Dior, un petit nom pour une grande histoire

Du "New Look" de Christian Dior à la mode engagée de Maria Grazia Chiuri en passant par l’ère Galliano, retour sur l’histoire de Dior.

Le nom de la maison de couture résonne à travers le monde mais connaissez-vous son histoire ?

Monsieur Dior, créateur du « New Look »

Originaire de Basse-Normandie, Christian Dior commence à dessiner dès l’enfance et, allant contre la volonté de ses entrepreneurs de parents qui souhaitaient le voir suivre une carrière plus “respectable”, il commence à travailler pour le créateur Robert Piguet, avant de rejoindre la maison de Lucien Lelong en compagnie d’un certain Pierre Balmain.

Mais c’est seulement en 1946 qu’il est approché par le magnat du textile Marcel Boussac qui lui propose de lancer sa propre marque. L’impact sur la mode parisienne puis internationale sera sans précédent. Véritable pied de nez à la crise économique de l’après-guerre, Christian Dior se lance à corps perdus dans ses premières créations avec une collection intitulée « Corolle », en référence aux pétales de fleurs. Utilisant des mètres et des mètres de tissus précieux pour fabriquer des jupes imposantes, il structure ces étoffes dans des silhouettes corsetées, ultra-féminines qui semblent tout droit sorties d’un autre temps.

La légendaire rédactrice Carmel Snow qualifie alors cette collection de “New Look”, un style auquel toutes les femmes – lassées de l’austérité vestimentaire imposée par la Guerre – succombent immédiatement. Et si elles ne pouvaient alors se l’offrir chez Monsieur Dior, elles se pliaient en quatre pour fabriquer leur propre modèle, quitte à sacrifier leurs rideaux !

Crédit : Roger Wood / Getty

Très vite, les créations de Christian Dior sont apparues dans les films Hollywoodiens, sur des femmes comme Ava Gardner et Olivia de Havilland. Marlène Dietrich, sa voisine Avenue Montaigne, était d’ailleurs présente lors de son premier défilé et devient rapidement une fan inconditionnelle. “Pas de Dior, pas de Dietrich” était l’une de ses déclarations les plus célèbres au sujet de ses costumes de films, comme notamment sur le long-métrage Stage Fright d’Alfred Hitchcock.

Après sa mort en 1957, un jeune inconnu de 21 ans nommé Yves Saint Laurent se voit attribuer les rênes de la maison Dior de façon inattendue. Son arrivée provoquera un certain chaos dans le très conservateur milieu de la couture des années 50, le prodige de la mode n’hésitant pas à intégrer du cuir noir, des inspirations beatnik et urbaines dans les premières collections qu’il imagine. En 1960, il part pour son service militaire, entraînant de façon plus ou moins officielle son départ de la maison Dior.

Des designers iconiques à la tête de la maison

Lui succède Marc Bohan, qui dessinait déjà pour la maison et qui y a progressivement installé une esthétique féminine et chic, séduisant des clientes prestigieuses comme Jacky Kennedy et la Princesse Grace de Monaco. En 1989, Gianfranco Ferre le remplace lançant une ère à la fois discrète et lucrative. Sous son “règne”, la maison oscille entre héritage couture et sensibilités italiennes. 

Tout change finalement avec l’arrivée de John Galliano en 1996. Après avoir fait quelques vagues chez Givenchy, aussi détenu par LVMH, le groupe de luxe a pensé qu’il était prêt à passer aux choses sérieuses. D’une certaine manière, il a littéralement inventé le concept moderne de “fashion show”, les podiums de défilés devenant des scènes de spectacles au final toujours décadentPharaons égyptiens, silhouettes baroques caricaturées, abondance de supermodels plus le show était spectaculaire, plus grimpait le chiffre d’affaires. Malheureusement, toutes les belles fêtes ont une fin et l’ère Galliano s’interrompt abruptement à la suite de propos antisémites tenus dans un bar parisien.

Crédits : Pool BASSIGNAC/BENAINOUS/Getty

Est alors nommé Raf Simons à la direction artistique. Le créateur Belge arrivé à la tête de la maison en 2012 se révèle le parfait antidote à ce coup dur pour le monde de la mode. Au faste de Galliano, il présente une vision minimaliste et structurée de l’héritage de la maison Dior. C’est le début d’une nouvelle ère dans la profession qui commence à s’assagir.  Le renouveau sera finalement de courte durée puisque Simons annonce son départ de la griffe après trois ans de bons et loyaux services pour des “raisons personnelles”.

Une femme chez Dior

Après le départ de Raf Simons, qui pour reprendre Dior ? En 2016, c’est la créatrice italienne Maria Grazia Chiuri, qui partageait autrefois la direction artistique de la maison Valentino qui est nommée. Déjà connue de l’industrie, puisque son travail chez Valentino était régulièrement remarqué, , son arrivée chez Christian Dior fait pourtant des émules. La cause ? C’est une femme ! Elle devient ainsi la première du genre à prendre les commandes d’une maison de mode d’envergure. 

Depuis son arrivée, elle fait de Dior une maison qui porte autant de soin et de minutie à ses pièces qu’à son discours. Citant souvent de nombreuses inspirations féministes, développant un vestiaire contemporain sans jamais le déparer de la féerie qui a fait la renommée de Christian Dior, Marie Grazia Chiuri est une créatrice contemporaine qui n’a pas fini de nous faire rêver, ouvrant la voie à de nombreuses autres créatrices.

 

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