VIDEO – Charles de Gaulle : qui est Anne, sa fille trisomique, son « moteur »

Il y a 80 ans, Charles de Gaulle prononçait le célèbre appel du 18 juin, demandant à la France de résister. Cette année, la Fondation Anne de Gaulle lance un autre appel pour les personnes déficientes intellectuelles. Le nom de l’organisation est inspiré par la fille du général, atteinte de trisomie 21.

Certaines journées restent ancrées dans la mémoire collective. D’autres réussissent à marquer l’Histoire de leur empreinte indélébile. Le 18 juin 1940 fait partie de ces moments d’exception. Ce jour-là, Charles de Gaulle prononce un appel à la résistance, alors que le maréchal Pétain s’apprête à signer l’armistice avec l’Allemagne. A l’occasion des 80 ans de cet événement historique, la Fondation Anne de Gaulle lance un autre appel pour écouter les personnes déficientes intellectuelles et mettre la technologie au service du handicap mental. Elle prévoit notamment d’ouvrir d’ici 2022 une nouvelle structure mêlant hébergement et innovation.

Mais qui se cache derrière le nom d’Anne de Gaulle ? Seules demeurent quelques rares photos, dont une, la plus célèbre, prise en 1933. Anne a alors cinq ans, et pose sur les genoux de son père, le Général de Gaulle. « On voit qu’il essaye de communiquer avec elle, de montrer sa tendresse. Il avait une grande attention pour elle. Quand elle décède à l’âge de 20 ans, il dit qu’elle a été pour lui à la fois une épreuve, car c’était difficile de s’occuper de cette petite fille, mais en même temps une grâce, car pour ce grand catholique, elle incarnait l’innocence et l’être faible qu’il faut protéger« , analyse l’historienne Frédérique Neau-Dufour, sur France 2, à l’occasion d’une émission spéciale ce 18 juin 2020. Car Anne, la « joie » du grand Charles, n’est pas comme les autres. Elle est atteinte de trisomie 21.

« Elle m’a donné le cœur et l’inspiration »

La petite fille naît en 1928, après un accouchement difficile d’Yvonne de Gaulle, qui lui laissera des séquelles physiques. Pour le couple légendaire, l’arrivée de cette enfant à part est une bénédiction. La fragilité d’Anne nourrit l’humanité de Charles de Gaulle, incapable de dire non à sa fille. Comme le relate Paris Match, le militaire est prêt à céder à toutes ses exigences. La veille de la Seconde Guerre mondiale, alors en poste à Metz, il fait ouvrir les grilles du jardin botanique dès 7 heures du matin, quand le temps le permet. Il veut qu’Anne puisse déambuler dans le jardin sans que les passants la fixent, intrigués par cette petite fille au visage singulier et la démarche difficile.

Même exilé en Angleterre, le général sait se dégager du temps pour profiter d’Anne, prise de passion pour son képi avec lequel elle peut jouer pendant des heures. Il n’y a d’ailleurs qu’avec elle que le grand homme manifeste des gestes d’affection, lui qui est si avare avec le reste de son entourage. Comme il l’avouera à son biographe, Jean Lacouture, Anne est son moteur. « Sans (elle), peut-être n’aurais-je jamais fait ce que j’ai fait. Elle m’a donné le cœur et l’inspiration », confiera-t-il. Sa mort en 1948, due à une pneumonie, laisse Charles de Gaulle inconsolable. Lors de son enterrement, l’homme, pourtant d’une stature sans pareil, s’effondre dans les bras du prêtre. Pour rendre hommage à Anne, ses parents, qui avaient créé en 1945 une fondation pour les personnes déficientes intellectuelles, donnent son nom à l’organisme.

Le parcours difficile de son interprète au cinéma

72 ans après son décès, le réalisateur Gabriel Le Bomin a redonné vie à la petite fille dans le film De Gaulle, avec Lambert Wilson et Isabelle Carré. Clémence Hittin incarne Anne. Tout comme son personnage, l’adolescente est atteinte de trisomie 21. Et elle, qui a pu crever l’écran dans le rôle de la fille de Charles de Gaulle, connaît une histoire tout aussi difficile en raison de son handicap. En février dernier, sa mère lançait un appel à l’aide, alors que la jeune actrice vivait recluse chez elle, dans l’impossibilité de suivre un parcours scolaire adapté. « Aujourd’hui, il y a bien sûr la fierté, l’euphorie, l’émotion vive avec la sortie du film, et la fin de cette aventure commencée il y a un an par le plus grand des hasards, poursuit-t-elle. Nos cœurs sont pourtant lourds… Lourds d’inquiétude parce qu’en parallèle, il y a aussi et toujours la déscolarisation de Clémence », écrivait Agnès Hittin sur les réseaux sociaux.

Depuis décembre 2019, l’adolescente ne pouvait en effet plus se rendre à l’école, la faute à un manque de places criant dans des structures adaptées. Sa mère, qui s’est battue sans relâche pour trouver un établissement, a finalement pu voir ses efforts récompensés le 29 mai dernier. Dès ce mois de juin, Clémence passera une ou deux journées à l’école et sera, par la suite, accueillie à temps plein en septembre. « Elle est hyper contente », a dévoilé Agnès Hittin au Figaro. « Elle connaît des enfants qui sont là-bas, et l’établissement peut l’accueillir jusqu’à ses 20 ans. Pour nous, le soulagement est énorme.« 

Crédits photos : Capture d’écran – France 2

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