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On les appelle les décrocheurs. Ils sont quelque 80 000 jeunes à quitter chaque année l’école sans diplôme ni qualification. Malgré les difficultés scolaires, certains rebondissent.
En première, Elsa s’ennuyait terriblement. « Toute ma scolarité, j’ai essayé d’entrer dans le moule. En vain… Je n’étais pas faite pour m’instruire sur les bancs de l’école. » Au point de quitter le lycée pour effectuer un stage et suivre des formations à l’entrepreneuriat et finalement passer son bac en candidat libre. Obtenu avec mention ! À 19 ans, elle vient de publier Hack ton bac*. « Avec ce manuel de développement personnel, je veux prouver aux jeunes lycéens qu’on peut réussir dans la vie en dehors du circuit classique « , clame la jeune entrepreneuse. En France, près de 80 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif sans diplôme. Complexe d’infériorité, manque de confiance en soi, pression scolaire trop importante, refus de la compétition… De multiples facteurs expliquent ces phobies scolaires. D’autres éléments participent à ces difficultés précoces d’apprentissage, comme le milieu social ou la non-mixité des élèves dans certains établissements, selon le dernier rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco). Pour remédier à ces déscolarisations qui éloignent les jeunes du marché du travail, des solutions ont été mises en place. Il existe ainsi, à l’échelon local ou national, de nombreux dispositifs qui permettent aux décrocheurs de trouver leur voie (cf encadré). Des efforts qui semblent porter leurs fruits. Le Ministère de l’Éducation estime à 9,3% la proportion d’élèves déscolarisés contre 13% dix ans plus tôt. Outre les nécessaires apprentissages, renforcer la confiance en soi reste primordial. C’est le concept des « Cancres », une nouvelle série diffusée sur RMC Story. Des personnalités comme Gad Elmaleh ou Adrien Aumont, fondateur de Kiss Kiss Bank Bank (1) y racontent leur scolarité en dents de scie à des élèves en difficulté. Avec la même ambition, la cérémonie des Re.starts Awards organisée par la Caisse d’Épargne récompense chaque année ceux qui ont su transformer leurs déboires scolaires en réussite. Parmi les lauréats de cette année figurait Arash Derambash. Avec neuf redoublements au compteur, ce multi-décrocheur est devenu avocat à 37 ans ! *Hack ton bac, le Guide pour réussir au lycée, de Elsa Cohen, Massot Éditions, 22,90 €; (1) site leader de financement participatif
» J’ai pris confiance en moi en travaillant « : Flore, 21 ans, assistante de direction
« Durant toute ma scolarité, je me suis sentie oppressée. J’avais la sensation de ne pas progresser et m’inquiétais beaucoup pour mon avenir. J’avais beau ne pas être une mauvaise élève, je manquais cruellement de confiance en moi. Mes parents insistaient pour je passe mon bac, mais j’ai décroché en première et ne suis pas parvenue à passer l’examen en candidat libre. J’avais besoin d’apprendre sur le terrain, pas dans les livres. À 18 ans, j’ai voulu partir au Canada pour apprendre l’anglais. J’avais besoin d’un grand changement, de m’éloigner de ma famille. Je suis revenue avec un diplôme d’anglais, mais mes idées étaient toujours très confuses. Mon père m’a aidé à décrocher un stage dans une start-up qui fabriquait des culottes menstruelles. Très vite, j’ai gagné en confiance en moi. Je me sentais utile et valorisée dans mon travail. Après un autre stage, il m’a proposé d’intégrer l’entreprise familiale, Boldoduc,spécialisée dans le textile technique. Je me suis formée au métier d’assistante de direction avec un contrat professionnalisant et aujourd’hui, je suis en CDI. Je ne me suis jamais sentie aussi épanouie. »
« L’école n’est pas la seule voie de réussite »: Elsa, 19 ans, auteure et coach
« J’ai arrêté le lycée en première, souffrant de phobie scolaire. Mes parents ont accepté que je passe mon bac littéraire en candidat libre. Je tenais à l’avoir pour pouvoir suivre des études supérieures le cas échéant. Je l’ai obtenu avec mention en juin 2018. Cette année-là, je partageais mon temps entre mes révisions et des recherches dans des domaines qui me passionnent comme le monde éducatif. Réviser seule le soir n’a pas toujours été facile. Mais je suis parvenue à décrocher un stage dans un incubateur de start-up comme community manager. J’ai donc quitté mes parents à 16 ans pour m’installer chez ma grand-mère. Après six mois de stage, je me suis lancée dans l’écriture d’un livre sur les élèves décrocheurs. Mon éditeur a accepté de me laisser gérer l’ensemble des illustrations, la communication et la promotion du livre qui est sorti en novembre dernier. J’y explique que l’école n’est pas la seule voie de réussite. Je propose aussi mes services de coach pour accompagner les jeunes tout en continuant à me former, notamment en danse thérapie. » hacktonbac.com
« Je suis fière du chemin parcouru »: Lucie, 40 ans, dirigeante d’une société de conseils
« École publique, collège privé, pensionnat de filles… J’ai tout essayé ! Sur mes bulletins, c’était toujours le même commentaire : “Lucie a beaucoup de capacités, mais fait le minimum d’efforts”. A seize ans, lasse d’essayer d’entrer dans les cases, j’ai quitté le système scolaire puis six mois plus tard, je me suis inscrite en CAP Café, bar, brasserie. Je suis devenue serveuse jusqu’à mes 22 ans. Puis, ma mère qui avait monté une entreprise spécialisée dans le service social en entreprise m’a demandé de remplacer ma sœur, en congé maternité. J’ai commencé comme secrétaire avant de m’inscrire en cours du soir à la faculté pour m’initier au droit et à la gestion. Me retrouver le nez dans les livres, dans de grands amphis, n’a pas été simple. Mais je me suis accrochée et j’ai pris goût à apprendre. Mes compétences étaient utiles et j’éprouvais une vraie satisfaction à développer notre activité. J’ai poursuivi avec un BTS assistante de gestion et intégré une école supérieure de commerce en “management entrepreneurial”, en alternance. Après une pause naissance de mon fils, l’année de mes 28 ans, j’ai suivi un master en ressources humaines. Aujourd’hui, ma mère est partie en préretraite et je dirige trente salariés. Rétrospectivement, je suis fière du chemin parcouru. Je crois que j’avais surtout peur de l’échec, et il fallait que je me lance dans la vie active pour mesurer ce que je valais. »
DES SOLUTIONS POUR UN NOUVEAU DÉPART
–L’Institut des vocations pour l’emploi (LIVE) initié par Brigitte Macron organise des masterclass pour des jeunes entre 25 à 30 ans.
– Les écoles de la deuxième chance, créé il y a vingt ans par Édith Cresson s’adressent aux jeunes décrocheurs de moins de 26 ans. Dans les 130 établissements de ce type, 60% des jeunes ont décroché un emploi ou une place dans une formation qualifiante.
– Les établissements pour l’insertion dans l’emploi (EPIDE) aident les 18 /25 ans sans qualification à trouver un emploi ou une formation. Il existe 19 centres en France.
– La fondation Apprentis d’Auteuil accompagne les jeunes en décrochage via différents programmes de formation et d’insertion, tels le SPRES (Service de prévention des ruptures éducatives et scolaires).
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