Hollywood et VOD : quel impact pourrait avoir le coronavirus sur les sorties en salles ?

En cette période de confinement global lié à la pandémie du Covid-19, la consommation importante de films par les foyers sur les plateformes de streaming aura un impact majeur sur le type de films qui sera proposé dans les salles selon les majors.

Dans les travées des couloirs des majors, certains n’hésitent pas ou plus à parler d’année 0 concernant le cinéma et son devenir, en tout cas celui de son business model, mis à mal par la pandémie liée au covid-19. Jamais sans doute l’expression « il y aura un avant et un après » n’a autant fait sens.

Dans un passionnant billet écrit sur Variety, la journaliste Rebecca Rubin évoque à ce titre l’idée que la pandémie devrait très certainement redéfinir les types de films que les spectateurs verront en salle dans les mois à venir, et mettre sur la touche ces films « du milieu »; soit ces oeuvres aux budgets modestes et scénario originaux n’appartenant pas à des franchises, qui peinaient -à de rares exceptions près- à drainer les foules dans les salles. Un constat qui existait d’ailleurs déjà avant la pandémie; certaines Majors n’hésitant plus à sortir directement ces oeuvres en VOD plutôt qu’en salle. Le covid-19 devrait amplifier le phénomène.

John Stankey, un des executives de AT&T, le nouveau propriétaire du groupe Warner Bros., explique que la crise a déplacé le centre de gravité dans le comportement des consommateurs : « nous sommes en train de repenser notre business model des salles » a-t-il déclaré dans une réunion en visio-conférence avec les investisseurs, ce mercredi. La consommation de films via les plateformes de streaming s’est, avec le confinement, largement développée au sein des foyers, et les majors craignent que ce comportement n’incitera pas les gens à revenir dans les salles de cinéma et payer un ticket pour y découvrir un film du milieu dans les mois / années à venir. En clair, il risque bien de ne plus y avoir d’autres alternatives que les rouleaux compresseurs du Box Office. Ces fameux tentpole movies, appartenant le plus souvent à des franchises milliardaires et déjà très largement (et confortablement) installées, ou en tout cas s’appuyant sur une marque forte.

La journaliste rapporte d’ailleurs les propos de Ann Sarnoff, la CEO de Warner Bros : « nous restons attaché à l’expérience des salles de cinéma et nous soutenons nos partenaires » a-t-elle déclaré, tout en insistant sur le fait que le groupe se montrait plus confiant sur les « Tentpole Movies, incluant Tenet et Wonder Woman 1984 ». Deux exemples de films parmi d’autres, qui sont synonymes aux yeux des majors de très gros partenariats multi-marques, produits dérivés, etc. Et donc de cash. C’est évidemment encore plus vrai avec le catalogue de l’empire de Mickey… « Plus cette situation dure, plus le comportement des consommateurs va changer » lâche Rich Greenfield, un analyste Media au sein de la société LightShed Partners, cité par Variety. « Plus vous regardez de films sur Amazon, Netflix ou Disney +, plus ca va être compliqué de faire revenir les gens dans les salles ».

A l’heure où les majors ont massivement bouleversé leurs plannings de sorties, où les salles de cinéma sont fermées de même que les parcs d’attractions, où tous les tournages sont suspendus, il y a une grinçante ironie de constater que ces films directement mis sur les plateformes de streaming et autres VOD sont pour l’heure une des très rares sources de rentrées d’argent pour les studios.

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