Deux Françaises lancent une procédure judiciaire pour réclamer une réévaluation et un retrait de l’implant Essure. Une procédure analogue est en cours depuis plusieurs années aux Etats-Unis. Mais de quoi s’agit-il ? Quelles sont la fiabilité et la sécurité de cette méthode contraceptive ?
En France, elle sont deux à avoir officiellement lancé l’alerte il y a quelques semaines en entamant une procédure judiciaire pour réclamer une réévaluation et un retrait de l’implant contraceptif Essure. Quelques temps après la pose du dispositif médical, ces deux femmes ont en effet constaté d’importants troubles de santé.
Une procédure similaire est en cours depuis plusieurs années aux États-Unis. Alors, faut-il s’inquiéter de cet implant commercialisé depuis 2002 par Bayer et placé sous surveillance renforcé depuis 2015 par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ?
L’implant Essure, une alternative à la ligature des trompes
Essure est un implant souple de 4 cm de long en forme de ressort. Le gynécologue l’introduit par voie naturelle à l’intérieur des trompes, en passant par le vagin et l’utérus. Une fois en place, le dispositif formé d’un alliage de nickel, de chrome, de titane et de polyéthylène induit une réaction inflammatoire des tissus alentours.
Une barrière naturelle aux spermatozoïdes
Au cours des trois mois suivant l’intervention, ils se fibrosent, ce qui crée une barrière naturelle aux spermatozoïdes et empêche ainsi toute possibilité de tomber enceinte.
Rien à voir donc avec les implants contraceptifs hormonaux que l’on glisse sous la peau pour trois ans. La pose d’Essure est une technique de contraception définitive, alternative à la ligature chirurgicale des trompes.
Quels sont les avantages de cet implant ?
Remboursée par la sécurité sociale, elle ne nécessite ni hospitalisation ni anesthésie générale. Et elle ne laisse aucune cicatrice. Comme il s’agit d’un acte irréversible, la loi prévoit un délai de réflexion de quatre mois avant de franchir définitivement le pas. Ensuite, une fois les trompes bouchées, on est protégé à vie de la grossesse. Un rendez-vous de contrôle à 3 mois est réalisé afin de vérifier que c’est effectivement le cas.
« La cible est donc la femme de plus de 40 ans, qui a déjà eu des enfants et est certaine de ne plus jamais en vouloir d’autres », explique le Dr Brigitte Letombe, gynécologue médicale à Lille. Ce dispositif apparemment fiable fait de plus en plus d’adeptes : sur les 30 000 femmes qui optent chaque année pour une stérilisation définitive, 60% d’entre elles ont choisi Essure en 2015, contre 48,5 % en 2009 et 19% en 2006.
Des effets secondaires inattendus
Les études cliniques menées en vu de l’autorisation de mise sur le marché d’Essure avaient conclu que « 97% des femmes traitées pouvaient faire confiance au dispositif ». Mais leur suivi s’était arrêté à deux ans. D’autres études ont été réalisées depuis. Leurs conclusions n’ont toutefois jamais remis en cause le rapport bénéfice/risque de l’implant.
Toutefois, entre 2012 et 2016, 646 signalements d’effets indésirables ont été rapportés à l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). Et quelques 5 000 dossiers similaires ont été transmis à la FDA aux États-Unis.
Nausées, vomissements, vertiges, douleurs
Principaux méfaits constatés : des nausées, des vomissements, des vertiges, des saignements et des douleurs pelviennes, ainsi que quelques rares cas de perforation des trompes ou de l’utérus suite à la migration du ressort en raison d’une mauvaise pose.
Mais les effets secondaires évoqués par les plaignantes françaises sont bien plus graves : une fatigue chronique, des maux de dos insupportables et des douleurs musculaires intenses qui ont fini par empêcher certaines de marcher.
Essure est-il seul en cause ? Difficile pour le moment de le savoir.
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