C’est une affaire qui n’en finit pas de secouer le monde littéraire. Dans son livre « Le Consentement » disponible depuis le 2 janvier, Vanessa Springora raconte l’emprise que Gabriel Matzneff a exercée sur elle quand elle avait 14 ans, et lui 50 ans. Après Bernard Pivot, c’est au tour de Frédéric Beigbeder de réagir à la polémique, lui qui a été juré en 2013 du prix Renaudot.
Au lendemain de la sortie de son livre « Le Consentement » aux éditions Grasset, Vanessa Springora s’est exprimée pour la première fois sur les ondes de France Culture ce vendredi 3 janvier 2020. L’occasion pour elle de donner davantage de détails sur sa relation sous emprise, à 14 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff. « Il y a eu des alertes, mais aucune tentative pour mettre fin à cette histoire », a-t-elle commencé. Et de poursuivre : « J’allais au collège quand on s’est rencontré, puis au lycée. Il venait tous les jours me chercher, mais personne n’a jamais réagi ».
Vanessa Springora a poursuivi l’entretien en révélant ce qu’elle a voulu exprimer avec ce livre. « C’était important pour moi de faire rentrer dans le champ littéraire la voix d’une jeune fille qui avait été victime. C’est une voix qu’on n’entend jamais en littérature (…) J’ai eu beaucoup de difficultés à parvenir à l’écrire (…) Cela fait plusieurs années que j’essaie », a-t-elle dit.
« Ce prix était maladroit »
Depuis l’éclatement de la polémique, des voix se lèvent pour réagir. Ainsi, Bernard Pivot est sorti de son silence, pointé du doigt pour s’être montré très complaisant à l’égard de Gabriel Matzneff lorsqu’il l’avait reçu en 1990 dans son émission « Apostrophes ». Le 2 janvier 2020, Frédéric Beigbeder a réagi à son tour dans un entretien exclusif accordé au Parisien. Dans un premier temps, il a apporté son soutien à Vanessa Springora. « Je suis sans ambiguïté dans le camp de Vanessa Springora. Pas parce que nous avons le même éditeur (NDLR : Olivier Nora), mais parce que je suis bouleversé par son histoire. Elle regrette que ses parents n’aient pas empêché cette relation. Que la police ne s’y soit pas intéressée », a-t-il confié.
En 2013, Frédéric Beigbeder a été juré du Prix Renaudot qui avait consacré l’écrivain. Regrette-t-il d’avoir contribué à lui attribuer ce prix ? « C’est trop facile de refaire l’histoire aujourd’hui. On doit assumer notre choix. Ce livre nous avait paru brillant (…) C’est un écrivain qui a un beau style, classique, limpide. C’est clair qu’il n’aurait jamais eu le prix pour un de ses journaux intimes. On a voulu aussi faire preuve de compassion. Ce n’était en aucun cas la consécration d’un monstre pédophile. Ce prix était maladroit. Mais honnêtement, je trouve ça plus étrange encore qu’il ait reçu l’insigne d’officier des Arts et des Lettres à l’époque où ses livres étaient nettement plus sulfureux », a-t-il répondu à nos confrères. Toutefois, il a confié se sentir « morveux » quant à l’inaction du monde littéraire face à Gabriel Matzneff.
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