François Demachy : "Un champ de roses, c’est une sensation olfactive et sensuelle"

Le parfumeur de Dior restitue l’odeur de la rose de mai, à peine cueillie, fraîche et fusante, avec un Miss Dior Rose N’Roses tout indiqué pour la Saint-Valentin.

Enfant de Grasse, François Demachy, le parfumeur-créateur Dior fait revivre ses souvenirs olfactifs dans une version pop et piquante de Miss Dior. Cette fois, il a voulu se concentrer sur les roses Centifolia de l’arrière-pays, de leur odeur enrobée de miel et piquée de poivre qui saturent l’air du mois de mai, au moment de la récolte. Pour lui, cette rose provençale reste la reine de fleurs, à la fois vive et charnelle. Si bien que la maison Dior multiplie, depuis plus de dix ans, les partenariats avec des producteurs grassois et s’engage à perpétuer le savoir-faire et à redynamiser le terroir.

LE FIGARO.- Quelle est l’inspiration de cette version Miss Dior Rose N’Roses ?

François DEMACHY. – J’ai voulu créer non pas une rose mais plutôt l’incarnation d’une brassée florale. J’avais en tête cette impression de nature puissante. Comme lorsque l’on entre dans un champ fleuri. Je voulais être encore plus près de la fleur. Un champ de roses, c’est une sensation à la fois olfactive et sensuelle, surtout au mois de mai. La récolte est très courte, étalée sur vingt jours à peine, le printemps est en train de s’installer, il fait chaud mais il peut encore pleuvoir, on perçoit véritablement la saison qui change… Il y a ce dégradé de couleurs, très beau visuellement, mais aussi le bruit particulier que font les cueilleuses et les cueilleurs, ce petit clac lorsqu’ils coupent la fleur d’un quart de tour. C’est une ambiance unique que j’ai eu envie de retranscrire ici.

Qu’est-ce qui fait la particularité olfactive de cette rose de mai ?

Elle est plus miellée que la rose Damascena ou celle de Turquie avec lesquelles je l’associe afin de démultiplier les sensations. Elle est aussi un peu plus puissante. La rose est un classique qui se marie avec tout, ce qui ouvre une infinité de possibilités pour la façonner. Pour reproduire ce paysage olfactif, tout en gardant le schéma de Miss Dior, j’ai ajouté des notes vertes, végétales. La fleur est soutenue, poussée même, par l’essence de feuilles de géranium dans laquelle on retrouve le même côté incisif. C’est une note citronnée, fraîche, presque «menthée», mentholée.

Miss Dior Rose N’Roses tout indiqué pour la Saint-Valentin.

La maison Dior a un lien très fort avec la rose, puisque vous avez instauré de nombreux partenariats avec des producteurs grassois…

Peu de maisons peuvent se le permettre. Pourtant, il me semble essentiel de sauvegarder non seulement la rose de Grasse mais également de perpétuer le savoir-faire qui lui est lié. Le premier partenariat a été établi en 2006 et nous en avons développé aujourd’hui une dizaine. D’ailleurs, derrière ces cultures, ce sont principalement des productrices, souvent des femmes qui ont changé de vie et ont retrouvé l’agriculture, animée par une véritable passion. Comme Carole Biancalana à la tête du domaine de Manon, situé dans le bas de Grasse, dans le hameau de Plascassier exposé plein sud, ou encore Armelle Janody pour le Clos de Callian. Toutes deux soutenues en exclusivité par un partenariat Dior à qui elles réservent la totalité de leurs récoltes de Centifolia. D’autres domaines sont disséminés un peu partout dans le Var. Par exemple, celui d’Émilie Carlo, qui exploite les anciens champs de roses de la sœur de Christian Dior, Catherine, qui lui inspira le sillage de Miss Dior. Un joli clin d’œil de l’histoire. Notre but : arriver à produire, à terme, toutes les roses dont nous avons besoin pour nos parfums. Mais une fois plantée, la fleur doit être cultivée et soignée pendant trois ans. Cela prend du temps, le temps agricole…

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