Plus simple à pratiquer que le jeûne long, la version «intermittente» a le vent en poupe. L’objectif ? Reposer son système digestif, recharger ses batteries, repartir de zéro. Mode d’emploi.
Après l’abondance de fin d’année, l’heure est au «sans». Sans alcool, sans sucre, sans gluten… ou sans repas. Si l’utilité et les bienfaits du jeûne restent contestés au sein de la communauté scientifique, l’ascèse culinaire continue de séduire, avec sa version «intermittente» en particulier. «Cela fait partie de l’arsenal thérapeutique du mode de vie sain, au même titre que l’alimentation et l’activité physique», estime Sarah Merran (1), médecin généraliste spécialisée en médecine nutritionnelle et fonctionnelle. Son intérêt ? Mettre le système digestif au repos, avance la médecin, et «permettre à l’organisme de se « recycler », lui réapprendre à déstocker, ce qu’il ne peut pas faire si on lui donne de la nourriture régulièrement». Selon Sarah Merran, le jeûne intermittent permettrait même aux sportifs de haut niveau d’améliorer leurs performances.
Contrairement au jeûne classique, qui sous-entend au minimum trois jours consécutifs sans ingérer de nourriture solide, l’option intermittente consiste à ne rien manger durant une tranche horaire définie. Moins effrayant, moins contraignant. Il en existe plusieurs variantes : jeûner un jour sur deux, un jour par semaine, le «régime 5:2» (cinq jours d’alimentation équilibrée et deux jours de restriction calorique), ou encore le jeûne «nocturne», soit seize heures sans s’alimenter. Cette dernière alternative est la plus accessible (entre le dîner et le petit déjeuner, nous jeûnons déjà en moyenne de huit à dix heures). Comment s’y prendre ? Mode d’emploi.
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Un jeûne de seize heures
Cette méthode consiste soit à dîner très tôt et à ne plus s’alimenter jusqu’au déjeuner du lendemain, soit à ne pas dîner et à reprendre l’alimentation au petit déjeuner. «Il est important de ne pas le vivre comme une frustration, mais de garder à l’esprit l’objectif bien-être. Mieux vaut éviter de se dire « je saute un repas », mais plutôt le voir comme une mise au repos de son système digestif», souligne le Dr Sarah Merran. Celles et ceux pour qui il est impossible de se passer du repas du soir peuvent dîner très léger et plutôt végétal, en privilégiant les légumes aux fruits, moins caloriques et plus faciles à digérer.
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Si l’on n’ingère rien de solide, il est primordial de s’hydrater en consommant du liquide tout au long du jeûne. Au menu, aucune boisson excitante mais de l’eau, des bouillons, des infusions, «à base de chardon marie pour stimuler son foie par exemple», illustre Sarah Merran. «On peut aussi utiliser le bouillon de cuisson de ses légumes bien lavés et épluchés au préalable. On l’assaisonne d’herbes fraîches aux vertus digestives comme le thym, antiseptiques avec la sauge, ou digestives avec de l’anis», conseille de son côté Éléonore Guérard, spécialiste du jeûne et créatrice des retraites jeûne et détox Sources.
Une à deux fois par semaine
Les contre-indications
Le jeûne intermittent ne peut être pratiqué par :
– les personnes diabétiques ou prenant un traitement contre le diabète
– celles et ceux sous traitement anticoagulant
– les patients épileptiques
– les personnes souffrant de troubles alimentaires ou de troubles psychiques sévères
– les personnes en état d’intense fatigue
Au petit déjeuner, il faudra bien sûr tirer un trait sur les œufs brouillés à la feta et opter à la place pour une infusion, consigne douloureuse pour certain(e)s. D’où l’intérêt de soigner le moment et de le rendre séduisant. «On peut agrémenter l’infusion de fruits pressés (avec des rondelles d’orange), de petits morceaux de curcuma ou de gingembre, de la sauge ou du romarin», mentionne Éléonore Guérard. Cette dernière recommande de sucrer le tout avec du miel ou du sucre de coco, à l’index glycémique très bas. Lors de la reprise de l’alimentation au déjeuner, Sarah Merran recommande d’écouter son corps et ses envies, de manger peu si la sensation de faim n’est pas importante et, bien sûr, d’éviter les menus trop lourds, trop gras.
Quid de la régularité du jeûne intermittent ? On peut le pratiquer une à deux fois par semaine, et s’y adonner le week-end si la mise en pratique semble plus simple. On peut également jeûner après quelques jours d’excès. Si certains paniquent à l’idée de ne pas s’alimenter durant seize heures, la médecin Sarah Merran rassure et rappelle que «le corps a des réserves pour tenir en moyenne 40 jours».
(1) Sarah Merran est la coauteure avec Thierry Thomas de Ma bible du jeûne, le guide complet indispensable pour une pratique sans risque (Éd. Leduc.s) à paraître en février, 456 p., 20 €.
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