Leïla Slimani, une auteure résolue

L’ancienne journaliste a obtenu le Prix Goncourt 2016 avec “Chanson douce”. Un roman aussi sombre qu’addictif. Retour sur la carrière de Leïla Slimani, une femme résolue qui s’intéresse aux maux de la société marocaine, et lutte contre le sexisme et les inégalités.

Son roman Chanson douce en a bouleversé plus d’un avec son récit d’un double meurtre d’enfant par une nounou glaçante. Il relate l’histoire d’une tragédie contemporaine : les difficultés à associer carrière et vie de famille. Un roman sur la conception de l’amour et de l’éducation, la domination et l’argent, les apparences et les préjugés, qui met en avant le style tranchant de Leïla Slimani, comme une poésie noire.

Née le 3 octobre 1981 à Meknès au Maroc, Leïla Slimani est la fille d’un père banquier et une mère médecin. C’est après avoir obtenu son baccalauréat au lycée français Descartes à Rabat qu’elle s’installe à Paris, pour poursuivre des études en classe préparatoire littéraire. 

Journaliste puis écrivaine

Avant de devenir écrivaine, Leïla Slimani s’essaie d’abord au métier de comédienne alors qu’elle participe au cours Florent. « Mais j’étais une comédienne médiocre et le milieu du cinéma ne m’intéressait pas », confie-t-elle à Libération.

Elle décide alors de compléter ses études politiques par une formation aux médias à l’ESCP Europe, où elle rencontre Christophe Barbier, parrain de sa promotion et directeur de la rédaction de l’Express

Si elle débute par un stage à l’Express, elle est ensuite engagée au magazine Jeune Afrique en 2008. Quatre ans plus tard, Leïla Slimani démissionne pour se consacrer à l’écriture.

Son premier roman, « Dans le jardin de l’ogre »

C’est l’affaire DSK qui inspire son premier roman, Dans le jardin de l’ogre (2014), dans lequel on suit la descente aux enfers d’une nymphomane, Adèle. 

« J’étais fascinée, comment pouvait-on mettre ainsi sa vie en péril ? », explique Leïla Slimani à Libération, faisant référence à Dominique Strauss-Kahn. « Mais je trouvais plus intéressant d’étudier cette addiction au sexe du côté d’une femme. J’ai toujours eu envie de parler de la sexualité féminine. Quand on vit dans un pays comme le Maroc, on voit que les interdits pesant sur la sexualité créent un drôle de rapport au corps. Tout se fait en cachette, dans une sorte de malaise ».

Je trouvais plus intéressant d’étudier cette addiction au sexe du côté d’une femme. J’ai toujours eu envie de parler de la sexualité féminine.

Le succès de ce premier ouvrage est tel qu’il est sélectionné dans les cinq finalistes pour le prix de Flore 2014.

« Chanson douce », prix Goncourt 2016

Mais c’est son deuxième roman qui lui offre la reconnaissance du monde littéraire, alors qu’elle obtient le prix Goncourt en 2016 pour Chanson douce. Elle devient alors la douzième femme à remporter ce prix. 

Avec le thème de la maternité au coeur du livre, Chanson douce s’ouvre sur les infanticides de deux enfants par leur nounou, employée par les parents quelques mois plus tôt. Dès le second chapitre, on y découvre alors l’histoire qui a mené à ce drame.

« La grande contrainte de l’écriture de ce livre était la question du quotidien. Je voulais essayer de montrer que l’espace domestique est politique », explique l’auteure à France Culture

Je voulais essayer de montrer que l’espace domestique est politique.

En 2019, le roman de Leïla Slimani se voit par ailleurs adapté en un film éponyme, réalisé par Lucie Borleteau. L’actrice Leïla Bekhti y campe le rôle de la mère, tandis que Karin Viard interprète Louise, la nourrice meurtrière. 

Une trilogie sur l’histoire du Maroc en quête d’indépendance

Le 5 mars 2020, Leïla Slimani revient pour un troisième roman, Le pays des autres, qui signe le début d’une trilogie sur l’histoire du Maroc en quête d’indépendance. Si ce premier opus se déroule entre 1944 et l’été 1955, deux autres ouvrages sont prévus et devraient paraître en 2022 et 2024.

En résumé : Mathilde, une jeune Alsacienne s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, elle quitte son pays pour suivre au Maroc celui qui va devenir son mari. 

On n’a pas mesuré le traumatisme causé par la Seconde Guerre mondiale pour toute une génération de femmes.

« On n’a pas mesuré le traumatisme causé par la Seconde Guerre mondiale pour toute une génération de femmes », déclare l’auteure à Marie Claire. « Ma grand-mère avait 14 ans. Ça lui a pris sa jeunesse. Ensuite, il y a la guerre d’indépendance du Maroc et enfin la dernière guerre : les conflits individuels des femmes pour leur propre survie et leur émancipation ».

Qui est le mari de Leïla Slimani ?

Depuis 2008, Leïla Slimani est mariée à Antoine, un banquier. Ensemble, ils ont eu un fils, Émile, en 2011, puis une petite fille, début 2017.

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