Barcelone : "Stay Homas", trois musiciens confinés sidérés par leur succès

Ils s’appellent Klaus, Rai et Guillem. Ils sont musiciens, vivent en colocation et se sont retrouvés confinés chez eux à Barcelone, comme l’ensemble de la population espagnole, à la suite de la pandémie de coronavirus.

Sur leur terrasse à Barcelone, les trois jeunes membres du groupe « Stay Homas » avaient pour seule ambition d’apporter un peu de légèreté dans le confinement des Espagnols, avec juste une guitare et un seau en guise de batterie. Or ce trio décontracté a rencontré un succès qui lui semble encore « invraisemblable »

Un contrat avec Sony pour un disque à l’automne

Deux mois et 27 chansons plus tard, les trois jeunes membres de « Stay Homas » viennent de signer un contrat avec la firme Sony pour sortir un disque à l’automne. Quelque 400.000 personnes les suivent sur Instagram, le canadien Michael Bublé a repris un de leurs titres et Manu Chao fait un « featuring » sur une de leurs chansons, postée le 1er mai.

Stay Homas et Manu Chao : « Todo llegará » (Klaus Stroink, Guillem Boltó, Rai Benet, Manu Chao)
« C’est complètement invraisemblable. Je n’aurais jamais pu imaginer ce qui nous arrive, que Sony vienne nous chercher, qu’ils aiment les chansons qu’on compose sur notre terrasse, avec une guitare et un seau », confie à l’AFP Guillem Boltó, dans l’appartement sous les toits où les trois musiciens vivent en colocation depuis le début de l’année. L’entrée est encombrée d’un stock de boissons envoyées par des marques pour qu’elles apparaissent dans leurs vidéos…

Colocataires, ils jouaient à l’origine dans deux groupes différents

Avant leur « success-story », les trois amis jouaient dans deux petits groupes locaux : Guillem, 25 ans, au trombone et au chant de l’un ; Klaus Stroink et Rai Benet, 25 et 28 ans, comme trompettiste et bassiste de l’autre. Mais ils n’avaient « jamais rien composé » ensemble, assure Klaus. À la mi-mars, la population espagnole a été invitée à « rester à la maison » pour freiner l’épidémie de coronavirus.

Les trois jeunes musiciens se sont alors retrouvés désœuvrés, à prendre l’apéritif sur leur terrasse ensoleillée. « Rai s’est mis à jouer un peu de bossa nova et pour s’amuser on s’est mis à composer une chanson, à tourner une vidéo puis à la mettre » sur internet, se souvient Guillem depuis cette fameuse terrasse, pleine de cactus… Ils ont composé un deuxième titre dès le lendemain, Stay Homa (Reste à la maison), puis d’autres et d’autres encore… Des « Confination Songs » à base de reggae, de folk, de flamenco ou de trap, pleines de bonne humeur.

« Les gens attendaient ça toujours avec toujours plus d’impatience et nous, nous étions de plus en plus motivés. Jusqu’à ce que, soudain, je ne sais pas comment, ça fasse boom », résume Guillem. « Reste à la maison, tu ne veux pas du corona, reste à la maison, c’est bon d’être isolé (…) Mais on est bien, si on se voit, on se salue de loin, on est bien et d’ici neuf mois, il y aura un baby boom », dit leur chanson Stay Homa.

Reposting our 2nd song from last week! It’s crazy how far this has arrived! STAY HOMA❤️

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Un style « fait maison », un peu « minable », s’amusent-ils

L’idée était de « délivrer un message un peu optimiste, de dire d’accord, c’est une situation merdique, mais essaie d’en voir le bon côté », commente Klaus à l’AFP. « Mais bon, tu ne peux pas dire ça de 27 manières différentes et à un moment donné, nous nous sommes mis à parler de comment nous allions, comment nous le vivions. »

Les limites imposées par le confinement ont donné à leurs chansons un style « fait maison », bricolé, un peu « minable » comme ils le disent eux-mêmes. Toutes sortes d’objets du quotidien – spatules, bouteilles de bière ou de gin, caisse en bois – sont devenus des instruments. Les artistes avec lesquels ils ont collaboré comme Manu Chao enregistraient des vidéos que les « Stay Homas » montraient pendant leur chanson sur le petit écran du téléphone portable…

« Il y a très peu de choses préméditées dans ce projet (…) S’il y avait eu une batterie, on aurait joué de la batterie, et non pas tapé sur un seau. Les trois premières semaines, on n’avait qu’une baguette », s’amuse Klaus. Ils ont tardé à monter un site web et à créer leur profil sur les réseaux sociaux, parce qu’ils pensaient que personne ne les suivraient. « En une semaine nous avions plus de 100.000 abonnés. 100.000 ! C’est insensé », s’étonne Rai.

Ils réfléchissent sur le répertoire de l’album

Les « Stay Homas » se demandent encore si leur futur disque doit être basé sur les « Confination Songs », s’ils doivent composer de nouveaux titres et jusqu’à quel point conserver leur style artisanal et désinvolte… « Les vidéos sont très cool mais un disque entier avec un seau et une guitare… Tu dis vite au secours », plaisante Rai.

Le monde du spectacle étant à l’arrêt en raison de l’épidémie, ils n’ont pas encore pu profiter d’un réel contact avec leurs fans. « Le contact avec le public (manque), quand tu cries Eh! et que les gens répondent Eh!… Beaucoup de fans suivent notre compte mais je n’ai pas encore entendu un seul applaudissement en dehors de nos quatre voisins ! », dit Guillem. Mais succès ou pas, les trois amis veulent rester les mêmes. « Je suis très bien avec ma vie, avec mes amis », glisse Klaus. « Je ne veux pas qu’on me change ça. »

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