiques puissent déterminer si la maladie est vécue comme une souffrance et qu’ils puissent accompagner leur enfant dans sa démarche de prise en charge. A la fois pour le convaincre de consulter, mais aussi pour suivre le traitement. Et surtout pour faire en sorte qu’il ne se décourage pas par ses effets secondaires ou sa durée.
L’acné et problèmes de peau : un fardeau chez les ados
A 19 ans, Anaïs souffre d’acné. Ce « fardeau » qu’elle traîne depuis ses 8 ans a un réel impact sur son quotidien. « Aujourd’hui, j’ai perdu toute confiance en moi, explique-t-elle. Depuis mon enfance j’entends des moqueries sur mon visage. Les gens, adultes, enfants, adolescents sont de cruelles personnes dès lors qu’une personne est différente… Ils vous méprisent et cela entraîne beaucoup de choses dans la vie d’une jeune adolescente qui est en quête de bien-être intérieur mais qui ne peut à cause du regard quotidien des gens. […] Les angoisses sont constantes… Dès que je sors, je stresse... »
L’acné fragilise. « Sur un adolescent fragile, un épisode dépressif peut s’installer, prévient le Dr Consoli, dermatologue et psychanalyste. Et tout le problème, c’est qu’il n’est pas facile à dépister. « Généralement ceux qui ne s’en plaignent pas sont d’ailleurs les plus sujets aux dépressions. » Et pour cause : l’adolescent a du mal à dire qu’il a envie d’être beau et séduisant. « Il est primordial qu’il puisse s’occuper de lui et de son bien-être. Il faut aussi l’aider à s’exprimer. Proposer de prendre rendez-vous, l’accompagner, garder un lien. L’ado doit lui-même prendre en charge son acné de manière active. »
Acné à l’adolescence : prévenir les cicatrices
Tout le problème de l’acné, c’est que si l’on ne fait rien, des lésions parfois profondes apparaissent jusqu’à laisser des cicatrices. Des cicatrices le plus souvent irréversibles ou en tout cas difficiles à effacer malgré les progrès techniques en dermatologie esthétique. En revanche, prévenir leur apparition est possible, à condition d’être pris en charge par un dermatologue le plus tôt possible.
Acné chez l’ado : consultez un dermato
L’acné sévère nécessite systématiquement une prise en charge par un dermatologue. Comment se déroulent les consultations ? D’abord, le dermatologue catégorise l’acné (mineure, sévère…) et évalue les conséquences psychologiques et sociales qu’elle engendre chez l’adolescent. Il s’agit de noter tous les effets collatéraux qu’a l’acné : chute des résultats scolaires, isolement social, arrêt des loisirs, etc. « Il faut savoir que 15 % des acnéiques ont des idées noires« , précise le dermatologue. Le traitement mis en place par le spécialiste tient donc compte à la fois de la sévérité objective de l’acné et du retentissement psychologique qu’elle engendre. « On ne traite pas l’acné, on traite des patients avec des profils spécifiques. »
Comment traiter l’acné à l’adolescence ?
Non seulement il existe des traitements efficaces mais surtout il ne faut pas relativiser le mal-être des adolescents. « Il y a encore beaucoup d’idées reçues autour de l’acné, y compris chez les parents. Les personnes manquent d’informations. Soit elles pensent qu’il n’existe pas de traitements, soit elles sont résignées. Elles pensent que l’acné va disparaître avec le temps… Enfin, il y a encore beaucoup d’ignorance vis-à-vis des traitements et en particulier de l’isotrétinoine [Roaccutane® et génériques, NDLR]. Il a la réputation d’être un traitement dangereux. En réalité, sa balance bénéfice / risque penche clairement en faveur des bénéfices. D’abord, ce médicament est réservé aux acnés sévères. Ensuite, en cas de prescriptions les patients sont très suivis et la prescription est cadrée. Néanmoins, la prise en charge de l’acné demande du temps ».
Les bons gestes à transmettre à son ado
Pour un adolescent ou une adolescente qui a une peau normale, une toilette quotidienne est nécessaire, en utilisant un savon ou un pain surgras ou un syndet liquide. En cas d’acné, ce conseil reste vrai, mais de préférence avec des produits dédiés aux peaux acnéiques. Il faut éviter l’application de fonds de teint et de cosmétiques gras car ils aggravent l’acné. L’utilisation de crèmes teintées ou de crèmes hydratantes conçues pour les peaux acnéiques est néanmoins possible. Il faut traiter toute acné, mais les moyens sont très variables d’un cas à l’autre et il faut prendre conseil auprès du pharmacien ou du généraliste et de préférence auprès du dermatologue. Évitez par ailleurs les savons agressifs pour la peau et ne surtout pas céder à la tentation de presser les boutons…
L’acné chez les garçons
Il existe une grande disparité de prise en charge en fonction du sexe. Même si la souffrance engendrée par l’acné et les conséquences sur la qualité de vie sont identiques chez les garçons et les filles, ces dernières sont mieux prises en charge parce qu’elles sont dans l’action. Au contraire, les garçons sont généralement plus résignés vis-à-vis des traitements. Culturellement, ils sont plus timides pour s’exprimer sur leur peau ou pour en prendre en soin. C’est vécu comme quelque chose de dévalorisant. Chez les filles, c’est tout le contraire : la peau est très investie, c’est un organe à part entière et elles ont envie de trouver des solutions.
Acné : comment rassurer son adolescent ?
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Le plus important, c’est de ne pas perdre le lien. D’autant que l’adolescent s’exprime rarement. Il faut donc trouver un juste milieu entre des paroles trop raides qui peuvent être sujet de rejet et au contraire une attitude qui minimiserait la réalité des choses. Il ne faut pas éviter le sujet et être franc, neutre et concret. Par exemple en disant « est-ce que tes boutons t’inquiètent ? » ou encore « j’ai l’impression que tu souffres à cause de tes boutons ». Et cela même si l’adolescent n’a que 2 ou 3 boutons car il peut en souffrir terriblement. Les répercutions psychologiques ne sont pas proportionnelles à la gravité de l’acné. Enfin, il faut vraiment arrêter avec les idées reçues du type « s’il a des boutons c’est parce qu’il est sale ». N’accusons pas nos ados de tous ses maux !
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