Sexisme, harcèlement, discrimination : Michael Bloomberg rattrapé par ses propos controversés

La démocrate Elizabeth Warren a comparé l’homme politique à Donald Trump lors d’un débat houleux organisé à Las Vegas, le mercredi 19 février. Depuis l’annonce de sa candidature, Michael Bloomberg, accusé de harcèlement et d’avoir tenu des propos sexistes, voit resurgir ses démons du passé.

«J’aimerais parler de la personne contre qui nous nous présentons : un millionnaire qui qualifie des femmes de « grosses poules » et de « lesbiennes à tête de cheval », a débuté Elizabeth Warren. Et non, je ne parle pas de Donald Trump. Je parle du maire Bloomberg.» La sénatrice démocrate a en effet interpellé un autre candidat aux présidentielles américaines, Michael Bloomberg, lors d’un débat houleux à Los Angeles, le mercredi 19 février. Depuis l’annonce de sa candidature aux primaires démocrates, l’ancien maire de New York – de 2002 à 2013 – voit fleurir sur le web des articles sur des propos sexistes qu’il aurait tenus par le passé.

« Quelle bande d’inadaptés »

En témoignent les gros titres de la presse américaine, qui mentionnent l’homme politique de 78 ans. «Des accusations autour de commentaires misogynes et sexistes jettent de l’ombre sur le premier débat de Michael Bloomberg en 2020», écrit ainsi CNN. Le site The Cut recense, quant à lui, «les pires choses que Michael Bloomberg ait jamais dites sur les femmes», d’après une enquête du Washington Post, publiée le samedi 15 février.

Parmi elles : «Si les femmes voulaient être appréciées pour leur intelligence, elles iraient à la bibliothèque et pas à Bloomingdale’s (une chaîne de grands magasins de luxe, NDLR).» Ou encore, à propos de la famille royale britannique – et spécifiquement Charles, Edward, Anne et Andrew : «Quelle bande d’inadaptés – un gay, un architecte, cette lesbienne à tête de cheval, et un gamin qui a laissé tomber Koo Stark (photographe et ancienne compagne du prince Andrew, NDLR) pour une grosse poule.»

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Une ambiance de boys’ club

Fondateur de Bloomberg L.P, une société de services et d’informations financières, le démocrate a également fait l’objet de 40 plaintes pour discrimination et harcèlement de la part de ses employés – l’entreprise compte, en tout, 64 employés. Sekiko Sakai Garrison, qui travaillait comme directrice des ventes au sein du groupe, est l’une des plaignantes. Dans l’une de ses dépositions – elle a porté plainte en 1997 -, elle relate notamment un épisode survenu en 1995. Apprenant qu’elle était enceinte, Michael Bloomberg lui aurait lancé : «Tuez-le !», à propos de son enfant.

Il l’aurait ensuite qualifiée de «Numéro 16», visiblement agacé que quinze autres femmes de la société soient déjà parties en congé maternité. Une conversation à laquelle aurait également assisté David Zielenziger, un ancien employé de Bloomberg. Plus tard, l’ancien maire de New York aurait appelé Sekiko Sakai Garrison pour lui dire qu’il ne lui avait pas demandé de tuer son enfant. L’employée sera renvoyée quelques mois plus tard.

L’homme d’affaires aurait, par ailleurs, entretenu une ambiance de «boys’ club» au sein de la firme. La plaignante fait ainsi référence à d’autres propos tenus par le candidat. «Ton c** semble énorme là-dedans», lui aurait-il un jour lancé au sujet de sa jupe. Lorsqu’un employé annonce qu’il va se marier, l’ancien maire aurait également interpellé ses employées : «Les filles, mettez-vous toutes en ligne pour lui faire une fellation comme cadeau de mariage.» Des propos que le septuagénaire a nié avoir tenus au cours de trois procédures judiciaires.

Me Too et les personnes transgenres

Dans une interview accordée au New York Times, en 2018, l’homme politique mettait également en doute la version de Rose McGowan, qui accuse Harvey Weinstein de viol. «Vous savez, est-ce que c’est vrai ?, avait-il déclaré. On porte notre attention sur les gens qui l’affirment, mais la présomption d’innocence est la base de notre système judiciaire.» Un an plus tard, en mars 2019, Michael Bloomberg a tenu des propos discriminatoires à l’égard des femmes transgenres, comme le montre une vidéo reprise par le site Buzzfeed (depuis supprimée).

Le candidat aurait ainsi éludé une question autour de la mise en place de mesures pour la protection des personnes transsexuelles. «Si le débat, durant une campagne présidentielle, tourne autour d’un type portant une robe, et que l’on se demande si lui, elle, ou « ça » peut aller dans les vestiaires avec sa fille, ça ne marchera pas pour beaucoup de gens», a-t-il ainsi lancé lors d’un forum organisé par l’agence Bermuda Business Development.

Michael Bloomberg s’en défend

Ce à quoi l’équipe de campagne de l’homme politique rétorque : «Mike a conscience que la communauté transgenre a fait l’objet d’attaques durant des décennies», expliquent ses représentants, ajoutant que le candidat se présente pour «vaincre Donald Trump» et voulait «renverser les nombreuses politiques que ce dernier a mises en place pour s’attaquer aux droits de la communauté transgenre».

Sur Twitter, Michael Bloomberg a visiblement réagi à l’enquête publiée par le Washington Post, le samedi 15 février : «Je ne serais pas là où j’en suis sans les femmes talentueuses qui m’entourent, a-t-il écrit. J’ai toujours dépendu de leur leadership, leurs conseils, leurs contributions. Comme je l’ai démontré au cours de ma carrière, je serai toujours un défenseur de la place des femmes dans le monde du travail.» Reste à savoir si ces accusations nuiront à la campagne du démocrate.

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