Pendant toute la durée du confinement général, la rédaction télé du Figaro interroge des personnalités du petit écran. Après Stéphane Bern, Jean-Pierre Foucault, Arthur, Sophie Davant, Jean-Luc Reichmann, Anne-Claire Coudray ou encore Olivier Minne, nous avons joint Samuel Étienne pour qu’il se confie sur son quotidien. Entre sa matinale à Franceinfo et sa famille, le journaliste redouble de travail et de précautions.
LE FIGARO. – Vous êtes tous les jours aux commandes de la matinale de Franceinfo. Comment conciliez-vous travail et confinement?
Samuel ÉTIENNE. –
Vous, qui êtes un grand adepte du sport, vous autorisez-vous encore à courir?
Mes trois de sports de prédilection, puisque je fais du triathlon, sont la natation, le vélo et la course à pied. La natation, c’est fini parce que je suis en appartement, je n’ai pas de jardin et encore moins de piscine. La course à pied, c’est terminé aussi.
Pourtant, le gouvernement autorise les déplacements dans la limite d’une heure et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile…
Je m’en empêche parce que je trouve que ce n’est pas un bon message à envoyer aux autres. Tout le monde fait des efforts, pourquoi je n’en ferais pas aussi? Du coup, il me reste le vélo et c’est là où j’ai de la chance. J’avais à la cave un home-trainer que je n’avais pas utilisé depuis longtemps. Il me suffit de poser mon vélo de triathlon dessus. Je me suis installé dans une petite pièce chez moi et je pédale tous les jours.
Pourquoi ne pas vous rendre à France Télévisions à vélo?
Je m’interdis d’avoir ces activités sportives en extérieur parce que je trouve qu’il faut jouer le jeu du confinement donc je me rends au travail à moto. D’ailleurs, je me fais contrôler assez régulièrement. La première fois, c’était le premier jour du confinement, en sortant de chez moi à 2h30. Et la dernière fois c’était jeudi. En revenant à la maison, les forces de l’ordre m’ont contrôlé ainsi que les automobilistes qui étaient autour de moi. À chaque fois, j’ai mes attestations sur moi.
Il y a six semaines, vous avez accueilli votre deuxième fils…
C’est finalement pour mon épouse que c’est le plus compliqué. Helen avait rêvé d’un chouette congé maternité avec le début du printemps, des balades avec l’aîné dans les parcs. Elle est vraiment dépitée. Je suis triste pour elle.
Prenez-vous le relais quand vous rentrez?
Un peu. La matinale est ennuyeuse pour la vie de famille. Quand je rentre le matin, je vais dormir. Je me réveille dans l’après-midi et à partir de 17-18 heures, je suis de nouveau au travail parce qu’il faut préparer la matinale du lendemain. Ça représente trois à quatre heures de travail a minima en fin de journée. Je ne suis pas très dispo mais j’essaye de filer un coup de main. Heureusement, j’ai une épouse très compréhensive par rapport à mon métier car quand je suis à la maison soit je dors soit je travaille. Et par chance, la petite sœur d’Helen nous a rejoints juste avant le confinement. Du coup, elles sont deux pour faire la classe le matin à Malo et s’occuper du petit.
N’avez-vous pas peur d’attraper le coronavirus?
J’ai à cœur de tenir ce rôle qui est celui d’informer mais je ne veux pas le faire au risque de ma santé et plus encore de celle de mes proches. Mon seul souci en cette période professionnellement passionnante est que je croise malgré moi et toutes les précautions des gens puisque je travaille. Je rentre à la maison après et je retrouve ma famille qui elle est totalement confinée.
Votre épouse ne sort pas du tout?
Ni ma femme ni mes enfants ni ma belle-sœur. On l’a décidé ensemble. On veut vraiment jouer le confinement pour nous et pour les autres. On trouve que c’est un effort qu’il faut faire. Il y a la sortie pour les courses évidemment, d’un des deux adultes jamais avec les enfants. Mais le problème est que je viens de l’extérieur.
Dans ce cas, comment faites-vous?
J’ai mis en place tout un process. Quand je rentre à la maison, Malo sait qu’il ne doit pas venir vers moi et sa maman le retient si nécessaire. Je file à la salle de bains, je me lave les mains, j’enlève tous mes vêtements, je me douche, je me rhabille avec des vêtements propres avec lesquels je ne suis pas sorti et enfin je vais voir ma famille. Ainsi, j’ai l’impression de faire ce qu’il faut pour prendre le minimum de risques.
Qu’en est-il de «Questions pour un champion»?
Dans notre malheur, on a eu une chance. Selon la période de l’année, on a entre quinze jours et deux mois d’avance. Quand le confinement a débuté, le hasard a voulu qu’on ait beaucoup d’avance. À ce jour, on a des enregistrements jusqu’à début juin. C’est incroyable! Quand on s’approche de l’été car on ne tourne plus, il faut qu’on fasse des noisettes donc on était dans ce processus à faire du stock. Les dernières émissions que j’ai tournées en février, j’ai dit en plateau: «C’est sympa, on est en juin, il fait beau!» On avait une session de tournages prévue en avril qu’on a évidemment annulée. La prochaine est prévue mi-mai. On ne sait pas aujourd’hui si elle pourra se tenir.
La semaine dernière, vous avez remplacé au pied levé Michel Cymes à la coanimation d’«Ensemble avec nos soignants» sur France 2…
C’est le genre de défis que j’aime bien. Ce n’était vraiment pas préparé. France Télévisions m’a appelé lundi matin au sortir de ma matinale. J’ai dit oui tout de suite. Au dernier moment, on a appris que Daphné [Bürki, NDR] ne serait pas avec nous. Donc on s’est retrouvés à deux avec Faustine [Bollaert, NDR] à animer ces plus de trois heures d’antenne. Ça a été un moment fort. Comme beaucoup de Français, je suis admiratif de cette mobilisation du personnel soignant. À mon tout petit niveau, en animant cette émission, je leur dis merci. J’étais tellement heureux de participer à cet élan que j’étais comme sur un petit nuage toute la soirée. C’était une chouette expérience, je suis super content que France Télévisions ait pensé à moi. J’étais un peu surpris mais honoré et fier. C’est un vrai cadeau qu’ils m’ont fait.
Quelles leçons pensez-vous que la France en tirera?
Il est encore trop tôt pour tirer des leçons. Évidemment, tout n’a pas été fait de façon parfaite. D’abord ça ne l’est jamais et puis l’humain c’est l’imparfait. Quand cette crise sera passée, on posera tout, on fera un bilan. Mais on n’a pas encore tous les tenants et les aboutissants. Pour le moment, la France a besoin d’unité, de concorde. De toute façon, connaissant le monde politique tel qu’il est, quand cette période sera terminée, cette phase aura lieu mais là il est trop tôt. D’ailleurs même les politiques s’en rendent compte puisque les critiques, si critiques il y a, sont retenues. À tout niveau, on sent qu’il y a cette idée que plus fort que la critique, que les questions parfois légitimes, il y a ce besoin d’être ensemble pour passer cette période.
À quoi ressemblera l’après selon vous?
Vendredi matin, j’avais en direct Sophie Péters, psychanalyste. À un moment, j’ai dit qu’on avait tous en ce moment l’aile de la maladie voire de la mort qui nous frôle. Est-ce que ça ne va pas nous rendre un peu plus conscients de la chance d’être vivants? C’est mon idée. Je pense qu’après avoir vécu dans cette atmosphère très mortifère, on va tous avoir un appétit de vivre et une conscience plus aiguë de la chance d’être en vie. Peut-être qu’on va tous un peu réviser nos priorités, faire des choix différents. Ou si on ne change rien – moi j’adore ma vie telle qu’elle est – peut-être qu’on appréciera tout plus. Je ne veux pas comparer ce qu’on est en train de vivre avec un après-guerre mais on sait que les séquences d’après-guerre ou d’après-crise on vit, on profite plus fort.
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