Anne Hidalgo et Rachida Dati : rivales mais pas trop, et si elles avaient un pacte secret…

SAGA – L’une d’elle sera élue maire de Paris lorsque le second tour des municipales aura lieu. Rivales dans les urnes, elles le sont un peu moins dans la vie. Les deux femmes partagent de nombreux points communs et une certaine forme de complicité. Jusqu’à peut-être avoir lié leurs destins.

Anne Hidalgo et Rachida Dati peuvent dire merci à Nathalie Kosciusko-Morizet. Non pas pour un moment de grâce, mais sans le savoir, elle leur a permis de se rapprocher alors que tout les opposait. En 2014, NKM s’est en effet imposée devant Rachida Dati pour être tête de liste UMP à Paris. Une défaite que n’a pas digérée l’ancienne Garde des Sceaux, bien décidée à la faire payer à sa rivale au sein de la droite. Pendant la campagne des municipales, elle n’hésitait pas à décrocher son téléphone pour donner des infos sur NKM à Anne Hidalgo, qui briguait alors son premier mandant à l’Hôtel de ville et n’appréciait pas non plus beaucoup son adversaire.

Née dans une famille qui a donné trois générations d’élus à la nation, NKM représentait tout ce que n’étaient pas Anne Hidalgo et Rachida Dati. « On se rejoint, on n’a hérité de rien toutes les deux » avait ainsi glissé la maire du VIIe arrondissement de Paris lors d’un débat organisé à Sciences Po en 2013. Elles sont toutes les deux issues de la diversité. Anne Hidalgo est née à Cadix en Andalousie, mais elle a grandi dans la banlieue de Lyon, où ses parents sont venus s’installer pour fuir le franquisme. Rachida Dati, fille d’un maçon marocain arrivé en France en 1963 et d’une mère algérienne, a passé son enfance à Châlons-sur-Saône.

Pendant cette même campagne pour les municipales de 2014, Rachida Dati raconte dans Télé Loisirs que sa fille Zohra « a subi un harcèlement d’un petit garçon dans un établissement scolaire et ça s’est fini à l’hôpital » et que « Anne Hidalgo m’a appelée à ce moment-là pour me faire part de sa sympathie… ». Ça ne s’oublie pas, surtout chez Rachida Dati, réputée pour sa mémoire infaillible. Par la suite, elle s’est réjouie de la victoire de la socialiste. Et pas uniquement parce qu’elle avait battu NKM. Aussi pour tout ce que cela signifiait. Elle confie dans Vanity Fair : « J’ai entendu, en 2014, des gens dire : “On va se la faire, la Conchita.” Eh bien, Anne les a tous niqués. C’est une warrior. » De son côté, la maire de Paris affirme : « J’aime la niaque de Rachida ».

Tout au long de leur ascension politique, toutes les deux ont rencontré les mêmes difficultés : le mépris des énarques et le fait d’être une femme. Cette solidarité féminine, elles en discutent lorsqu’elles se croisent sur des événements qui requièrent la présence de la maire de Paris et celle du VIIe arrondissement. Elles s’envoient des SMS aussi. Et parfois, Rachida Dati débarque tard le soir à l’Hôtel de ville. « on les entend parfois rire à tue-tête, dézinguer les “petits cons”, Griveaux et les autres, qui se croient capables de conquérir Paris… » explique une enquête de Vanity Fair.

La conquête de Paris les fait moins rire en ce moment. Si Anne Hidalgo a été agréablement surprise de réunir 29,3% des suffrages, bien mieux que ce qu’annonçaient les sondages, Rachida Dati pensait faire mieux que 22,7%. Mais l’épidémie de coronavirus fausse la lecture des résultats, beaucoup d’électeurs se sont abstenus, préférant rester confinés chez eux plutôt que d’aller glisser leur bulletin dans l’urne. Seule certitude, Agnès Buzyn n’a pas fait le poids face à ses deux rivales.Débarquée dans la campagne presque malgré elle, pour remplacer au pied levé Benjamin Griveaux, elle n’a pas réussi à se faire une place au milieu du tandem. Rachida Dati avait promis de « l’éclater » pendant les débats, elle a réussi. Et quand elle attaque Anne Hidalgo, c’est sur son bilan depuis six ans, jamais rien de personnel comme cela arrive parfois. Tout juste s’est-elle énervée lors du second débat télévisé, lorsqu’elle a remis la maire de Paris en place en lui lançant : « Je ne suis pas votre élève ».

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Certains chez les Républicains pensent que si elles se préservent, c’est parce qu’elles ont passé un pacte secret. Rachida Dati se présente à l’Hôtel de Ville pour mettre hors course le candidat de La République en Marche et installer un duel droite-gauche classique dont Anne Hidalgo ressortirait vainqueur. En échange, la maire de Paris aide Rachida Dati à devenir sénatrice lors des prochaines élections sénatoriales. Ces messieurs n’ont qu’à bien se tenir.

Crédits photos : JP PARIENTE/SIPA/SIPA

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