Les acariens, les poils de chat, le lait ou encore le pollen gâchent la vie de millions de gens. Pourtant, il est possible de se débarrasser de ces intolérances très pénibles au quotidien.
Parole d’expert : Dr Catherine Quéquet, allergologue, qui a signé Les Nouvelles Allergies (éd. du Rocher)
« De plus en plus de personnes en développent. C’est lié à notre mode de vie. La pollution, par exemple, enflamme un peu plus les voies respiratoires et modifie la composition des pollens, les rendant plus agressifs. On sait aussi qu’on peut devenir allergique alimentaire à cause de certains cosmétiques qui contiennent des protéines animales ou végétales. »
Éternuements en série, gorge qui démange, rhinite allergique, éruptions cutanées, fatigue… Les personnes allergiques connaissent bien ces symptômes qui perturbent leur quotidien. Pourtant, il est possible de s’en séparer grâce à la désensibilisation spécifique, désormais plus connue sous le nom d’ITA (immunothérapie allergénique). « Elle permet d’induire une tolérance de l’organisme vis-à-vis de l’allergène incriminé », explique le docteur Catherine Quéquet. Concrètement, le patient prend chaque jour une dose d’allergènes pour que le corps s’habitue et stoppe la réaction allergique.
Le saviez-vous ? 50 % de la population sera allergique en 2050 d’après une estimation de l’OMS.
Allergies respiratoires : pollens, acariens
Tout commence par un bilan chez un allergologue qui effectuera des tests cutanés de manière à définir quels sont les allergènes qui font réagir votre corps. Ensuite, le traitement se prend toujours de façon quotidienne et sous la langue à partir de l’âge de 5 ans. Deux formes sont possibles :
Des gouttes aux concentrations progressivement croissantes. Elles devront être gardées au réfrigérateur. Elles sont remboursées à 30 % par la CPAM, le reste est généralement pris en charge par les mutuelles.
Des comprimés dont la concentration est fixe. Le premier sera toujours pris dans le cabinet de l’allergologue. Le traitement est pris en charge à 15 % par la CPAM.
Si les premiers effets se font ressentir au bout de quelques mois, le traitement dure en réalité entre trois et cinq ans. Pour une désensibilisation aux acariens, la prise sera quotidienne toute l’année. Concernant les pollens, la prise débute plusieurs semaines avant la date de floraison et s’arrête avec la disparition des pollens. « Il faut recommencer pendant trois à cinq ans d’affilée et il s’agit de ne pas oublier l’année suivante ! », recommande notre expert.
Allergies alimentaires
Qu’elles soient aux cacahuètes, au lait, au kiwi, à la pomme, aux noisettes, aux crevettes à tout autre aliment, les réactions peuvent aller de picotements ou de démangeaisons dans la bouche et la gorge, jusqu’aux graves réactions anaphylactiques. Bonne nouvelle, une immunothérapie orale est possible là aussi. Si les tests cutanés se font en ville, le test de provocation orale et le suivi de l’immunothérapie se font uniquement à l’hôpital. Une fois le seuil de réactivité établi, le patient devra avaler chaque jour une dose d’un aliment contenant l’allergène, une cuillère de yaourt à la pistache ou du beurre de cacahuète, par exemple. Progressivement, le professionnel augmentera la quantité. « Ensuite, il faudra continuer d’en manger pour entretenir la tolérance à ses aliments », complète le docteur.
Bientôt un vaccin ?
Oublier ses allergies grâce à une injection ? C’est une des solutions à l’étude et la société franco-canadienne Angany vient de lancer en Angleterre le premier test de vaccin sur des humains. Il s’agit pour le moment de remédier à l’allergie aux chats dont la désensibilisation est longue et assez compliquée. Le laboratoire a développé une bio particule à la surface recouverte de milliers de copies de l’allergène majeur du chat, la protéine Fel d1 contenue initialement dans sa salive et mise en cause dans 95 % des réactions. Ce remède aurait la capacité d’encourager la production d’anticorps ce qui permettrait de bloquer les effets négatifs. « On en saura plus dans quelques mois, mais ce principe pourrait être appliqué ensuite à d’autres types d’allergènes », conclut le docteur Catherine Quéquet avec espoir.
Réagir au choc anaphylactique
Aujourd’hui on parle plutôt de réactions que de choc. « Il faut s’inquiéter dès que deux systèmes sont atteints : cardiovasculaire, digestif ou respiratoire », précise le docteur Catherine Quéquet. Il existe quatre stades de gravité : au premier apparaissent une urticaire et un œdème. Au deuxième s’ajoute une gêne respiratoire ou digestive ou cardiovasculaire. Au troisième, des vomissements ou une crise d’asthme, de la tachycardie ou un trouble de la tension. Au quatrième stade, la personne tombe dans le coma et est victime d’un arrêt cardiorespiratoire. « Toute personne qui a déjà subi une réaction anaphylactique doit toujours avoir sur elle un stylo auto-injecteur d’adrénaline pour procéder à une injection dans la cuisse, avant d’appeler le SAMU pour être hospitalisée pendant au moins sept heures en surveillance », insiste Catherine Quéquet.
Jouer pendant le traitement
Parce qu’il n’est pas évident de garder ses gouttes ou son cachet une à deux minutes sous la langue tous les jours pendant trois ans, cinq allergologues ont créé une application spéciale, DRAGO, à télécharger gratuitement sur son téléphone. Elle contient des petits jeux qui permettent de faire passer le temps et de gagner des points pour faire évoluer un dragon virtuel. Il est aussi possible d’y enregistrer l’évolution de ses symptômes.
À lire…
Julie BOUCHER
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