Alison Wheeler, férocement drôle

Alison Wheeler grandit dans le Val-d’Oise, loin des projecteurs. Son père est kiné, sa mère prof d’anglais et ancienne sprinteuse pour l’équipe de France et pour celle d’Irlande (Wheeler est le nom de sa grand-mère irlandaise). Enfant, très timide, elle déborde d’énergie : le théâtre s’impose comme exutoire. «  C’est ce qu’il me fallait : j’étais en demande permanente d’attention. Dans ma tête d’enfant, la vie était un spectacle.  » Elle l’est toujours pour l’auteure et actrice de 33 ans : dans Quotidien, sur TMC (1), au cinéma dans Going to Brazil ou dans Forte (2), elle met son tempérament de pile électrique, son verbe agile et sa dérision au service du public.

« L’humour, un système de défense »

Malgré une prénomination au César du meilleur espoir féminin pour Mon père est femme de ménage, avec François Cluzet, son premier film décroché sur casting, c’est grâce à sa plume qu’elle a su tirer son épingle du jeu. «  Petite, j’écrivais des histoires qui n’avaient aucun sens, mais ça m’amusait beaucoup. Peu à peu, l’humour s’est imposé. C’est à la fois un système de défense quand on se sent attaqué et une arme de séduction quand on ne sait pas faire autrement. Et si avec l’humour on avance masqué, on avance tout de même.  »

Dotée d’un irrésistible second degré, elle allume les injonctions faites aux femmes dans Ma vie est mieux que la vôtre (3), son faux guide de coaching. Dans Quotidien, quand elle ne parodie pas ses concitoyens ou qu’elle n’ironise pas pendant une revue de presse, l’humoriste, bercée par les Inconnus et Les Nuls, parle charge mentale, syndrome prémenstruel et consentement. Une éducation ludique et express du jeune public, sans en avoir l’air.

En vidéo, drôles et insolites les internautes confinés chez eux

Chroniques chantantes

L’exercice du direct est délicat, parfois impitoyable. «  On apprend à se détacher des critiques. Je ne peux pas avoir de second degré sur tout et refuser d’en avoir sur moi. Par ailleurs, je ne dis rien pour choquer. Mais parfois je ne vois pas d’autre terme possible que celui que j’emploie. Et un gros mot dans la bouche d’une fille n’est pas plus transgressif que dans celle d’un homme.  » Alison a le cuir tanné. Elle est allée à bonne école : le Studio Bagel d’abord, laboratoire de jeunes humoristes où elle fait ses armes, Le Grand Journal, qui lui confie sa météo décalée, et France Inter où, durant deux ans, elle apprend la rigueur, le manque d’inspiration ou l’éclair de génie dans des chroniques hebdomadaires souvent chantantes.

Son rêve ultime ? Tourner une comédie musicale. «  Certains pensent qu’il faut compartimenter. Je crois l’inverse : plus on déborde, plus on apprend, plus on touche de gens.  » Aussi, elle multiplie les projets : prochainement à l’affiche de Tendre et saignant, de Christopher Thompson, elle travaille sur un nouveau livre et s’écrit une série. «  J’adore raconter des blagues, mais j’ai aussi envie d’autre chose. Je suis dans une deuxième crise d’adolescence, à la croisée de deux moi.  » 

(1) Le lundi et le mercredi.

(2) De Katia Lewkowicz, sur Amazon Prime Video.

(3) Ma vie est mieux que la vôtre, Éditions HarperCollins.

Source: Lire L’Article Complet