Petite histoire des César, de 1975 à la crise actuelle

Petite histoire des César, grande vitrine du cinéma français, de sa création à la démission de la direction de l’Académie chargée d’organiser la cérémonie annuelle, dont la 45e édition a lieu à Paris le 28 février.

– César rime avec Oscar –
Admirateur des Oscars américains, le producteur Georges Cravenne a créé en 1975 l’Académie des arts et techniques du cinéma afin de récompenser les métiers de la profession. « Oscar, César, cinq lettres qui rimaient à tel point que la naissance du second était devenue évidente », disait-il.

La première cérémonie des César a eu lieu le 3 avril 1976. Cette soirée est le chantier le plus visible de l’Académie: trois heures de spectacle en direct devant plus de 1.700 invités, retransmises en clair et en direct sur Canal+.

Chaque année, plus de 130 artistes et techniciens sont nommés. Les lauréats reçoivent la fameuse statuette en bronze de 3,7 kilos, qui porte le nom de son créateur, l’artiste César. Leur nombre (13 en 1976, 22 en 2020) a évolué au fil des ans, avec la création de nouveaux trophées ou l’abandon de certains.

– Des membres cooptés –
Ce sont les membres de l’Académie qui distinguent par leurs votes les artistes, les techniciens et les films sortis en salles l’année précédente.

La liste de ces 4.700 professionnels du cinéma est confidentielle. Pour en faire partie, il faut avoir au moins deux parrainages et avoir participé à au moins trois longs métrages en cinq ans, ou avoir déjà été nommé ou avoir obtenu un César.

Alain Terzian présidait l’Académie depuis 2003. Des figures comme Jeanne Moreau (1986-1988), Jean-Loup Dabadie (1990-1992) ou Daniel Toscan du Plantier (1992-2003) ont précédemment occupé cette fonction.

– Polémiques et crise –
Les César ont longtemps été critiqués pour l’élitisme de leurs choix et la mise à l’écart de films grand public. En 2009, Dany Boon a failli boycotter la cérémonie, déçu que « Bienvenue chez les Ch’tis », plus gros succès de l’histoire du cinéma français, ne soit nommé qu’une seule fois. En 2018, est créé un « César du public (cette année il récompensera l’un cinq films français ayant fait le plus d’entrées).

Toujours en 2018, un collectif de personnalités du cinéma français, le collectif 50/50 en 2020, lance un site internet pour agir en faveur de la parité. Il publie une étude montrant que sur les 42 éditions des César à ce jour, 81% des nommés étaient des hommes et seules 10% de femmes l’avaient été pour le César de la meilleure réalisation. Une seule a été récompensée, Tonie Marshall en 2000.

Début 2020, des associations féministes accusent le cinéma français de protéger Roman Polanski, accusé de viol, son film « J’accuse » étant en lice pour douze prix. Le cinéaste avait dû renoncer en 2017 sous leur pression à présider les César.

Le 10 février, quelque 400 personnalités du cinéma réclament dans une tribune une « réforme en profondeur » de l’Académie. Trois jours plus tard, la direction des César annonce sa démission collective.

– Des multi-primés et des oubliés –
Champions toutes catégories : « Le Dernier métro » de François Truffaut en 1981 et « Cyrano de Bergerac » de Jean-Paul Rappeneau en 1991 avec dix César chacun. A l’autre extrême, « Camille redouble », de Noémie Lvovsky, a été nommé 13 fois en 2013 et n’a rien gagné. La personnalité la plus récompensée reste Jacques Audiard avec 10 prix, suivi par Roman Polanski avec 8 récompenses, dont 4 du meilleur réalisateur.

Côté actrices et acteurs, Isabelle Adjani et Michel Serrault cumulent respectivement 9 nominations et 5 César et 8 nominations et 3 César. Gérard Depardieu a été nommé à 17 reprises, mais n’a gagné que 2 fois. Guillaume Gallienne est la personnalité la plus titrée en une seule cérémonie (4 en 2014).

L’ensemble des films de François Ozon totalise 52 nominations, dont 16 citations à titre personnel. Mais ni lui ni ses acteurs et actrices n’ont rien gagné. Godard, Rivette, Rohmer et Chabrol, piliers de la Nouvelle vague, n’ont jamais reçu le César du meilleur réalisateur.

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