Stress, sommeil, digestion… Le nerf vague, un acteur clé du mieux-être

Méconnu du grand public, ce nerf "miracle" est la star montante en matière de bien-être et de santé. Apprenez à le chouchouter pour agir en direct sur le stress, l’inflammation, la digestion, le sommeil et autres maladies auto-immunes.

Nous connaissons toutes « vaguement » ce nerf stratégique, responsable du fameux malaise vagal. Apprivoisé depuis des siècles par les médecines orientales, la première autoroute d’information du corps qu’est le nerf vague (NV) commence tout juste à investir la scène médiatique occidentale, notamment via de nombreux livres parus outre-Atlantique.

Discret mais ô combien influent, l’agent de communication massive œuvre en silence au bon fonctionnement de notre système nerveux autonome. Traduction : il agit de manière décisive sur nos fonctions automatiques d’adaptation.

« Également appelé nerf pneumogastrique, il régule aussi bien le rythme cardiaque, la digestion ou même certaines sécrétions hormonales », décrit le Dr Rania Ouddane. Sommeil, système immunitaire, glycémie, humeur, microbiote, détoxification de l’organisme… Rien n’échappe à ce couteau suisse de la médecine dont l’extraordinaire potentiel truste l’attention des chercheurs.

Le nerf pneumogastrique, voie royale du cerveau aux viscères

Ce nerf crânien part de la tête et pénètre une grande partie de l’organisme, traversant le voile du palais, la gorge, le thorax et les viscères. Il met en réseau le cerveau avec le cœur, fait le lien entre poumons, estomac, foie, rate, intestins. L’agent secret est aussi un agent double puisque nous possédons en réalité deux nerfs vagues ; l’un à droite, l’autre à gauche. Les informations partent du cerveau via l’un et y reviennent par l’autre voie.

« C’est un peu comme un central téléphonique câblé de toutes parts. Notre cerveau régule les fonctions corporelles et les connecte entre elles via la moëlle épinière, les nerfs périphériques et cette super autoroute de communication qu’est le nerf vague (NV) », décrit le Dr Navaz Habib dans le remarquable ouvrage Activez votre nerf vague (Editions Thierry Souccar). Respirer, régénérer, réparer, dupliquer, réguler… « Il œuvre en chef d’orchestre au fonctionnement harmonieux entre près de 60 mille milliards de cellules, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », précise l’expert. Maladie de Crohn, polyarthrite rhumatoïde, épilepsie, dépression…Si la circulation sur ces axes à deux voies dysfonctionne, une cascade de symptômes et pathologies plus ou moins graves peuvent se déclencher ou s’aggraver. 

La délicate harmonisation du système nerveux 

Le système nerveux autonome gère deux branches distinctes et spécifiques.

D’un côté, le système nerveux sympathique nous alerte face aux facteurs de stress internes ou aux dangers externes. Il augmente alors les fréquences cardiaque et respiratoire, diminue l’amplitude de la respiration, dévie le flux sanguin vers les muscles des bras et des jambes et loin du foie et du tube digestif, dilate les pupilles des yeux. L’organisme est ainsi dans l’état dit de « réponse combat ou fuite. »

À l’inverse, le système nerveux parasympathique permet de nous détendre et de récupérer. Il ralentit les fréquences cardiaque et respiratoire, favorise une respiration profonde et ample, dirige le flux sanguin vers nos organes internes, ce qui favorise repos et sommeil. Les injonctions de ces deux systèmes transitent par les deux nerfs vagues.

Le hic : en situation de stress ou d’anxiété chroniques, le système sympathique prend anormalement le dessus, et ce, en continu. Rythme cardiaque accéléré, digestion en berne, émotions négatives… Rien ne va plus.

Comment stimuler le nerf vague ? 

Pour rétablir l’équilibre, il faut faire en sorte que le nerf vague soit stimulé de manière juste : ni trop, ni trop peu.

Des machines électriques – stimulation par électrode- commencent tout juste à être utilisées à cet effet dans certains services hospitaliers. S’il y a fort à parier qu’un jour, on prescrira  » une ordonnance de stimulation nerveuse  » pour retrouver un tonus vagal de qualité – et l’état de relaxation qui va avec, il existe des techniques naturelles à la portée de toutes pour remettre à niveau le système autonome via l’activation adéquate du nerf pneumogastrique. 

  • Augmenter le tonus vagal par la respiration abdominale

Le souffle est la fenêtre sur notre système nerveux autonome. Apprendre à l’apprivoiser est la manière la plus efficace d’influer sur le NV. Aux antipodes d’une respiration rapide et superficielle, signe de stress, la respiration abdominale, lente et profonde émet un signe de détente qui active le nerf vague. Comme les grands sportifs, il s’agit de s’entrainer à conserver un souffle optimal, en contrôlant notre niveau de stress. Un cycle respiratoire lent, calme et confortable améliore la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC).

Ainsi, une étude a prouvé qu’en ralentissant notre rythme à six respirations complètes (inspire-expire) par minutes pendant cinq minutes, on augmente notre VFC de manière immédiate et efficace. S’accorder quelques minutes par jour pour pratiquer cette respiration magique, idéalement par le nez, est un levier majeur pour améliorer le tonus vagal. 

  • Les pouvoirs du grand froid

S’exposer périodiquement au froid est une autre façon efficace de guérir un nerf pneumogastrique dysfonctionnel. Un grand plongeon dans un bassin d’eau glacé ou une séance de cryothérapie activent sur le long terme le système nerveux parasympathique. « La cryothérapie nous oblige en particulier à réguler notre respiration, ce qui stimule positivement le nerf vague et induit une réaction anti inflammatoire sur tout le corps », décrit le Dr. Navaz Habib.

Son conseil : terminer votre douche par un jet d’eau froide à faire couler sur la tête et la nuque pendant une minute – on peut commencer par trente secondes et allonger progressivement la durée, en adoptant simultanément une respiration abdominale profonde.

  • Activer les muscles du pharynx

Chanter ou faire vibrer dans le fond de la gorge certains sons tels que ceux du « ooom » indien ou du « amen » chrétien stimule les muscles du larynx et les cordes vocales, tous deux constituant des fibres motrices du nerf vague. Ces influx vagaux se répercutent ensuite sur le tube digestif et les autres organes viscéraux. Par ailleurs, chanter ces mantras suffisamment longtemps et de manière puissante ralentit le rythme de nos pensées, contrôle le souffle, améliore la digestion et fait baisser les taux d’inflammation.

Autres moyens d’activer les muscles pharyngés : le gargarisme vigoureux, deux fois par jour ou le brossage léger de la langue avec la brosse à dents.

  • Miser sur l’activité physique et les médecines douces

Une activité physique quotidienne qui élève la fréquence cardiaque sur une courte durée améliore l’activité du nerf vague. Pendant la phase de récupération post exercice, les systèmes sympathique et parasympathique sont activés de concert.

Même bénéfice pour l’exposition à la lumière du soleil ou le jeûne intermittent. Toujours d’après le Dr Navaz Habib, une alimentation « verte, propre et maigre » et la prise de compléments alimentaires adaptés à chacune permet d’assurer à nos cellules l’apport de micronutriments – et donc les signaux neurologiques- dont elles ont besoin.

En tête : probiotiques, oméga 3 EPA et DHA, 5-http (ou tryptophane, un précurseur de la sérotonine). En marge de ces actions régulières, il est possible de stimuler le nerf vague grâce à des traitements dits « passifs » comme l’auriculothérapie, les massages thérapeutiques, la réflexologie ou encore la mobilisation viscérale (manipulation par des ostéopathes, naturopathes et autres professionnels de la santé alternative). 

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