La revue médicale Prescrire met en garde les consommateurs sur les compléments alimentaires à base de curcuma et vinpocétine. Selon des études, ces derniers pourraient avoir des conséquences graves sur la santé.
Leurs indications contre les maux du siècle comme le stress ou la fatigue séduisent toujours autant les consommateurs et le marché florissant des compléments alimentaires ne connaît pas la crise. Toutefois, plusieurs études démontrent qu’ils ne sont pas toujours si inoffensifs qu’on le pense.
Ainsi, la revue médicale indépendante Prescrire alerte sur la dangerosité de deux d’entre eux : les compléments alimentaires à base de vinpocétine (substance issue de la petite pervenche) et de curcuma. D’après des études, le premier pourrait être à l’origine de malformations congénitales graves, tandis que le second serait soupçonné de provoquer de graves atteintes hépathiques.
Un risque de fausse couche
« Dans des études animales, la vinpocétine a causé des pertes embryonnaires, des faibles poids des fœtus et des malformations congénitales graves, pour des concentrations sanguines du même ordre que celles observées dans l’espèce humaine avec une dose de 10 mg », explique Prescrire. Sous forme de complément alimentaire, elle est notamment plébiscitée pour ses propriétés censées améliorer les performances cognitives, stimuler l’énergie et réduire la graisse corporelle.
Depuis juin 2019, la Food And Drugs Administration – FDA (agence de sécurité sanitaire américaine) met en garde sur les risques qu’elle présente pour les femmes enceintes.
Des atteintes graves des reins
Pour ce qui est du curcuma, souvent consommé par les personnes souffrant de troubles digestifs ou de maladies inflammatoires, la revue médicale indique qu’un rapport d’évaluation publié en octobre 2019 par les centres régionaux de pharmacovigilance italiens faisait état de « 27 cas d’atteintes hépatiques imputées à des compléments alimentaires à base de curcuma, survenus entre novembre 2018 et juin 2019 en Italie ». Cependant, « la cause précise de cette série est restée indéterminée », précise-t-elle.
En Suède et en Norvège, un complément alimentaire à base de curcuma a lui aussi été associé à plusieurs atteintes hépatiques en 2009.
Les compléments alimentaires, à consommer avec précaution
Des études complémentaires sont toutefois nécessaires pour attester de la réelle gravité de ces deux compléments chez certaines personnes.
Des précédents existent : le bêta-carotène peut par exemple devenir toxique sous forme de complément chez les fumeurs. Le ginkgo biloba, connu pour ses vertus sur les capacités cognitives, peut quant à lui se révéler dangereux chez les patients sous anticoagulants. Enfin, un apport excessif de sélénium pourrait augmenter de 25% le risque de cancer cutané ou encore un excès de vitamine E serait susceptible d’élever de 17% le risque de cancer de la prostate, selon l’université du Colorado.
Même si ce ne sont pas des médicaments et qu’une prescription médicale n’est pas nécessaire pour se les procurer, consommer des compléments alimentaires ne doit pas être considéré comme une pratique anodine. En cas de pathologie connue, mieux vaut demander conseil à son médecin traitant ou spécialiste avant d’en acheter. De même, il faut toujours penser à regarder sa composition et éviter de les commander via Internet.
D’après une enquête réalisée par OpinionWay*, 93% des Français reconnaissent les bénéfices des compléments alimentaires pour la santé. En 2019, le marché affichait 1,3% de croissance avec un chiffres d’affaires de 1,9 milliard d’euros. Trois indications se démarquaient des autres : le sommeil/stress, la digestion et la vitalité, qui à elles trois concentraient 51% des ventes en pharmacie, 41% des ventes en GMS, et 35% des ventes en parapharmacie.
* Sondage OpinionWay pour Synadiet – « Les Français et les compléments alimentaires » – 2019.
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