Selon l’étude «Gender Scan» du cabinet Global Contact, le nombre de femmes diplômées de la tech a baissé de 6% en France. Un phénomène qui s’accompagne d’une baisse de la mixité dans le milieu professionnel.
La féminisation des métiers de la tech ne progresse pas. Elle aurait même tendance à reculer, si l’on en croit une étude du cabinet Global Contact (1), remise ce mercredi 13 novembre au secrétaire d’État chargé du numérique Cédric O. Selon les chiffres, le nombre de femmes diplômées de la tech (enseignement supérieur, numérique et ingénierie) a baissé de 6% en France, passant de 35.746 à 33.709 entre 2013 et 2017. Pourquoi une telle évolution ? Elle provient «de la chute de la proportion de femmes dans les cycles courts (…) et la stagnation ou la légère diminution observées au niveau des maîtrises», rapporte l’étude baptistée «Gender Scan».
Sur la seule branche du numérique plus précisément, le nombre de femmes diplômées baisse de 2%, passant de 4067 diplômées en 2013 à 3892 en 2017. Ces évolutions sont à rebours de celles constatées dans l’Union européenne, où les effectifs de femmes diplômées progressent de 2% dans la tech et de 23% dans le numérique. La baisse du nombre de diplômées s’accompagne en même temps d’une baisse de la mixité dans le milieu professionnel, note l’étude. Les femmes ne représentaient en effet que 17% des effectifs dans le numérique en 2018, contre 20% en 2009.
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Un meilleur équilibre vie pro-vie perso
«Il n’y a pas de fatalité et nous devons, entreprises et gouvernement, agir pour inverser la tendance dans les prochaines années», assure Cédric O, cité dans un communiqué de Global Contact. C’est dans ce contexte que le gouvernement entend agir notamment avec une loi sur «l’émancipation économique des femmes» qui sera présentée en 2020, a tenu à préciser le secrétaire d’État.
Pour autant, le bilan n’est pas tout noir. «La satisfaction des femmes dans la tech en France est au plus haut comparée à celle observée à l’international», note l’étude. «L’engagement effectif des entreprises du secteur en France génère un niveau de satisfaction des femmes de la tech nettement supérieur à celui observé à l’étranger en ce qui concerne l’organisation du travail et l’équilibre vie professionnelle/vie privée.»
Et s’il fallait s’inspirer de l’Allemagne ?
Le tableau reste toutefois moins satisfaisant sur les questions d’égalité de salaire et d’accompagnement professionnel, avec un niveau de satisfaction inférieur à celui observé à l’étranger. Pour son auteure Claudine Schmuck, qui travaille depuis dix ans sur ces sujets, la satisfaction des femmes travaillant dans la tech est une des raisons d’espérer une amélioration de la mixité dans les années à venir. Mais selon elle, il reste urgent de mieux coordonner les initiatives prises dans le système scolaire pour éviter que les jeunes filles ne se détournent des formations scientifiques et techniques. «Il y a pléthore d’actions», menées par de «multiples acteurs sans aucune coordination», déclare Claudine Schmuck à l’AFP. Puis de poursuivre : «Nous avons proposé au gouvernement de cartographier ces initiatives», et de mieux évaluer leur efficacité.
En Allemagne, le nombre de femmes diplômée dans le numérique a bondi de 53% entre 2017 et 2013. Angela Merkel a «contribué à cette dynamique» en soutenant dès son arrivée au pouvoir le «Girl’s day», estime Claudine Schmuck. De quoi s’agit-il concrètement ? Durant une journée, les filles sont invitées à se lancer sur des activités techniques traditionnellement considérées comme masculines, tandis que les garçons s’essaient à des activités considérées comme féminines : le soin des autres, par exemple. L’occasion, bien souvent, de bousculer les mentalités.
(1) L’étude «Gender Scan» a été réalisée sur la base de données Eurostat et d’une enquête en ligne réalisée dans 130 pays auprès de 15.000 répondants, dont 3597 en France.
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