Chaque week-end, la webradio de Tsugi accompagne le cahier musique de Libération en une découverte et cinq nouveautés.
La découverte
Romane Santarelli, poétesse techno
La face cachée de l’iceberg. Dans sa contemporaine énormité (on a failli écrire «monstruosité»), la dimension dancefloor des musiques électroniques a tendance à balayer à grands coups de BPM tous ses autres aspects. C’est pourtant loin des autoroutes du beat et des grands-messes les mains en l’air qu’elles s’avèrent souvent les plus passionnantes. Ce qui ne signifie pas qu’il est impossible de se trémousser en les écoutant.
On en tient un bel exemple avec les productions de la fort douée Romane Santarelli. En les entendant, on a envie de se lancer dans une danse un peu gauche, aux gestes lents et saccadés, comme si leur douce puissance nous absorbait dans une brumeuse faille spatio-temporelle. Il n’est pas interdit de penser aux saillies savantes d’un Rone ou d’un Jon Hopkins, en un peu moins cérébrales et un peu plus jouissives.
Après une première vie sous pseudo Kawrites, la jeune femme de Clermont-Ferrand (plus connue comme terre de rock qu’en foyer techno) ose enfin apparaître à visage découvert sur son EP Quadri. Sa musique qui frissonne et respire à pleins poumons dresse le cap vers des horizons poétiques et futuristes. Au détour de quelques somptueuses cavalcades échevelées (Ariel 2000), on songe à Tangerine Dream de la période Stratosfear (1976), leur meilleure, les synthés poussés à toute berzingue. Egalement capable de produire seule derrière ses machines des live survoltés, comme à Rennes lors de la dernière édition des Bars en Trans, Romane Santarelli abat les frontières entre le club et le salon. Tous ensemble, tous ensemble, ouais ! Patrice Bardot
Quadri EP (disponible en streaming)
La playlist
Rone, Babel
Pour son retour, un des producteurs phares de la scène électronique française a choisi de s’associer avec les danseurs de (La)Horde. Ceci est donc un extrait de la bande-son du spectacle. Comme une grosse montée, mentale, lumineuse. Au bout de la route, les étoiles.
Gorillaz, Désolé feat. Fatoumata Diawara
Encore une petite merveille pop dispensée par le stakhanoviste Damon Albarn en compagnie aujourd’hui de la formidable chanteuse malienne. Pourtant l’influence est autant latine qu’africaine. Le sens de la mélodie ne connaît sûrement pas les continents.
Louis-Jean Cormier, 100 mètres haies
Cavalcade de cordes, déferlement de cuivres, avalanche de percussions. Trop, c’est vraiment trop ? Pas vraiment. La pop luxuriante et assez délirante de ce chanteur québécois, ex-Karkwa, est parfaitement maîtrisée. L’album est du même tonneau. Valable.
Young Guns Silver Fox, Kids
Associé depuis 2015 avec le chanteur Andy Platts, sous le nom de Young Guns Silver Fox, l’Américain Shawn Lee réinvente le son West Coast de la fin des années 70. Extrait de leur troisième album, ce Kids enchantera les fans de Steely Dan et de Fleetwood Mac.
Thousand, Mon dernier voyage
On pense souvent au premier Bashung, celui de Roulette Russe ou Pizza, en écoutant chanter Stéphane Milochevitch alias Thousand. Cet envoûtant voyage est extrait du quatrième album de cette figure de la chanson underground, qui grimpe lentement mais sûrement les échelons.
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