« Je ne suis pas un critiqueur, je suis un faiseur » estime Kyan Khojandi

  • Tous les vendredis, « 20 Minutes » propose à une personnalité de commenter un phénomène de société, dans son rendez-vous « 20 Minutes avec… ».
  • Kyan Khojandi, humoriste et comédien, prête de nouveau sa voix à un documentaire de Damon Gameau, cette fois pour 2040.
  • Conscient des défis à relever pour l’avenir de la planète, il a adopté plusieurs pratiques pour la préserver.

Actuellement en tournée pour le spectacle Une bonne soirée,
Kyan Khojandi​, qui s’est fait connaître du grand public avec sa série Bref, se sert de son humour et des médias, comme YouTube et les réseaux sociaux, pour toucher les gens de manière positive. Un état d’esprit à l’œuvre dans 2040, film de Damon Gameau, qui sortira au cinéma le 26 février.

Dans ce documentaire, auquel Kyan Khojandi prête sa voix, le réalisateur se demande « à quoi ressemblerait le monde en 2040 si les solutions existantes étaient mises en place dès aujourd’hui ? ». Il parcourt ainsi le monde à la recherche de ces solutions. En pleine promotion de 2040 dans un hôtel parisien, l’humoriste et comédien a accepté de nous parler de l’importance de la positivité et de ce qu’il fait pour être heureux.

Après avoir doublé « Sugarland », précédent film de Damon Gameau, vous aviez fait un régime de 20 jours sans sucre. Est-ce que vous avez adopté une des solutions du film « 2040 » comme manger moins de viande par exemple ?

Oui, je mange beaucoup moins de viande, mais ce n’est pas à cause du film, c’est toute une réflexion globale sur l’impact que ça a. De toute façon, je ne suis pas un gros viandard dans l’absolu et là, j’ai réduit mon régime sans viande à cinq jours sur sept. Je joue tous les soirs 1h45 sur scène, je fais du sport, ça n’a pas fait baisser mon énergie. Je ne suis pas une étude scientifique, mais en tout cas, pour moi, ça n’a rien changé à ma vie de ne plus manger de viande.

Le film vous a-t-il fait vous sentir bien ou vous a-t-il accablé personnellement ?

Je trouve qu’il interpelle mais positivement, avec beaucoup d’humour. C’est ça qui est intéressant ! Avec l’humour, déjà le message passe mieux et deuxièmement, il est plus pertinent.

Damon Gameau explique qu’il a voulu réaliser un film positif contrairement aux prévisions presque toutes négatives. En tant que créateur, pensez-vous qu’il est important de se concentrer sur l’aspect positif des choses ?

J’essaie de faire ça tous les soirs en spectacle. C’est-à-dire de réunir les gens autour d’un universalisme, pour montrer qu’on est tous pareils, qu’on a tous les mêmes peurs, les mêmes angoisses, les mêmes décisions à prendre un jour dans notre vie. J’ai l’impression que ça leur fait du bien… Je pense vraiment qu’on peut faire passer un message comme ça, que la positivité est très importante. Dans tout ce que je fais, j’essaye toujours d’avoir une conclusion un peu heureuse.

Quel aspect du monde d’aujourd’hui vous rend optimiste pour 2040 ?

Il y a des gens qui sont experts et qui ont envie de changer les choses, et c’est ce qu’on voit dans ce film. Ça fait du bien de se dire qu’il y a des gens qui veulent changer les choses.

Et pessimiste ?

L’appât du gain. Le goût du « toujours plus » qu’on a tous en nous, qui peut nous nuire, qui peut nuire à la planète aussi, à l’entourage, à l’environnement, à ses choix.

Vous avez fait un sketch sur ce thème et sur l’addiction d’ailleurs. Est-ce que les problèmes de la société sont votre principale source d’inspiration pour vos spectacles ?

Je vis dans cette société, donc je ne fais que m’inspirer de mon environnement, mais je pars souvent de l’intime. Je pars de ce que je ressens moi et ensuite, je l’exprime. C’est facile de juger un gars qui a une addiction à la clope, de dire « Oh t’as vu, il est con » et en fait, de se retrouver plongé soi-même dans une addiction qui détruit sa propre vie sans même s’en rendre compte. Je suis addict, je suis clairement addict à mes réseaux sociaux, à mon téléphone en tout cas.

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Journée promo pour le film 2040. On est claqué.

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Pusique vous essayez de toujours être positif, voyez-vous un bon côté à cette addiction, une manière de faire société avec les réseaux sociaux ?

Le réseau social, ça enlève tous les intermédiaires. Pour un artiste, ça amène une indépendance et on peut créer des réseaux. Comme dans la vie de tous les jours en fait. Récemment, j’ai tenté un truc : j’ai mis des bouquins devant chez moi dans une boîte à chaussures avec l’inscription « Servez-vous ». Les gens prenaient des bouquins et ils en laissaient d’autres, ça a créé des cercles vertueux en fait. Je me suis servi de mes réseaux sociaux pour raconter ça, je véhicule des choses que j’aime. J’ai pu voir que des fois, on me disait que je n’étais pas assez critique. Moi, je m’en fous, je n’ai pas que ça à faire, je préfère encourager les gens à voir des bonnes choses puisque le temps sur Terre est limité. Laissons les critiques aux critiqueurs. Je ne suis pas un critiqueur, je suis un faiseur.

En 2019, vous avez mis votre spectacle « Pulsions » en entier sur YouTube et l’avez adapté en roman graphique. Pourquoi ?

On gagne beaucoup à offrir des choses aux gens… J’ai été submergé de reconnaissance après avoir donné mon spectacle et ça me touche énormément. Ça me donne confiance dans le fait qu’il faut beaucoup donner dans sa vie, et ne pas seulement attendre un retour capitaliste des choses. Après, pour le livre, je voulais quand même qu’on puisse offrir un objet, parce que c’est un peu chiant d’offrir un lien YouTube. Je l’ai sorti en bouquin, parce que c’était une sorte de pari. C’était mon premier livre, je n’avais jamais fait ça. J’aime bien varier, ajouter des cordes à mon arc… J’ai décidé de faire ce bouquin en petit format, un nouveau format du stand-up en livre. Ça n’existait pas vraiment donc je l’ai fait avec un dessinateur et… c’est plutôt cool.

Vous avez lancé une émission sur YouTube au début du mois et êtes actuellement en tournée pour « Une bonne soirée ». Est-ce qu’il y a une différence en termes d’interactions avec le public entre ces deux formats ?

Beaucoup de gens qui ont vu mon spectacle Pulsions sur YouTube sont venus le voir en salle. J’ai eu un vrai sursaut de remplissage de salle depuis que j’ai mis mon spectacle sur YouTube, ça a eu un effet bénéfique. Encore une fois, le fait d’offrir un spectacle, ça a motivé énormément de gens à venir. Après, moi, je vais sur Internet depuis vingt ans donc je vois très très bien la culture Internet, j’ai du recul sur la culture des commentaires… Je ne fais pas ça pour avoir les commentaires les plus stylés de la Terre, je fais ça parce que ça me fait plaisir. C’est ce que je fais depuis dix ans, je vais vers les choses qui me font plaisir. Pour faire Un bon moment, je ne me force pas, ça me fait vraiment rigoler, ça me fait taper des barres avec mes amis. Mes amis et moi, on ne se voit pas beaucoup parce qu’on est tous sur des carrières assez prenantes, et le temps d’un truc où on peut rigoler et le partager avec les gens, pourquoi ne pas le faire ?

Qu’est-ce que vous aimez sur YouTube en tant que spectateur ?

J’adore une chaîne qui s’appelle « Hugo Lisoir », c’est une chaîne d’astronomie où ils parlent beaucoup de l’espace. Ils font des émissions deux fois par semaine et j’adore ça, c’est génial. Ça me fascine, les gens qui font ce genre de choses. Ils sont soutenus par leur communauté, ils sont financés par leur communauté et ils font ça sans aucune garantie de gagner leur vie derrière.

Pour vous, les médias comme YouTube sont donc avant tout vecteurs de valeurs positives ?

Évidemment, c’est même la mission principale d’un média ! Pour moi, c’est ça la définition d’un média. Le cinéma m’a procuré des émotions incroyables et a changé ma vision de la vie. La télévision, ça m’a procuré des choses formidables aussi. Les Inconnus, Les Nuls, Canal+, Nulle part ailleurs ; c’est toute ma culture de l’humour. C’est ça un média pour moi, c’est un truc pour toucher les gens. Le média, c’est le contact, c’est le vecteur avec les gens. Et moi, si j’arrive à toucher les gens, je suis heureux, j’ai l’impression que j’ai réussi ma vie… Et ça peut être avec n’importe quel média : une chanson, un sketch, un truc…

Ou une photo de votre chien sur son compte Instagram ? Vous avez récemment reçu Florence Foresti dans votre émission. Entre son chien et le vôtre, lequel est le plus beau ?​

C’est le mien. Il n’est pas mal le sien, mais c’est le mien.

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