Ajoutez cet article à vos favoris en cliquant sur ce bouton !
Vous épaulez un proche dépendant et vous êtes épuisée ? Pour ne pas craquer cette année, apprenez à souffler.
« Jusqu’à l’été dernier, je m’occupais seule de mon époux atteint d’Alzheimer. Soins, toilette, habillage, repas, ménage… Je ne sortais que pour faire les courses ! J’ai fini clouée au lit par une crise d’arthrose, et mon mari a été placé en urgence dans le premier établissement disponible », regrette Geneviève, 78 ans. Comme elle, par amour ou par devoir, 8 millions de Français sont aidants familiaux, dont 4,3 millions épaulent un parent ou un conjoint âgé dépendant. « Parmi eux, 20 % sont en burn-out », s’alarme Florence Leduc, de l’Association française des aidants (AFA). Mais comment ne pas dépasser ses limites, tout en continuant à soutenir son proche ?
Je me forme
On peut heureusement apprendre gratuitement partout en France, sur internet et dans de nombreux ateliers d’associations, caisses de retraites ou mutuelles. Sur le web, l’AFA propose par exemple six modules de trente minutes (« Trouver sa place avec les professionnels », « Comment s’y prendre avec son proche pour les gestes de la vie quotidienne »…). La Compagnie des aidants publie des vidéos sur des points concrets (le shampoing, l’habillage, le transfert du lit au fauteuil roulant, la pose de bas de contention, etc.) et France Alzheimer met à disposition un guide avec les spécificités de cette maladie, mais aussi des conseils pour tous les aidants. Vous pouvez vous déplacer ? L’AFA organise chaque année une formation (six modules de trois heures dans 145 lieux en 2019), tout comme France Alzheimer (inscription via votre antenne locale, cinq à six séances avec deux formateurs dont un psychologue).
J’arrête de m’isoler
Avec le temps, nombre d’aidants limitent leurs relations extérieures aux courses et à la télévision. « Ils m’expliquent : ‘Les amis et la famille ne m’appellent plus’, raconte Florence Leduc. Et je leur réponds : ‘Est-ce que vous, vous les appelez, vous les invitez à boire un café, etc. ?’ « Renouez les liens avec vos proches, évoquez avec eux d’autres sujets que ce rôle d’aidant qui vous pèse. Pour parler de ce quotidien, rejoignez plutôt un Café des aidants de l’AFA (210 lieux d’échange mensuels en 2019), ou un Café-mémoire de France Alzheimer (deux à trois heures de discussion animée par des bénévoles et un psychologue). Là, vous pourrez raconter vos difficultés, échanger des astuces, créer de nouveaux liens.
Je me renseigne sur l’accueil de jour
La moitié des personnes dépendantes n’est épaulée que par… un seul aidant. Comment dormir, faire du sport, se soigner, partir en vacances, se faire hospitaliser quand personne ne prend le relais ? « En plaçant, sans culpabiliser, son proche en établissement pour quelques heures (accueil de jour) ou pour quelques jours (accueil temporaire). En établissement, le coût moyen s’affiche autour de 65 euros la journée », détaille Jean-Jacques Olivin, fondateur du Grath. Pensez aussi à l’accueil familial (liste de familles sur famidac.fr) ou, s’il s’agit de souffler quelques heures, aux haltes répit (demi-journées de garde animées par des associations comme La Croix-Rouge) et aux services de répit à domicile (à l’image de repit-bulledair.fr).
Je demande une aide financière
L’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa) se révèle le coup de pouce le plus généreux, mais 20 % des bénéficiaires potentiels ne la demandent pas ! Destinée aux plus de 60 ans dépendants (classés Gir 1 à 4 dans la grille Aggir), elle finance des aides précises, à hauteur variable selon les ressources et l’autonomie (jusqu’à 1 737,14 euros mensuels d’aide en Gir 1, le reste à charge augmentant avec les revenus). Le dossier peut être retiré au Centre local d’information et de coordination (CLIC) ou au Centre communal d’action sociale (CCAS), au Conseil départemental ou adressé par courrier en appelant le département. Votre demande est instruite sous soixante jours, et sous ce délai, une équipe médico-sociale se rend chez vous pour évaluer vos besoins. « Ce jour-là, ne jouez pas les aidants endurcis, ne cachez pas vos difficultés par fierté. On pourra vous attribuer des heures d’accueil temporaire ou d’accueil de jour financées par l’Apa, ou des “gardes” pour vous permettre de sortir », conseille Florence Leduc. Votre proche perçoit déjà l’Apa ? Si son état se dégrade, demandez une réévaluation du plan d’aide au département. Et si vous n’arrivez plus à faire face, sollicitez le bonus annuel de 500 euros au titre du droit au répit des aidants. Destiné à financer un hébergement ou de l’aide en cas d’absence, ce coup de pouce reste hélas trop peu octroyé par les départements. Enfin, si votre proche n’est pas éligible à l’Apa, renseignez-vous auprès de sa caisse de retraite. Pour le régime général, l’aide au bien vieillir chez soi (formulaire sur lassuranceretraite.fr ou au 39 60) prend en charge jusqu’à 90 % d’un plan personnalisé (aidant retraité, vous pouvez d’ailleurs vous-même aussi en bénéficier, par exemple pour une aide ménagère).
Je trouve ma place avec les pros
« Je me sens stressée, agressive, car je n’ai plus une minute à moi », confesse Paule, 68 ans. « Dans votre rôle d’aidant, recentrez-vous sur le plus important : donner de la joie à votre proche. Et acceptez de laisser le reste, dans la mesure du possible – ménage, toilette, transfert du lit au fauteuil… – au moins en partie à des pros », martèle Florence Leduc. Sans oublier de valoriser ce que votre proche peut encore faire, même si cela prend plus de temps.
Je pars en vacances
Partir avec son proche en ne profitant que des bons côtés, pendant que les soins, la toilette… sont pris en charge par des pros ? Idéal pour recharger les batteries. Prenez la direction d’un village Répit Famille (vrf.fr). Si votre proche est classé Gir 1 à 4 et a cotisé à l’Agirc ou l’Arrco, la caisse prendra en charge 75 % à 85 % de la facture (environ 1 300 euros pour une semaine en pension complète à deux). Vous pouvez aussi vous inscrire auprès d’associations ou organismes – plateformes de répit, CCAS, CLIC, Siel Bleu, France Alzheimer, etc. – qui coordonnent des séjours et excursions (15 séjours par an par exemple pour France Alzheimer).
Je préserve ma santé
Perte de poids, fatigue, mal de dos, anxiété, stress, agressivité… Réagissez : être en bonne santé, ce n’est pas seulement ne pas être malade ! Alors bien sûr, il faut manger équilibré, préserver son dos, se ménager des siestes, mais surtout, il faut arrêter de repousser ses propres rendez-vous médicaux et examens. Le chiffre fait peur : un aidant sur trois décède avant le proche qu’il épaule ! Pour vous motiver, vous pouvez participer à des ateliers santé des aidants (organisés par la CNAV, l’AFA, certaines mutuelles, etc.). « Enfin, consacrez tous les jours dix minutes à votre moral : à lire un magazine, jouer du piano, dessiner, boire un café avec une amie, jardiner, prendre un bain, etc. », ajoute Julie Gamelin, de la plateforme Elsaa.
Merci aux experts Florence Leduc, présidente de l’Association française des aidants ; Jean-Jacques Olivin, directeur du Grath (Groupe de réflexion et réseau pour l’accueil temporaire des personnes en situation de handicap); Julie Gamelin, coordonnatrice de la plateforme d’aide au répit ELSAA (Pas-de-Calais).
À lire aussi :
⋙ Le congé « proche aidant », quèsaco ?
⋙ Aidants : les adresses à connaître
⋙ Témoignage : « J’assumerai mon rôle d’aidant jusqu’à la fin »
Nos meilleurs conseils chaque semaine par mail, pendant 2 mois.
En savoir plus
- Des menus simples et délicieux
- Des exercices sportifs ludiques
- Nos astuces pour vous affiner
Source: Lire L’Article Complet