La dépression est une maladie reconnue mais son dépistage et sa prise en charge ne sont pas encore totalement au point. Comment la reconnaître ? Comment aider un proche en dépression ? Éléments de réponse avec Clarisse Gervais, psychologue clinicienne et psychanalyste.
La dépression est un trouble mental qui touche plus de 350 millions de personnes chaque année*. Elle est la première cause d’incapacité dans le monde et pour les cas les plus graves, elle peut mener au suicide.
Autre fait important à retenir : ce trouble touche plus largement les femmes que les hommes.
Déprime et dépression : quelles différences ?
Il existe de multiples types de dépression (atypique, psychotique…) qui peuvent aller dans des sens opposés. En effet, une dépression peut montrer un tout autre visage que celui auquel on s’attend : euphorie, irritabilité, troubles du comportement alimentaire… Il est toutefois important de distinguer la dépression du coup de déprime.
Ce qui les différencie est le fait que la dépression ne soit pas directement liée à un événement (perte de travail, deuil…), même si celui-ci peut être le déclencheur d’un mal-être plus profond. Le critère de temps (un deuil qui prend des années par exemple) et la dimension figée de la tristesse sont également révélateurs de la dépression : les choses n’évoluent pas, on se sent enfermé dans un présent permanent.
Les principaux symptômes de la dépression
- Les signes physiques
Une perte ou un gain de poids significatifs, de l’insomnie ou de l’hypersomnie, une baisse de libido ou des douleurs et des plaintes qui ne correspondent pas forcément à une maladie (mal de dos, à la tête…).
- Les signes moteurs
Un ralentissement moteur : tout est plus ralenti, on parle plus lentement, on perd de l’énergie, la fatigue se fait sentir. La concentration est également affectée : prendre une décision devient compliqué, l’imagination s’en ressent.
- L’enfermement dans un présent permanent
Le sentiment de dévalorisation, la culpabilité excessive, les pensées de mort, et surtout le fatalisme sont autant de signes qui peuvent alerter : le dépressif ne cherche pas d’aide car il estime qu’il n’y a pas de solution.
- La perte de l’envie
La personne en dépression ressent de la tristesse bien sûr, mais elle doute aussi sur sa propre valeur, peut être de mauvaise humeur, voit son intérêt ainsi que son plaisir diminuer (exemple : un passionné de lecture qui ne lit plus).
- Des conséquences sur l’entourage
La dépression a de véritables conséquences sur la vie sociale, amoureuse et professionnelle d’une personne. Elle prend le dessus sur ce qui avant construisait sa vie. Il existe un véritable décalage entre ce que l’on faisait avant et ce que l’on est capable de faire pendant la dépression : il est important d’accepter que l’on est malade et qu’on ne peut pas être dans la même performance.
Qui peut être touché par la dépression ?
Tout le monde bien sûr, mais surtout des personnes qui ont une fragilité psychologique. Des personnes qui n’arrivent pas à surmonter certains deuils ou qui viennent de perdre leur travail par exemple.
En somme, la dépression survient lorsque la personne n’a plus la capacité psychique de supporter une situation.
Que faire si l’on pense être en dépression ou qu’un proche est atteint ?
Dans un premier temps, il peut être utile d’alerter le médecin généraliste, qui vous redirigera vers un spécialiste.
Il existe également des groupes de paroles, des associations (Association France-dépression) et des numéros d’urgence (SOS Dépression : 08 92 70 12 38). Une fois la dépression diagnostiquée, la prise de médicaments n’est pas automatique. Généralement, ils ne suffisent pas. L’idéal est d’aller consulter un spécialiste (psychologue, médecin) et de ne pas s’isoler.
L’entourage est très important afin que la personne ne se sente pas seule ou incomprise. Si elle n’en parle pas, la situation reste figée. Il est donc primordial de réintroduire du mouvement en échangeant.
Merci à Clarisse Gervais, psychologue clinicienne, psychanalyste à la Clinique Montévidéo.
*OMS
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