Lujipeka, Fontaines D.C., L.A. Salami… La playlist du cahier musique de «Libération»

Chaque week-end, la webradio de Tsugi accompagne le cahier musique de «Libération».

La découverte

Lujipeka, rap à fleur de peau

Depuis quelques années, c’est la nouvelle rengaine : sortir un album entre rap et chanson, à mi-chemin entre tendances du moment et sonorités accessibles pour remplir les salles. Si l’exercice peut s’avérer réussi (Lomepal, Roméo Elvis), il donne aussi lieu à des mélanges aussi opportunistes que maladroits. Difficile de porter ces accusations contre Lujipeka. Voilà déjà plusieurs années que ce Rennais explore les frontières entre rap, pop et chanson avec son groupe Columbine, dont les deux derniers albums ont été certifiés disques de platine. Alors que faire au moment de voguer seul avec sa musique ? Sans doute explorer plus profondément ce qui était déjà ébauché avec son groupe, dans ses sonorités et son écriture.

Sur L.U.J.I., premier projet solo du rappeur-chanteur, la mélancolie du chant sous autotune perdure mais l’introspection et les mélodies se diversifient. A fleur de peau et radical dans ses mélanges (le piano-voix autotuné de Ahou, le très caribéen Rampalampam, la virée techno de Meme), Lujipeka explore le malaise et les questionnements d’un jeune adulte, «petit face à ses doutes». Il semble moins dans l’urgence qu’au sein de Columbine tout en étant plus conscient du temps qui passe. Les guitares et les pianos synthétiques de sa musique s’entrechoquent avec des rythmiques rap le temps de neuf morceaux faussement naïfs mais brutalement réalistes. Si la musique de ce monde est bien triste, on n’oublie pas de danser dessus. C’est tout le charme de ce premier projet de Lujipeka. Brice Bossavie

Lujipeka, L.U.J.I. (Initial)

La playlist

Thao & The Get Down Stay Down, Pure Cinema

Entre grunge qui tourne au ralenti et pop West Coast lo-fi barrée, ce trio californien se tient à l’écart des grandes aires d’autoroutes, mais nous apporte pourtant une grosse bouffée d’oxygène post-confinement fort salvatrice. L’album Temple dont ce titre est extrait mérite aussi le détour.

Fontaines D.C., A Hero’s Death

La publication du deuxième album des Gallois qui renouvellent le punk anglais a été reportée au 31 juillet. Pour patienter et saliver, on profite de ce titre intense où les guitares ne cessent de monter en puissance. Le genre de grenade qui explosera idéalement en clôture de leurs futurs concerts.

L.A. Salami, Things Ain’t Changed

Tout clin d’œil avec une journaliste du service public est exclu. Le Londonien Lookman Salami, cerveau du projet, étant plus BBC 1 que France Inter. Du rock grinçant minimaliste, joliment chaotique. Certainement hors mode, et c’est bien ce qui fait son charme. Un peu comme Léa.

Julien Jabre, Back In The Morning

A intervalles réguliers, cette figure discrète de la french touch donne de ses nouvelles en nous expédiant, comme ici, une petite bombe house mélodique. Avec toujours en filigrane au détour du beat ou des percus une légère brise orientale. Classe et singulier.

Jumo feat. Léonie Pernet, Steve

A la fois planante et inquiétante, cette mélopée électronique signée Jumo (Clément Leveau) et portée par la voix grave de Léonie Pernet, qui semble se débattre dans un cauchemar poisseux, va ravir les fans d’Arnaud Rebotini ou de The Hacker.

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