Femme et séropositivité : halte aux idées reçues !

« On a du mal à assimiler le VIH comme une maladie chronique, alors que les grossesses peuvent être compliquées pour plein d’autres maladies ! » Accès aux soins, à l’emploi, préjugés, selon les pays et les mœurs, les femmes font face à un risque accru de discrimination. Pourtant aujourd’hui, il est possible de bien vivre le VIH. Quels sont les moyens d’actions contre cela ?

Vulnérabilité, accès aux soins, tabous autour de la sexualité et du virus, les femmes exposées au VIH ou vivant avec font face à un risque accru de discriminations et de stigmatisations. Quels sont les moyens d’actions contre cela ?
Le VIH est toujours présent en France et dans le monde et chaque année des personnes découvrent leur séropositivité. Pourtant, il est aujourd’hui, possible de stopper l’épidémie et d’offrir un monde sans sida aux nouvelles générations. La prévention et le dépistage sont les clés pour stopper l’épidémie.
Première association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales en France, AIDES organise le 4 juillet un e-événement intitulé #fêtelamour pour célébrer l’amour sous toutes ses formes, parler sexe, prévention et dépistage, et récolter des dons pour financer la lutte contre le VIH/sida.

Les femmes plus vulnérables face au VIH

En 2009, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publie un rapport, « Les femmes et la santé », qui constate que le risque de transmission du VIH d’un homme séropositif à une femme est de deux à quatre fois plus élevé que le risque de transmission du VIH d’une femme séropositive vers un homme. En 2019 en France, près d’un tiers des découvertes de séropositivité concernent des femmes, et le sida reste la première cause de mortalité dans le monde chez les femmes de 15 à 44 ans. Si les femmes cisgenres sont biologiquement plus vulnérables face au VIH, elles le sont aussi à cause des inégalités de genre, des violences sexistes et sexuelles et des conditions de vie précaires que subissent beaucoup d’entre elles, en France et dans le monde. En effet, les femmes les plus touchées par l’épidémie sont celles qui cumulent plusieurs facteurs de vulnérabilité et de stigmatisations : femmes issues de l’immigration, les travailleuses du sexe ou les usagères de drogues par exemple.
Si l’exposition au VIH concerne donc les femmes à des degrés différents en fonction de leur statut social, origines ou facteurs de vulnérabilité, toutes celles qui découvrent leur séropositivité peuvent être concernées par les discriminations et les stigmatisations liées au virus dans de nombreux aspects du quotidien. Par exemple, sur le plan professionnel.
Anne Bouferguène est une femme d’affaires française. Elle découvre à 15 ans qu’elle est contaminée par le VIH, à une époque où on pensait ne pas pouvoir en survivre, elle a choisi de livrer son histoire une fois devenue adulte et ayant réussi une brillante carrière dans le secteur du tourisme. Elle a dû taire son statut pendant 15 ans pour éviter d’être confronté à des jugements négatifs ou la réduisant à sa séropositivé. Aujourd’hui encore, elle en parle mais préfère le plus souvent ne pas l’évoquer : « Mon statut de personne séropositive ne me définit pas ! Il y a un stigma lorsqu’on parle du VIH. En tant que personne séropositive, aujourd’hui il y a un sujet lourd pour les autres, pas pour moi ! Or on n’aime pas avoir de sujet lourd pour les autres donc on se tait. Pourtant aujourd’hui on vit bien avec le VIH. »

Quelles spécificités liées au VIH pour les femmes ?

Le virus s’est diffusé massivement parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, qui sont apparus comme le premier groupe concernés au début des années 80. Les femmes étaient moins visibles, peu incluses dans les messages de prévention au début.
C’est notamment avec la diffusion de l’épidémie en Afrique, notamment en Afrique du Sud où elles représentent la majorité des personnes contaminées, a conduit à les rendre plus visibles. Elles restent cependant peu sollicitées dans les essais cliniques, alors que le dosage des traitements pour des hommes ne correspond pas nécessairement aux besoins des femmes
Dans une maladie stigmatisante, ne pas être représentée c’est difficile. Anne raconte ainsi le poids de cette solitude : « J’étais hors cadre, marginalisée avant la sortie de mon livre car je n’avais pas rencontrée de personnes pareilles que moi !»
Sur le plan de la maternité, les grossesses sont accompagnées médicalement dans des unités où ne se trouvent que des femmes séropositives. « Ça peut être sécurisant pour celles qui voulaient garder cela secret, mais lourd aussi d’être séparée du reste. D’autant qu’on pouvait parfois ressentir du jugement moral de la part de l’extérieur. On a du mal à assimiler le VIH comme une maladie chronique parmi d’autres ; alors que les grossesses peuvent être compliquées pour plein d’autres maladies chroniques comme le diabète par exemple. » raconte Anne, mère de deux enfants séronégatifs.

Comment lutter contre le virus et les préjugés qui y sont associés ?

Lorsque l’on pose la question à Anne, la réponse donne l’ampleur de la tâche : « il faut déconstruire la représentation du virus. Aujourd’hui on vit avec, il ne faut pas être terrorisé à l’idée d’être séropositif : mieux vaut le savoir et traiter cela vite, que de préférer l’ignorer et risquer de le propager ! »
L’essentiel passe par la sensibilisation sur le sujet. L’éducation est un moyen fort et primordial pour une action nette contre le VIH et pour lutter contre les discriminations envers les femmes séropositives.
La prévention autour de la sexualité dès l’enfance est un moyen de faire entrer dans les mœurs la connaissance du VIH. Ne pas avoir peur d’en parler, faire entrer naturellement le sujet dans les conversations et informer, coûte que coûte.
Si dès l’enfance, l’action de sensibilisation doit être engagée, elle doit aussi continuer en grandissant. Une femme, tout comme un homme, devrait donc pouvoir être renseignée sur ces questions pour pouvoir accéder aux outils de prévention afin de se protéger soi et les autres et accéder aux soins lorsqu’ils sont nécessaires. Informer, c’est aussi permettre de déconstruire les préjugés sur la sexualité et le VIH et combattre les discriminations et les stigmatisations. .
 » C’est une question de responsabilité aussi, de prendre en charge sa santé sexuelle » rappelle Anne avec le sourire.

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