Le 25 octobre dernier, l’enseigne espagnole a annoncé la signature du Fashion Pact qui regroupe 250 marques cherchant à réduire leur impact environnemental. On vous explique.
Le 23 août 2019, naissait sous l’égide de François-Henri Pinault, PDG de Kering, le Fashion Pact, « une coalition mondiale d’entreprises de la mode et du textile prêt-à-porter, sport, lifestyle et luxe) ainsi que de fournisseurs et distributeurs, engagés autour d’un tronc commun de grands objectifs environnementaux centrés sur trois thématiques : l’enrayement du réchauffement climatique, la restauration de la biodiversité et la protection des océans ». Missionné par Emmanuel Macron, le PDG du groupe qui détient Gucci avait présenté aux chefs d’Etats réunis dans le cadre du Sommet du G7 à Biarritz.
Cet automne, ce sont 24 nouvelles entreprises dont Mango qui rejoignent aujourd’hui les rangs de cette alliance unique. Dans un communiqué, Beatriz Bayo, directrice de la RSE chez Mango, déclare : « Le Fashion Pact aiguillera les actions à mener dans les années à venir selon les engagements pris, ce qui nous permettra d’avancer collectivement en faveur du développement durable et dans l’intérêt de l’ensemble de l’industrie ».
Pourquoi le Fashion Pact ?
Auparavant simple murmure, la question de la mode éco-responsable est aujourd’hui sur toutes les lèvres et se pose enfin à voix haute. Et si nombreux sont aujourd’hui les jeunes créateurs à intégrer cette réflexion dans le développement de leurs marques, du côté des griffes déjà installées le problème est plus épineux.
Il est indispensable de réguler cette industrie.
Parce que changer les méthodes de production et de logistique a un coût et que les solutions alternatives aux méthodes déjà en place ne sont pas toujours au point voire inexistante. Aujourd’hui deuxième industrie la plus polluante au monde, car responsable de 35% des rejets de microplastiques dans les océans, de 10 % des émissions de carbone dans le monde, de 22 % des pesticides utilisés et de 20 % des rejets d’eaux usées. La mode n’a plus le choix: pour convaincre un consommateur toujours plus engagé et ne pas se complaire dans du greenwashing, elle doit mettre en place des mesures concrètes.
Déjà, des Fashion Week comme celles de Copenhague réfléchissent à mettre en place des défilés qui ne nuiraient pas à l’environnement. Exemple : pour le défilé du printemps-été 2020, Maria Grazia Chiuri, directrice artistique de la maison Dior, avait fait appel au collectif de design environnemental Colocco pour sa scénographie. Les arbres vus lors du défilé ont été replantés autour de la Capitale.
On pourrait également parler du travail de Marie Claire Daveu, cheffe du développement durable au sein du groupe Kering depuis 2012, qui a mis en place des standards dans le choix des matières premières et dans les filières en laine ou soies durables, permis [l’invention] de techniques de tannage sans métaux lourds, l’ouverture d’un Materials Innovation Lab en Italie pour intégrer plus de textiles durables dans nos collections, les investissements externes et collaborations avec des start-up innovantes…« , comme elle l’expliquait dans une interview accordée à L’Officiel Paris.
Qui en fait partie ?
La mise en place du Fashion Pact n’est donc pas étonnante. En août, H&M, Inditex, Kering, Hermès, mais aussi Nike et adidas faisaient partie des 32 entreprises et 152 marques à s’unir pour limiter l’impact de la filière sur le climat, la biodiversité et les océans via des objectifs fixés à horizon 2030 et 2050. Certains signataires, à ‘linstar de Gucci ont opté pour l’approvisionnement en matières premières durables ou encore pour la compensation d’émissions de carbones.
Depuis trois décennies, les multinationales ont multiplié les engagements volontaires de ce genre sans jamais envisager la refonte d’un modèle dévastateur.
« Le bois recyclé et le papier certifié par le Forest Stewardship Council seront utilisés pour la réalisation du décor et les invitations au défilé. En parallèle, les émissions de voyage des 1 000 invités et 900 travailleurs, y compris les mannequins, le personnel de production, et les employés de Gucci seront neutralisés par la compensation, une pratique qui permet aux entreprises d’équilibrer leur empreinte carbone en investissant ailleurs dans des projets respectueux de l’environnement », déclarait à ce sujet Marco Bizzarri, le PDG de Gucci.
Font désormais partis du projet Auchan Retail, Bally, Calzedonia Group, Celio, Darmartex Group, Decathlon, El Corte Ingles, Eralda, Farfetch, Figaretn Gant, Geox, Groupe Beaumanoir, Groupe Eram, Groupe Etam, GTS Group, Kiabi, Lawyer Fashion Archive, Nana Judy, Paul&Joe, Prmodo, Spartoo – Andree et The Visuality Corporation. « Quand 20-30 % des acteurs sont mobilisés, c’est un point de bascule qui fait que les entreprises restantes n’ont plus d’excuses pour ne pas agir », analysait Baptiste Perrission-Fabert, directeur de cabinet de Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès de la ministre française de l’Ecologie pour Fashion Network.
Cela sera-t-il suffisant ?
Si le projet créé l’engouement, il n’empêche que dans le milieu associatif, comme au sein des ONG, il est perçu comme un coup d’épée dans l’eau. « Depuis trois décennies, les multinationales ont multiplié les engagements volontaires de ce genre sans jamais envisager la refonte d’un modèle dévastateur. Nike a signé le « Fashion Pact« , mais lance un abonnement (…) permettant de recevoir jusqu’à dix paires par an ; H&M réfute le terme même de « fast-fashion » ; Inditex refuse de rendre des comptes aux consommateurs ou à la société civile. Ce pacte peine à convaincre par l’écart entre les déclarations et les actes », souligne le collectif Ethique sur l’Etiquette.
À partir du moment où les CEO mettent leur nom sur ce document, il faudra qu’il y ait effets derrière.
De son côté, Greenpeace n’a pas non plus mâché ses mots : « Il est indispensable de réguler cette industrie. Au lieu de ça, Emmanuel Macron a confié à une trentaine d’acteurs de la mode le soin de se fixer leurs propres normes, créant une situation de conflit d’intérêts évidente. C’est avant tout à l’Etat de réguler ce marché, par la loi ». Marie Claire Daveu, elle, est plus confiante : « Ce qui nous importe, ce ne sont pas les moyens, mais les résultats. À partir du moment où les CEO mettent leur nom sur ce document, il faudra qu’il y ait effets derrière. Car, sur les réseaux sociaux notamment, nous sommes très vite rappelés à l’ordre, avec les dommages que l’on sait sur l’image d’une marque ».
Toutes les marques signataires du Fashion Pact : adidas, Armani Group, Auchan Retail, Bally, Bestseller, Burberry, Calzedonia group, Capri Holdings Limited, Carrefour, Chanel, Celio, Damartex Group, Decathlon, El Corte Ingles, Eralda, Ermenegildo Zegna, Everybody & Everyone, Farfetch, Fashion3, Figaret, Fung Group, Gant, Galeries Lafayettes, Gap Inc., Geox, Groupe Beaumanoir, Groupe Eram, Groupe Etam, GTS Group, H&M Group, Hermes, Inditex, Karl lagerfeld, Kering, Kiabi, La Redoute, Lady Lawyer Fashion Archive,Mango, Matchesfashion.com, Moncler, Nana Judy, Nike, Nordstrom, Paul&Joe, Prada S.p.A., Promod, Puma, PVH Corp., Ralph Lauren, Ruyi, Salvatore Ferragamo, Selfridges Group, Spartoo-Andre, Stella McCartney, Tapestry, The Visuality Corporation.
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