Dans Adoration, un film sur l’amour et la folie, le réalisateur belge Fabrice Du Welz met en scène un brillant duo de comédiens adolescents : Thomas Gioria, révélé dans Jusqu’à la garde et Fantine Harduin, déjà une impressionnante carrière derrière elle. Adoration sort le mercredi 22 janvier 2020.
Paul (Thomas Gioria) vit à la campagne, seul avec sa mère dans une petite maison qui jouxte une clinique psychiatrique où elle travaille comme femme de ménage. La mère est un peu braque, l’adolescent lunaire. Il passe ses journées dans la forêt à observer la nature, à soigner les oiseaux, dont il se fait des amis. La nuit, après avoir fait la lecture à sa mère jusqu’à ce qu’elle s’endorme, il déambule en secret dans les sous-sols, dans les couloirs, dans les greniers de l’institution, où nichent des chouettes, ou bien encore il danse entre les draps des patients, qui sèchent sous les toits.
Paul semble heureux, jusqu’au jour où débarque Gloria (Fantine Harduin), jolie et sauvage adolescente internée à la clinique de force pour troubles mentaux. Paul tombe amoureux. Pour échapper à l’enfermement, Gloria embarque Paul dans sa fuite. Les deux adolescents se lancent alors dans une odyssée amoureuse et sanglante…
Une caméra dans le mouvement
L’amour que ressent Paul pour Gloria est sans arrière-pensée. Un amour adolescent amplifié ici par les circonstances : un rendez-vous entre deux solitudes dans lequel s’invite la folie. Ce road-movie pourrait s’envisager comme une cérémonie d’initiation par laquelle le jeune Paul s’éveille à la sensualité et à l’amour, lui ouvrant les yeux sur les réalités du monde adulte. Mais la folie de Gloria l’emporte ailleurs, bien plus loin.
Avec Adoration, troisième volet de ce qu’il a baptisé sa « trilogie des Ardennes » et qui explore le thème de l’amour, le réalisateur Fabrice Du Welz aborde cette fois le sujet sous l’angle des amours adolescentes. Sans cesse en mouvement, la caméra ne quitte jamais Paul, captant le réel à travers son regard candide d’adolescent.
La caméra saisit également les textures du monde : le ciel, la terre, les corps, les visages, et la lumière. Celle du jour, quasi mystique, filtrée à travers les arbres de la forêt, inonde le personnage de Paul. Celle de la nuit, que le jeune garçon sculpte avec sa lampe de poche. Ou encore l’eau, qui irrigue tout le film, au fil de la rivière, tantôt sombre et inquiétante, tantôt purificatrice ou sensuelle, métaphore du voyage intime de Paul vers un ailleurs, qui l’expulsera, on n’en doute pas, de son état d’enfance.
Un duo de jeunes acteurs dans la lumière
A l’écran, Thomas Gioria, révélé dans Jusqu’à la garde et Fantine Harduin, déjà une impressionnante carrière derrière elle (Les nouvelles aventures d’Aladin, d’Arthur Benzaquen, en 2014, Le voyage de Fanny de Lola Doillon en 2015, Happy End, de Michael Haneke, en 2016).
Les deux très jeunes comédiens incarnent puissamment cet âge qui oscille entre un trop plein de vitalité et une fragilité ici exacerbée par la folie de Gloria. Thomas Gioria est bouleversant de justesse dans le rôle du garçon angélique, sentiments et émotions à fleur de peau, face à la folie du personnage de Gloria, incarné avec maîtrise (mais moins de sensibilité) par Fantine Harduin. Ce film donne aussi à Benoît Poelvoorde un rôle émouvant, celui d’Hinkel, un marginal fracassé par la vie qui tente de sauver Paul de sa folle expédition.
Ce long-métrage, entre thriller et drame psychologique, emprunte des chemins de réalisation singuliers, parfois très réussis, comme les scènes, organiques, caméra en mouvement, capturant Paul dans la nature ou dans ses déambulations nocturnes au début du film. On est moins convaincu par les scènes dramatiques, un peu forcées, entrecoupées d’images au ralenti illustrées par une musique omniprésente.
La fiche
Genre : Thriller, drame
Réalisateur : Fabrice Du Welz
Acteurs : Thomas Gioria, Fantine Harduin, Benoît Poelvoorde
Pays : Belgique, France
Durée : 1h38
Sortie : 22 janvier 2020
Distributeur : The Jokers
Synopsis : Paul, un jeune garçon solitaire, rencontre Gloria, la nouvelle patiente de la clinique psychiatrique où travaille sa mère. Tombé amoureux fou de cette adolescente trouble et solaire, Paul va s’enfuir avec elle, loin du monde des adultes…
Source: Lire L’Article Complet