Ce Vénézuélien, qui voulait être diplomate ou journaliste politique, a incarné Carlos, Versace, Le Che… Dans The Last Days of American Crime, un thriller sur Netflix, Édgar Ramírez prépare le casse du siècle. Portrait d’un artiste aussi secret que saisissant.
Avec son patronyme digne d’un gangster mexicain chez Tintin ( mais l’équivalent pour la France de « Martin », ou de « Smith » au Royaume-Uni), sa carrure mâle et son regard vert bronze, Édgar Ramírez est le prototype de l’acteur inspiré qu’on a plaisir à retrouver de film en film. Même s’il sait aussi se couler dans la peau de personnages réels hors normes – le terroriste Carlos, Gianni Versace – jusqu’à en devenir méconnaissable.
Dans The Last Days of American Crime, un thriller réalisé par Olivier Megaton pour Netflix (diffusion à partir du 5 juin), l’acteur vénézuélien de 43 ans retrouve la fiction et incarne un criminel professionnel qui se prépare pour un «casse» d’envergure. Le film est tiré d’un roman graphique américain dont le scénario, habilement ficelé, rappelle la mécanique bien huilée de la saga des Ocean’s. Fera-t-il enfin d’Édgar Ramírez une star ? Mais l’acteur le désire-t-il seulement ? Rien n’est moins sûr. Dans son pays, pourtant, ce fils d’une avocate et d’un attaché militaire spécialisé dans la diplomatie, né à San Cristóbal, en est une. Et ceci grâce au succès, de 2003 à 2004, alors que le président socialiste Hugo Chávez est au pouvoir, de la telenovela «sociale» Cosita Rica, qui confère alors au jeune Ramírez une popularité folle.
En vidéo, « American Crime Story Saison 2 » : l’assassinat de Gianni Versace
Aux États-Unis, si l’acteur enchaîne les premiers rôles, son nom ne fait pourtant pas le poids auprès des magazines ou des sites people. Car ce diplômé en journalisme, qui s’était lancé dans le métier de comédien un peu par hasard, sur les conseils de son ami Guillermo Arriaga, le réalisateur d’Amours Chiennes, n’est pas du genre à faire des vagues, ni à multiplier les scandales. Et si son nom a été associé à ses ex (dont l’actrice de 31 ans Ana de Armas), il n’en a jamais fait mention dans ses interviews. Le garçon est verrouillé. À peine, s’il lâche un jour, face une journaliste américaine s’enquérant du geste le plus romantique qu’il ait fait par amour : «Traverser l’océan juste pour une nuit.» Avant d’enchaîner sur une confidence touchante sur la mort de sa grand-mère couturière dont il se sentait, dit-il, «très proche».
Au plus près de ses rôles
Sympathique, ouvert, éclectique et d’une intelligence vive, selon les metteurs en scène qui l’ont fait tourner, il parle cinq langues couramment (espagnol, italien, français, anglais et allemand) et préfère se concentrer sur son travail, qu’il accomplit avec la discipline d’un moine cistercien. Il a reçu le César du meilleur espoir en 2011 pour son rôle éprouvant dans le film/série d’Olivier Assayas, Carlos, pour lequel il avait étudié avec minutie la vie du patron de la drogue. Il a aussi lu des dizaines de livres sur la géologie ou l’industrie minière pour incarner un prospecteur d’or dans Gold, ou encore avalé une tonne de documentation sur la mode pour jouer dans la série Versace, de Ryan Murphy, sur Netflix. «Lorsque je joue des personnages illustres, confiait-il récemment, il est très important pour moi de bien connaître le contexte politique dans lequel ils évoluent.» Une stratégie payante : il était sidérant dans Carlos, époustouflant aussi dans la robe de chambre rose du couturier italien assassiné.
Celui qui voulut devenir diplomate dans sa jeunesse et étudia la communication sociale à la fac, attribue sa capacité à se couler dans la peau de ses personnages à une enfance «nomade». Car sa famille avait dû suivre les différents postes d’affectation de son père militaire, vivant ainsi un an en Autriche, au Mexique ou au Canada. «À chaque fois que j’arrivais, enfant, dans une nouvelle école et dans un nouveau pays, je me fabriquais un personnage, pour comprendre et m’adapter.» Il vit aujourd’hui entre New York, Los Angeles et Caracas : «je suis un gitan dans l’âme, un esprit libre et sauvage».
The Last Days of American Crime, sur Netflix, à partir du 5 juin.
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