- Une nouvelle salve d’auditions à l’aveugle sera diffusée ce samedi sur TF1, dès 21h05.
- Parmi les talents en lice : Nessa, une gitane originaire de Gironde, interprétera une reprise de « La Grenade ».
- Dans la communauté des gens du voyage, les femmes n’ont pas le droit de chanter en public. Nessa a donc bravé un interdit.
Nessa est gitane. Bien que la musique ait une place primordiale dans la communauté des gens du voyage, le chant en public a toujours été réservé aux hommes. La jeune femme, originaire de Gironde, a donc bravé l’interdit en participant à The Voice. Alors que téléspectateurs et téléspectatrices découvriront son audition à l’aveugle ce samedi soir sur
TF1, 20 Minutes a recueilli la parole de cette candidate déterminée menant un combat pour dire aux femmes que « rien n’est impossible ».
Depuis combien de temps chantez-vous ?
Je chante depuis toute petite parce que le chant a toujours été un moyen d’expression pour moi. Je suis gitane et la chanson m’a beaucoup aidée à m’exprimer sur des sujets tabous.
Pourquoi participez-vous à « The Voice » ?
En fait, je n’en ai jamais eu l’idée parce que c’était un rêve bien trop grand pour la femme gitane que je suis. Dans ma communauté, la musique est réservée aux hommes. C’est à la suite d’une maladie que j’ai pris conscience que je devais vivre la vie de mes rêves. Et c’est cette idée qui m’a même aidée dans ma guérison. Quand l’équipe de The Voice m’a contactée, après avoir visionné une de mes vidéos sur Internet, je n’ai pas hésité.
Avant « The Voice » aviez-vous déjà chanté face à un grand public ?
Une seule fois. C’était en septembre dernier, quand un grand monsieur de la chanson française, Daniel Lévi, m’a invitée en Israël avec lui. Il m’a lui aussi découverte sur mes petites vidéos de chant sur Internet.
Qu’avez-vous ressenti en arrivant sur scène lors des auditions à l’aveugle ?
Une grande liberté et beaucoup de soulagement. Parce que le chemin a été long et difficile. J’ai tout simplement désobéi à une loi : celle de ne pas chanter en public, et quand je suis arrivée sur scène j’étais déchargée de tout ça et je pouvais enfin être moi-même.
Pourquoi avez-vous choisi « La grenade » de Clara Luciani ?
Clara Luciani est une femme féministe avant tout. Je l’admire énormément. Je l’ai choisie pour ses combats, pour son engagement auprès des femmes. Et le choix de la chanson m’a paru si évident ! C’était un coup de cœur.
Vous participez à l’aventure contre l’avis de votre communauté mais vos parents vous soutiennent-ils ?
Ils me soutiennent même si, en réalité, ils se sont retrouvés dans une impasse. Quand je suis tombée malade je leur ai posé un ultimatum : si je me soigne je veux pouvoir chanter en public et en faire mon métier. Ils n’ont pas vraiment eu le choix et à présent ils me soutiennent.
Si la tradition ne vous avait pas empêché de chanter, auriez-vous fait autant de musique aujourd’hui ?
J’ai grandi en chantant. la musique est très présente dans ma communauté. Et le chant est un moyen d’expression que j’ai utilisé toute ma vie, par ce qu’il y a énormément de tabous chez moi. Ça m’a aidée à extérioriser tout ce que j’avais à l’intérieur.
Si je n’avais pas été gitane, je pense que j’aurais chanté quand même.
J’aurais simplement trouvé d’autres thèmes. J’ai tendance à vouloir défendre les injustices, peut-être que j’aurais aussi été féministe (rires)
Pourquoi « The Voice » ? Qu’espérez-vous de votre passage sur l’émission ?
Pour plusieurs raisons : j’espère apporter ma pierre à l’édifice, pour que la femme puisse chanter en tant que professionnelle sans recevoir de pression, sans se soucier du qu’en-dira-t-on. Pour que vraiment il y ait une prise de conscience au niveau de ça et qu’on laisse la femme chanter à la télé, s’exprimer. La deuxième raison, c’est que j’aimerais être repérée par une maison de disques pour pouvoir vivre de ma musique et pouvoir mettre tous ces textes, ces mots que je compose et écrit depuis toujours en chanson. Et puis pourquoi pas profiter de ma notoriété pour fonder une association ?
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