Rien n’aurait pu empêcher Gérald Thomassin d’atteindre des sommets dans le milieu du 7e art… sauf ses démons. L’acteur luttait contre ses addictions à l’alcool et à la drogue. Il avait décroché le César du meilleur espoir masculin en 1991, avant d’être impliqué dans une affaire de meurtre. Depuis fin août, il est porté disparu…
Ce jour noir du 19 décembre 2008, le corps sans vie de la mère de deux enfants, enceinte de cinq mois, est retrouvé dans l’agence postale où elle travaille. Ses mutilations montrent qu’elle a été frappée de 28 coups de couteau, mais l’arme n’est pas retrouvée. Ce terrible meurtre est accompagné du vol d’une liasse de billets de 2000 euros. Peu d’indices sont à la disposition des gendarmes, sauf des traces d’ADN qui sèment le doute. Celles-ci sont relevées sur un sac que le meurtrier a, semble-t-il, touché.
Rapidement, l’acteur césarisé Gérald Thomassin est soupçonné. Son intérêt disproportionné pour ce fait-divers intrigue : lorsqu’il est éméché, il évoque souvent l’assassinat, et est même aperçu en train de se recueillir sur la tombe de la victime à plusieurs reprises. Son attitude met la puce à l’oreille… Toutefois, son ADN ne correspond pas avec celui retrouvé sur les lieux.
Gérald Thomassin, suspecté du meurtre de Catherine Burgod
C’est alors que l’acteur, sur écoute téléphonique, assure à son frère qu’il compte se rendre à la police pour le meurtre de Catherine Burgod.
Véritable confession ? L’acteur était simplement « excédé et probablement ivre » au moment de ses déclarations, assènent ses avocats. En juin 2013, il est interpellé et mis en examen pour « vol avec arme et meurtre sur personne chargée d’une mission de service public« . Pourtant, le comédien clame inlassablement son innocence. Quelques jours plus tard, il est placé en détention provisoire… et n’en sort qu’en juin 2016, puisque la loi française interdit de maintenir un suspect en détention provisoire pendant plus de 3 ans.
Les années suivantes, deux autres suspects sont mis en examen. Parmi eux, un trentenaire dont l’ADN correspond aux traces retrouvées sur les lieux du crime. Inculpé pour « meurtre et braquage« , ce dernier admet s’être rendu à la poste le matin du meurtre et y avoir découvert le corps ensanglanté de Catherine Burgod, avant de prendre la fuite, paniqué, et de voler la liasse de billets de 2000 euros.
Malgré ces faits inculpants, l’acteur Gérald Thomassin reste mis en examen. Le 28 août 2019, il est attendu à une confrontation judiciaire avec les deux autres suspects, mais ne se montre pas au rendez-vous. Depuis, il est porté disparu.
Son frère affirme qu’il était monté dans un train à la gare de Rochefort pour se rendre à la confrontation, à Lyon. Son ami Samuel, qui l’avait accompagné à la gare et est par conséquent le dernier à l’avoir vu, l’a interpellé, dans Sud Ouest : « Tout le monde s’inquiète pour toi. Donne des nouvelles même si tu es ailleurs. Appelle, pour dire qu’il n’y a pas de soucis parce que là je suis vraiment inquiet.«
Gérald Thomassin : un talent immense gâché par la toxicomanie
Ébranlé par une enfance difficile, Gérald Thomassin n’imaginait pas un jour faire carrière dans le 7e art. En 1990, l’acteur est découvert à 16 ans, au cours d’un casting organisé à la DDASS dans le but de dénicher la future tête d’affiche du film Le Petit Criminel, de Jacques Doillon. Rapidement, il est repéré par le réalisateur qui lui offre le rôle grâce auquel il obtient le César du meilleur espoir masculin. S’il continue à côtoyer les plateaux de tournage pendant quelques temps, notamment pour un autre film de Jacques Doillon, Le Premier Venu, Gérald Thomassin lutte constamment contre ses démons, l’alcool et la drogue.
Nicolas Klotz, réalisateur de Paria, dans lequel l’acteur jouait le rôle d’un sans-abri en 2001, explique dans Le Monde, à propos de son protégé : « Gérald est non seulement l’un des acteurs les plus amicaux et disponibles que je connaisse, mais c’est aussi l’un des plus grands du cinéma français, qui ne l’utilise pas assez. (…) Il me fait l’effet d’un gaz rare, qui s’exprime bien à une certaine altitude et qui peut brusquement exploser si on redescend. C’est la même chose sur la distance du tournage: il commence très fort, puis se dissout à mesure que la famille du film s’éparpille, et retombe dans ses problèmes de drogue. C’est très douloureux, et c’est pourtant la vie de Gérald, qui est déjà tellement du cinéma« ,
Alors qu’il ne tourne plus au cinéma, il devient SDF et vit sous une tente dans la rue pendant une courte période, avant d’obtenir un hébergement d’urgence en 2012… et d’être impliqué dans l’affaire du meurtre de Catherine Burgod, l’année suivante.
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