Dans son dernier recueil de nouvelles, l’auteure américaine Joyce Carol Oates livre six histoires subtilement effrayantes dans lesquelles le macabre s’invite dans l’ordinaire avec un naturel désarmant. Des histoires d’horreurs ancrées dans la nature humaine.
Joyce Carol Oates sait ce que le monde a d’effrayant. Elle sait que ce ne sont pas les créatures monstrueuses qu’on voit dans les livres pour enfants et les films de science-fiction qui sont les plus terrifiantes.
Le livre le plus terrifiant de la saison
L’auteure de Blonde le prouve une fois de plus dans Le Maître des poupées, son dernier recueil de six nouvelles paru chez Philippe Rey : le pire, c’est l’homme, et la violence dont il peut faire preuve. Elle s’insère progressivement dans ses récits, au détour d’une phrase équivoque ou d’une atmosphère chaleureuse qui petit à petit s’alourdit. Un jeune garçon qui collectionne des poupées, une élève de lycée chargée de veiller sur la grande maison de sa professeure en son absence, une femme qui doute des intentions de son mari… Progressivement, l’étrange s’invite dans le quotidien, laisse la place au doute, comme une menace latente qui tourne au cauchemar. Joyce Carol Oates explore avec une douceur désarmante ces concours de circonstances qui permettent au macabre de s’insérer dans l’ordinaire. En invitant le lecteur à entrer dans la psychologie de ses personnages, leurs réflexions les plus intimes, leurs peurs et leurs frustrations, elle cible avec précision ces points de bascule qui poussent un être humain lambda au pire. Et l’effet est radical, on prendra autant de plaisir à lire ses histoires que de peur à l’idée qu’elles puissent se réaliser, peut-être même dans notre propre foyer.
Le Maître des poupées de Joyce Carol Oates, éditions Philippe Rey, 336 pages, 22 euros.
Source: Lire L’Article Complet