The Great Green Wall : un mur d'arbres de 8000 km et un documentaire écologique et musical au Sahel

Comédienne, musicienne et activiste pour le Droit des femmes et contre le changement climatique, l’artiste malienne Inna Modja nous entraîne dans un voyage au long du Sahel, autour du projet écologique de la Grande Muraille Verte. Rencontre.

The Great Green Wall – Avec Inna Modja

  • Sortie le 22 juin 2020

THE GREAT GREEN WALL est Le projet ambitieux de faire pousser un mur d’arbres de 8 000 km s’étendant du Sénégal à l’Ethiopie. Cette ceinture doit lutter contre la désertification progressive de la région due aux changements climatiques mais également d’éviter les conflits croissants et les migrations massives. La musicienne malienne Inna Modja nous accompagne dans ce voyage musico-écologique le long de cette grande muraille verte et nous aide à comprendre ce qui n’est plus uniquement un enjeu africain mais mondial !

AlloCiné : Comment résumeriez-vous le projet de cette grande muraille verte, baptisé « The Great Green Wall » ?

Inna Modja : C’est un projet qui s’engage sur la lutte contre la désertification et plus globalement le changement climatique dans le Sahel. C’est une région qui couvre le sud du Sahara, qui s’étend du Sénégal jusqu’à Djibouti, tout le long de l’Afrique. Le projet consiste à planter des millions d’arbres pour créer une ceinture tout le long de cette zone. Une fois achevé, ce sera la structure vivante la plus grande jamais créée par l’Homme. Quand il sera achevé, cela représentera à peu près trois ans et demi de circulation automobile en Californie en terme d’absorption de CO2. Mais il ne s’agit pas seulement de planter des arbres, mais aussi d’aider les communautés à faire face aux différents problèmes provoqués par le changement climatique et le réchauffement de la planète : le manque de ressources alimentaires, les conflits, la migration…

Frankenstein Bande-annonce VF
Lorsque le Monstre se réveille dans un laboratoire scientifique, il ne sait pas qui il est : c’est encore un enfant dans un corps d’adulte. Il est innocent, mais la violence qu’on lui inflige lors de tests médicaux va lui faire découvrir l’existence d’un monde étrange, sombre et cruel. Blessé et livré à lui-même, il sillonne la ville, suscitant la crainte et l’effroi chez ses habitants.


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    exceptionnellement riche, féconde et diverse, émaillée de dizaines de classiques
    qui ont fait le tour du monde et inspiré des générations de jeunes artistes. Mais derrière cette image légendaire se profile l'histoire émouvante, méconnue, d'une vie, l'itinéraire d'un homme qui réussit à surmonter ses handicaps et ses drames personnels.


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    Comme vous le dites dans le documentaire, ce film montre une autre image de l’Afrique aux Africains, mais aussi au reste du monde. C’était important pour vous d’inspirer à la fois les gens sur place et de changer le regard qu’on peut avoir sur le continent africain ?

    Absolument. Vous savez, en tant qu’Africaine et en tant que fille du Sahel, quand je vois les JT ou la façon dont certains médias parlent de l’Afrique, je lève les yeux au ciel… Oui il y a ça, mais il y a tellement d’autres choses. J’avais envie d’avoir un spectre beaucoup plus large, de montrer MON Afrique dans laquelle j’ai grandi. Que ce soit dans les personnages, la modernité ou les modes de vie. On sait parfois beaucoup plus ce qu’il se passe sur Mars que ce qu’il se passe en Afrique ! Et surtout on montre l’Afrique comme un seul pays… C’est un continent, avec cinquante-quatre pays ! Avec des cultures et des sous-cultures différentes. J’avais envie que le film montre ça.

    Et cela passe notamment par la musique.

    Tout au long du voyage, la musique est très présente parce qu’elle est très présente dans nos vies quotidiennes. J’ai grandi à Bamako au Mali, où la musique est extrêmement présente, et c’est le cas dans le reste du Sahel. Les femmes que j’ai rencontrées plantent en musique et en chantant, par exemple. Ca fait partie des quotidiens. La musique devait être l’un des protagonistes du film, c’était impossible de le dissocier. Je suis musicienne et je pense que c’est un moyen à travers lequel je peux exprimer le message, du plus dur au plus doux, et inversement. A travers la musique, ça passe mieux.

    Où en est le projet au moment où nous parlons ?

    En dix ans, le projet a avancé de 15%. Sur la prochaine décennie, nous devons donc avancer de 85%. Il y a donc cette urgence, mais on n’a plus le choix. On est à un carrefour où l’on peut aller dans un sens catastrophique comme dans un sens bénéfique. Personnellement, j’ai grandi dans un environnement où je n’ai pas eu d’autre choix que de me battre : j’ai donc de l’espoir, pas parce que je suis naïve mais parce que je suis résiliente et battante. Les gens qui vivent dans ces régions sont encore plus battants, et l’Afrique est un continent extrêmement résilient. L’idée est de rallier des gens derrière des projets comme The Great Green Wall, et de se battre pour que ça se réalise. Si l’Homme a pu aller sur Mars, on peut planter des arbres et on peut créer des opportunités pour les gens. Ce n’est pas impossible. Il faut juste le faire, sans relâche en monitorant l’avancement, et que chaque pays engagé fasse sa part du travail. Il faut aussi rendre les gens responsable, que chacun prenne le leadership. Il faut que dans dix ans, ce soit fait. On ne peut pas laisser une planète pourrie à la génération d’après. Je suis d’une génération qui a recolté beaucoup de problèmes de la génération d’avant, et la planète en fait partie.

    Justement, dans cinquante ans, quand Inna Modja sera grand-mère et se retournera sur ce projet, qu’avez-vous envie de voir ?

    (Rires) J’espère déjà pouvoir me retourner dans dix ans et me dire que nous y sommes arrivés. Ou qu’on s’est approché des 100%. Avant ça, je n’aurai pas de répit. Et j’essaie d’inciter le maximum de personnes à nous suivre dans cette histoire. The Great Green Wall se passe certes en Afrique, mais c’est bénéfique pour le monde entier. Comme la forêt amazonienne. Nous pouvons y arriver.

    A propos de votre implication, on voit dans le film la façon dont les enfants vous regardent, et ce que vous représentez pour eux. Est-ce que ce n’est pas parfois trop lourd à porter d’être Inna Modja ?

    Absolument pas. Même si je n’étais pas Inna Modja, je porterais ce poids-là. Je veux le porter, parce que je pense que je peux faire une différence, et que chaque personne à côté de moi peut faire une différence. Pas parce que je suis spéciale, mais parce que j’ai envie et que je consacre la moitié de mon temps à mon activisme. Je pense que c’est possible. Et j’ai envie de le montrer à ces petites filles. J’y suis arrivée, moi petite fille de Bamako, à la force de mon travail, de ma volonté et de ma détermination. Si je peux y arriver, elles peuvent y arriver aussi. Il s’agit juste de leur donner des figures et des exemples, car la représentation compte. Mais il n’y a pas que moi. Il y a énormément d’autres femmes. Par exemple, si Miriam Makeba n’avait pas existé, j’aurais eu énormément de mal à me projeter. Elle était la représentation de l’activisme, de l’artiste et de la femme africaine. Grâce à ça, je me suis dit enfant que je pouvais aussi faire des choses grandioses. J’ai envie que moi, mes consoeurs et les différents femmes qui se battent dans leur métier -au-delà de la musique et de l’art en général- montrent à nos petites soeurs et à nos filles que c’est possible. Je veux faire ma petite part du travail pour inspirer des petites filles à réaliser ce qu’elles veulent devenir. Quand on est une femme noire africaine, on est vraiment la dernière roue du carrosse. On doit prouver plus et se battre encore plus, et faire bouger les lignes.

    Dans le film, il y a un échange savoureux autour de Thomas Sankara et Black Panther. Quel regard portez-vous sur le film Marvel et sur son impact ?

    C’est extraordinaire. Je l’ai vu trois ou quatre fois, je crois. Chaque fois que j’allais voir le film, je regardais les réactions autour de moi, et je voyais les yeux émerveillés des gamins sur ce super-héros africain qui représente tout ce qu’ils ont voulu être depuis tout petit. C’est le début d’une belle conversation. Le cinéma peut clairement donner la place à un cinéma basé en Afrique : les réalisateurs africains ont, je l’espère, une porte ouverte pour racontre d’autres types d’histoires. C’est ça qui rend riche le cinéma. On veut des histoires variées, parce qu’on existe mais on n’est pas vu. Et on a besoin d’être vus et entendus. C’est le début d’une nouvelle ère qui sera, j’espère, confirmée par la suite par d’autres Black Panther mais aussi d’autres films indépendants qui montreront d’autres cultures et d’autres modes de vie.

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