Son père avait poussé Boris Vian sur les planches du théâtre, pour se produire en chanson. Françoise Canetti, la fille de Jacques Canetti, se souvient du chanteur Boris Vian, qui aurait eu cent ans aujourd’hui. Elle publie un coffret intitulé Boris Vian, 100 ans, 100 chansons.
Car Boris Vian n’était pas qu’un grand auteur, notamment de L’Écume des jours. Il était également un grand chanteur. Pourtant, ses débuts sur scène ont été un peu forcés, se souvient Françoise Canetti, dont le père travaillait comme producteur notamment pour Polydor et Phillips.
Mon père lui avait dit: ‘Puisque personne ne veut chanter vos chansons, Boris, chantez-les vous- même !’ Donc, il a poussé Boris Vian sur la scène du Théâtre des Trois Baudets.Françoise Canetti, fille du producteur de Boris Vianà franceinfo
Boris Vian débute donc sur la scène de ce théâtre de Pigalle en 1954. Mais il n’est pas très à l’aise… « Je me souviens très bien de Boris là-bas. Je me souviens de son visage blême, de cette économie de gestes, de ce personnage qui n’aimait pas être face au public alors que c’était l’être le plus drôle qui soit dans la vie », se souvient Françoise Canetti. « Et au lieu de se défendre contre ça, il va l’utiliser. Il va inventer un style. Et s’il y a bien quelqu’un qui s’est inspiré de lui, c’est Serge Gainsbourg. D’ailleurs, dans le coffret, j’ai un truc introuvable : Je suis snob de Boris Vian, chanté par Serge Gainsbourg« .
« On ignore encore l’étendue du talent de Boris Vian »
Les collaborations de Boris Vian avec des artistes de son époque sont nombreuses, riches… et souvent trop méconnues. « On ignore encore l’étendue du talent de Boris Vian. Par exemple, il était un très grand traducteur. On ignore qu’il a traduit Bertolt Brecht. On ignore à quel point Boris Vian était proche du swing de Henri Salvador, avec lequel il a fait des chansons extraordinaires » rappelle Françoise Canetti.
Avec Henri Salvador, ils ont lancé le rock’n’roll en France. Et ça, on ne le sait pas du tout. Quelques années plus tard, Johnny Hallyday arrive avec des chansons pas du tout parodiques. Et là, ça marche.Françoise Canetti, fille du producteur de Boris Vianà franceinfo
L’une des principales chansons de Boris Vian s’intule Complainte du Progrès, où l’auteur dénonce, déjà, la société de consommation et d’achats effrénés : « Un frigidaire, un joli scooter, un atomixer et du Dunlopillo… Une cuisinière, avec un four en verre, des tas de couverts et des pelles à gâteau »…
« Cette chanson a été lancée au Salon des Arts ménagers en 1955. Boris Vian dénonce, avant tout le monde, ce consumérisme absurde. Il dénonce cette consommation à outrance. Ses chansons rencontrent notre actualité, notre vie d’aujourd’hui. Il avait une longueur d’avance sur nous », conclut Françoise Canetti.
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