Avant de devenir une star, Guy Bedos était un jeune homme les autres, mobilisé parfois pour des causes qui lui tenaient à cœur. Dans les années 1950, cependant, le comédien mort ce jeudi 28 mai a été chargé d’une mission aussi risquée qu’inattendue, comme s’est rappelé Pierre Assouline sur Europe 1.
Si ses prises de position politiques étaient évidentes, lui qui a soutenu la campagne présidentielle de François Hollande (avec quelques réticences) et tacler François Fillon, Nicolas Sarkozy, Nadine Morano ou encore Robert Ménard, certains événements de la vie de Guy Bedos ne sont pas aussi bien connus. Invité sur les ondes d’Europe 1, dans l’émission La Voix est livre en novembre 2019 (rediffusée ce jeudi 28 mai, jour de la mort du célèbre humoriste), le journaliste Pierre Assouline s’est rappelé du jour où le père de Nicolas Bedos a été chargé du kidnapping d’un écrivain. Les faits remontent à 1951, alors que le défunt n’était encore qu’un adolescent de 17 ans et n’avait donc pas encore débuté sa carrière sur la scène du music-hall de Bobino. Tout avait commencé lorsque l’écrivain Julien Gracq refusait le prix Goncourt pour son ouvrage Le Rivage des Syrtes. En artiste engagé, Louis Poirier de son vrai nom souhaitait dénoncer et contester « les compromissions commerciales du monde littéraire. »
Un refus historique qui a révélé cet écrivain au grand public et suscité la polémique à l’époque, encourageant certains à le prendre pour cible. Parmi eux, « un petit groupe de surréalistes ». « Ça a été un tel scandale que quelques jours après le refus public, un petit groupe de surréalistes a entrepris le projet de kidnapper Julien Gracq à la sortie du lycée où il enseignait, pour faire un happening, kidnapper celui qui ne voulait pas le Goncourt« , a fait savoir Pierre Assouline. « On ne sait pas ce qu’ils [les kidnappeurs] voulaient en faire », a-t-il précisé. Plutôt que de passer à l’attaque en équipe, le groupe avait désigné un de ses membres pour se charger d’appréhender leur cible. « Ils ont tiré au sort celui qui devait le kidnapper. C’est tombé sur le plus jeune d’entre eux, il avait 17 ans. Il était assez gringalet. » Le nom de ce jeune homme ? Nul autre que Guy Bedos. Rien ne s’est déroulé comme prévu. « Le jour J, il s’est précipité sur Julien Gracq, qui l’a poussé. Julien Gracq lui a dit ‘qu’est ce que vous voulez ?’, et il est parti. Guy Bedos est resté tout penaud, comme ça« , concluait Pierre Assouline.
Un dernier adieu prévu le jeudi 4 juin
Cet homme à la vie rocambolesque et haut en couleurs aura droit à un ultime hommage, même en temps de crise sanitaire (les rassemblements de plus de dix personnes ne sont néanmoins pas interdits). Ce dimanche 31 mai, sur son compte Twitter et après avoir lui-même officialisé la mort de son cher père sur la Toile, Nicolas Bedos a annoncé qu’une cérémonie religieuse en hommage à Guy Bedos aura bel et bien lieu le jeudi 4 juin. « Il n’était pas très pote avec la religion mais très ému par les églises », a conclu l’acteur et réalisateur. Le corps de Guy Bedos sera ensuite acheminé vers la Haute-Corse.
Crédits photos : Bruno Bebert / Bestimage
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