« Pas d’électricité ni de plomberie, pas de chauffage et même pas toutes les fenêtres : on a vraiment été cinglés de quitter notre appartement confortable pour cet ancien atelier abandonné dont même les squatters ne voulaient pas !” Sur un coup de tête, la décoratrice d’intérieur Rachel Chudley et son mari Nico l’achètent pourtant, pour le plaisir d’avoir une maison chargée d’histoire et située dans ce quartier de l’Est londonien qu’ils adorent !
Une maison qui conserve ses codes d’origine
Pendant une année entière, en attendant l’autorisation de travaux (le bâtiment faisait partie d’un programme immobilier de la fin XIXe destiné à accueillir ébénistes et tapissiers), ils vont devoir vivre dans une caravane. “Pour moi, ce projet, c’était comme une page blanche : tout était à inventer”, confie Rachel. Une de ses priorités est de conserver coûte que coûte les codes d’origine du lieu : son extérieur en briques et sa cour pavée. Et de rendre justice à la créativité des artisans de jadis en arborant des murs aux couleurs incongrues, fortes et lumineuses. “Plus personne n’utilise du violet” : tant mieux, Rachel en fait le coloris phare de sa chambre d’amis.
Un mélange habile de couleurs et de lumière
Elle ose un inhabituel bleu roi laqué dans la cuisine, un miel ardent dans le salon. Mais surtout, elle s’attache à utiliser des teintes qui reflètent la lumière. Avoir comme beau-père le spécialiste américain de la couleur Donald Kaufman, ça aide ! “Nous avons utilisé des peintures conçues sur mesure avec des formulations complexes produisant des ambiances intérieures ultra lumineuses.” À ce mélange de coloris se juxtapose un jeu de textiles qui ajoute encore de l’excentricité et de la gaieté à la maison. Un décorum où l’on reconnaît la patte burlesque de Rachel. “Décorer, c’est pour moi une forme d’autobiographie…”
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Un salon qui ose le mélange des genres
Juchée sur une table chinée, la sculpture de Dee Dee, le carlin de Rachel, règne sur le salon. Elle est signée Cathie Pilkington. Canapé recouvert d’un tissu léopard, Brownrigg, acheté aux enchères comme le fauteuil. Table basse, chinée, recouverte d’un cuir de poney orange. Demi-lune surmontée d’une sculpture, les deux chinées. Tableau, Joe Goodie, Cob Gallery. Lustre hollandais chiné, repeint par Rachel. Au mur, un tapis marocain ancien, chiné. Les peintures ont été réalisées sur mesure par Donald Kaufman, qui a également peint le tableau à gauche.
Une cuisine ouverte sur la salle à manger colorée
Vitrée, la cuisine s’ouvre sur une cour et est éclairée par un puits de lumière. Ses meubles en cuivre, sur mesure, sont customisés par des poignées et charnières de frigo des années 1950. Piano de cuisson, Cookmaster. Table chinée, tout comme les chaises recouvertes de velours, Créations Métaphores. À gauche, buffet des années 1950 repeint à la main par le collectif d’artistes Le Gun. À droite, banc chiné recouvert de tissu des années 1980, Crewel Work, et tableau de Donald Kaufman. Tapis rapporté du Maroc. Suspensions, Pooky.com. Peintures réalisées sur mesure par Donald Kaufman.
Une tête de lit solaire dans la chambre à coucher
Rachel a joué avec l’ombre des feuilles projetée par les appliques chinées, pour dessiner la forme de sa tête de lit en velours orange. Taies d’oreiller de Pierre Gonalons, Vis-à-Vis pour The Invisible Collection. Table de chevet, chinée.
Une salle de bains avec vue
Attenante à la chambre, la salle de bains donne sur la cour pavée plantée d’arbres. Baignoire, Aston Matthews. Robinetterie vintage, achetée dans une brocante. Buste, Stoned and Plastered. Carte, Choosing Keeping. Store bateau en lin fait main par Lucy Bathurst, Nest design.
Rachel Chudley, la propriétaire
Le portail d’entrée des ateliers est resté tel quel, avec ses nombreux graffitis et affiches. C’est par une petite porte dissimulée qu’on pénètre dans la cour pavée menant à la maison de Rachel Chudley.
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Photos : Bénédicte Drummond
Texte : Valérie Charrier
Reportage issu du n° 516 – MARS – AVRIL 2020
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